Journal Mai 2022

Pa g e 4 6 | MA I 2 0 2 2 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – L’équilibre entre le travail et la famille est un des enjeux de l’heure et nombre d’employeurs mettent en place des mesures pour faciliter la vie des mères qu’ils emploient. Mais qu’arrive-t-il lorsque la maman est à la tête de l’entreprise? Quels sont les défis de la conciliation travail-famille lorsqu’on est une mère en affaires? Deux entrepreneures se prononcent. Sophie Tremblay a lancé les Coffrets du Royaume il y a sept ans avec son conjoint Guillaume Gosselin. Famille recomposée, leurs enfants, aujourd’hui âgés de 12, 13, 14 et 17 ans, étaient à l’époque assez jeunes. La première année, la maman conjuguait un emploi avec l’entreprise, à laquelle elle s’est entièrement consacrée par la suite. «Au départ, notre commerce était implanté à la maison. C’était plus facile pour la conciliation. Nous avons souvent impliqué les enfants, par exemple pour l’emballage ou l’étiquetage, mais nous ne les avons jamais obligés. Ça nous permettait de passer du temps ensemble même en travaillant », raconte Mme Tremblay. Véronique Perron a, pour sa part, repris l’entreprise familiale J.E. Perron avec trois autres actionnaires de la famille en 2017. La femme d’affaires, mère de quatre enfants âgés de 10 à 14 ans, occupe aujourd’hui le poste de présidente. « J’ai intégré J.E. Perron d’abord comme salariée. J’ai commencé ma vie de femme d’affaires vraiment en 2017. J’ai travaillé fort avant, mais quand j’ai eu mes enfants, mon père était encore présent dans l’entreprise et mon frère s’est joint à nous. Je me sentais bien supportée », explique-t-elle. Des défis Mener le développement d’une entreprise de front avec celui d’une famille présente de nombreux défis. «Les obligations sont différentes de celles d’un salarié. Il faut donner l’exemple. Je ne peux pas dire aux gens d’aller à l’extérieur pendant que je reste toujours au bureau, parce que ça fait partie du travail aussi. Quand on possède notre propre compagnie, on ne compte pas nos heures. Il y a des activités le soir, les fins de semaine, différentes implications dans des événements et activités. On peut recevoir des téléphones à n’importe quelle heure », illustre Véronique Perron. Sophie Tremblay abonde en ce sens. «On ne décroche pas. C’est comme si on avait plusieurs quarts de travail. Ça n’arrête pas. Mais quand tu es entrepreneure, ça ne te dérange pas. » Mme Perron considère que le plus difficile pour elle, ce sont les absences prolongées, inévitables dans son domaine. « Les enfants s’ennuient. Parfois, il y a des reproches qui viennent avec ça et ils savent peser là où ça fait mal. Il faut faire la part des choses. Il faut s’assumer là-dedans aussi. Ce n’est pas parce que je suis une maman que c’est différent d’un papa. Quand je suis là, j’essaie d’être plus présente pour eux», estime-t-elle. Soutien familial Les deux femmes d’affaires sont unanimes : pour y arriver, le soutien de l’autre parent et de la famille est essentiel. «Mon conjoint est entrepreneur aussi, donc il comprend bien ma réalité. Nous nous entraidons le plus possible », indique Mme Tremblay. Le conjoint de Véronique Perron, qui occupait un emploi demandant de partir à l’extérieur la semaine, a fait le choix de changer d’occupation afin d’être plus présent. «Ça prend beaucoup d’organisation. Au départ, je conciliais bien travail-famille, même quand il n’était pas là. Par la suite, nous avons dû prendre d’autres décisions. Souvent, nos “rush” tombaient en même temps. Quand les enfants étaient malades, j’avais quand même des tâches à compléter. Il a choisi un emploi plus facile pour la conciliation travail-famille, parce que j’avais des obligations que je ne pouvais pas mettre de côté. C’est un choix familial et un travail d’équipe à la maison. » Le soutien de sa famille est aussi important pour Mme Perron. «J’avais beaucoup de support de mes parents. […] Mon frère et ma sœur, actionnaires avec moi, ont des enfants aussi. Ils me donnent vraiment un coup de main et je leur rends la pareille. Nous nous entraidons, ça donne une chance! » Des conseils? Si Véronique Perron a un conseil à donner aux mères qui souhaitent se lancer en affaires, c’est de ne pas se sentir coupable. «Parfois, on dirait que les gens veulent nous culpabiliser parce que nous sommes des femmes et qu’ils ont l’impression que nous ne nous occupons pas bien de nos enfants en ayant de plus grosses responsabilités. Moi, je ne suis pas Mères en affaires : concilier travail et famille Véronique Perron et son conjoint Jean-François Martin (à droite) et leurs enfants : de gauche à droite : Liliane (12 ans), Jérôme (14 ans), Alexis (12 ans) et Raphaëlle (10 ans). Photo : Courtoisie/Pigment B) ENTREPRENEURIAT par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com

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