Auteur

Karine Boivin Forcier

Saguenay – Vivre avec une problématique en santé mentale et occuper un emploi régulier, c’est possible. C’est là-dessus que mise le Programme individualisé de placement et de soutien à l’emploi (IPS) offert aux personnes ayant une problématique de santé mentale, mais aussi aux employeurs de la région.

Le service IPS est offert partout au Saguenay–Lac-Saint-Jean par l’Association des ressources alternatives et communautaires en santé mentale Saguenay–Lac-Saint-Jean (ARACSM-02). Il vise à intégrer sur le marché de l’emploi régulier de l’emploi les personnes ayant un problème de santé mentale. « On accompagne la clientèle qui a une problématique en santé mentale dans leur processus de recherche d’emploi. C’est vraiment quelque chose d’individualisé. On va avec les besoins de la personne », explique Manon Belley, coordonnatrice de l’équipe régionale en intégration au travail, en entrevue avec Informe Affaires. Les conseillers offrent aussi à leurs clients du soutien en emploi continu dans le temps et dans la gestion de leurs symptômes.

Si les conseillers sont présents pour les personnes en recherche d’emploi, leur rôle comprend aussi la rencontre d’employeurs de la région afin de cerner leurs besoins, le profil de candidat recherché, les qualifications demandées, les tâches liées à l’emploi, la philosophie de l’entreprise. « Nous, quand on connait bien le milieu de l’employeur, ça nous permet de faire un bon match entre candidat et employeur. […] On veut que l’employeur trouve le candidat idéal et que l’employé trouve l’emploi idéal », précise Mme Belley.

Des travailleurs qualifiés

La coordonnatrice du programme IPS rappelle que les personnes vivant avec des problématiques de santé mentale ont souvent des symptômes au niveau des émotions ou du comportement (par exemple : anxiété, difficulté à se concentrer ou somnolence accrue le matin en raison des médicaments, etc.), mais que leur quotient intellectuel est intact. « Il y a beaucoup d’incompréhension. Souvent les gens mélangent déficience et maladie mentale », indique-t-elle.

D’ailleurs, 48 % des clients suivis par les conseillers en intégration au travail possèdent un diplôme supérieur au diplôme d’études secondaires, que ce soient des études professionnelles, collégiales ou universitaires. Ils possèdent des compétences dans des domaines aussi divers que la restauration, les transports, le génie informatique, la construction, les assurances ou les services aux personnes. Plus de 67 % des personnes suivies occupent un emploi à temps plein et 40 % sont en emploi depuis plus d’un an.

Karine Gagnon, d’Usinage Excel, qui a engagé une personne vivant avec une problématique de santé mentale, affirme qu’il n’y a eu « aucune différence dans le processus d’embauche ». « [Nous] sommes conscients, en tant qu’employeur, que ce sont des employés qui vont être en mesure d’offrir le même niveau de rendement que tout autre employé », affirme-t-elle.

Des services aux employeurs

Si les conseillers du programme IPS peuvent offrir du support à l’employeur lorsque leur client décide de divulguer sa problématique, un employeur pourrait aussi les contacter s’il s’aperçoit qu’un de ses employés éprouve certaines difficultés. Manon Belley rappelle qu’une personne sur cinq fera face à une problématique de santé mentale au cours de sa vie. « On peut démystifier la maladie mentale, expliquer [aux employeurs] comment intervenir avec [ces personnes]. Ils peuvent nous appeler s’ils ont des questions. […] C’est vraiment de l’individuel. L’employeur qui a un besoin X peut nous faire une demande », mentionne-t-elle.

Karine Gagnon considère qu’en tant qu’employeur, la disponibilité du conseiller en emploi IPS est rassurante, puisque l’entreprise peut se référer à cette ressource spécialisée si elle traverse une période plus difficile avec son employé. « Nous considérons que le fait que la personne soit suivie par une conseillère IPS pourrait même éviter des absences et congés de maladie, car l’agent agit en prévention. Ils sont à l’écoute de nos observations et nous suggèrent des façons de faire avec l’employé qui peuvent le rassurer dans l’exercice de ses fonctions », note-t-elle.

Les employeurs peuvent aussi contacter les conseillers en intégration au travail lorsqu’ils ont des besoins de main-d’œuvre. L’équipe régionale pourrait ainsi référer des candidats qui correspondent aux besoins.

Intégration

Pour aider une personne vivant des problématiques de santé mentale à s’intégrer dans son nouvel emploi, Manon Belley suggère aux employeurs de prendre du temps avec le nouvel employé pour lui présenter ses collègues, lui faire découvrir le milieu de travail, etc. « Même avant le premier jour de travail, ça peut être facilitant », affirme-t-elle.

La coordonnatrice insiste aussi sur l’importance de s’assurer que la personne se sent bien et connaît les particularités du milieu. « Un nouvel emploi, pour tout le monde, c’est une adaptation, des nouveaux défis. […] Avoir une description de tâche bien définie, vérifier avec la personne si tout est correct, si elle est confortable… Lui donner une personne de référence à qui se référer, laisser la place à la discussion, […] faire un suivi avec la personne… C’est facilitant », conclut-elle.

Des conseils qu’Usinage Excel a mis de l’avant. « Avant le début de l’emploi, nous avons pris un moment auprès de l’équipe afin de faciliter le plus possible l’intégration de la personne [et] s’assurer qu’elle serait bien accueillie et qu’elle se sentirait à l’aise. Nous savons en tant qu’employeur que nous ne risquons pas plus de rencontrer de difficulté avec lui qu’avec n’importe lequel de nos employés. Personne n’est à l’abri de vivre au cours de sa vie une période difficile », rappelle Karine Gagnon.

Inf : http://www.aracsm02.ca/services

Commentaires