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INFORME AFFAIRES, Le MENSUEL économique d’ici • OCTOBRE 2017 •  5 714D09-17 HUMEUR D’ÉDITEUR L’électoralisme de Bill Morneau J’ai assisté, le 23 septembre dernier, à Fredericton, à une allocution sur les nouvelles mesures fiscales que le gouvernement Trudeau envisage d’imposer d’ici quelques semaines, aux travailleurs autonomes et proprié- taires de PME du Canada. Présenté par le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, devant les congres- sistes de la Chambre de commerce du Canada, ce discours faisait partie d’une tournée, dite de consultations, sur les changements proposés par Ottawa. La démonstration, qui a été suivie par une période de questions, s’est terminée sur des applaudissements, tout au plus polis, de la part du parterre de quelque 400 participants présents. D’ailleurs, toutes les questions posées au ministre dénotaient un désaccord profond des in- tervenants envers la réforme proposée. Et ça se comprend! Ces changements sont perçus par la majorité des gens d’affaires et commentateurs écono- miques comme une attaque en règle du gouvernement, contre la communauté des petites et moyennes entreprises ca- nadiennes. Soyons clair, l’exercice de Bill Morneau s’apparente bien davantage à une pré- sentation qu’à une consultation. Je suis convaincu que l’idée du ministre des Finances est faite. Il a choisi l’électora- lisme, le populisme et la voie de la fa- cilité, au détriment d’une véritable re- cherche d’équité fiscale. De surcroit, ses arguments font, encore une fois, mal paraître les entrepreneurs en suggérant que ceux-ci profitent de- puis trop longtemps d’avantages fiscaux indus, par rapport aux contribuables de la classe moyenne. C’est peut-être vrai pour certains travailleurs autonomes, no- tamment dans le secteur de la santé. Personne ne niera qu’un médecin béné- ficie d’un statut professionnel et d’une rémunération bien plus importante et stable qu’un entrepreneur qui doit vivre avec la compétition, les incertitudes éco- nomiques et les contraintes administra- tives de toutes sortes. Bill Morneau de- vrait aussi jeter un coup d’œil du côté des grandes entreprises - dont les Netflix de ce monde - qui bénéficient d’avan- tages nettement inéquitables, en compa- raisons de nos PME. N’oubliez-pas, M. Morneau, que ce sont les petits entrepreneurs qui créent quatre-vingt pour cent des emplois et l’activité économique dans notre pays. Ils font de longues heures de travail, vivent des situations de stress intenses et prennent d’importants risques financiers qui peuvent éventuellement mettre en péril leur avenir et celui de leur famille. Dans ce contexte, les « avantages » fis- caux dont ils bénéficient sont une mince compensation en regard des risques en- courus pour créer de la richesse et rame- ner des impôts à Ottawa. M. Morneau, ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain! Et faites bien attention de ne pas décou- rager l’entrepreneuriat chez nos jeunes. Il ne faut pas désintéresser cette relève, si difficile à dénicher, et qui est suscep- tible de remplacer nos gens d’affaires à la barre des PME du Canada. M. Morneau, je vous invite à aller refaire vos devoirs. par Guy Bouchard guybouchard@informeaffaires.com

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