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INFORME AFFAIRES, Le MENSUEL économique d’ici • MARS 2018 •  17 MONTRÉAL – Le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) a pris le virage 4.0 avant même que l’ex- pression ne soit consacrée et in- nove encore en implantant la pre- mière usine CP Factory au Canada, un investissement de 1,2 M$. Cette reproduction miniature d’une usine automatisée permettra de former et d’outiller les entreprises par rapport aux concepts de cette nouvelle révo- lution industrielle. L’usine CP Factory du CRIQ, fabriquée par la compagnie Festo, est également la seule de cette envergure et complexi- té en Amérique du Nord. « L’autre est située dans une université américaine et n’est pas ouverte aux entreprises. Le CRIQ innove dans sa façon d’appro- cher le modèle d’affaires en offrant des services directs aux entreprises. En Eu- rope, c’est utilisé plutôt dans le domaine académique », explique le directeur Équipements industriels et productivité du centre de recherche, François Gin- gras. La plate-forme comporte trois stations et représente véritablement la chaîne de production d’une usine automati- sée qui intègre les nouvelles technolo- gies de fabrication et les systèmes de production connectés. « C’est quelque chose de physique qui amène les entre- preneurs à vivre l’expérience de toucher les concepts du 4.0 directement », af- firme-t-il. Meilleure compréhension L’équipe est actuellement en train de créer les formations d’initiation à l’in- dustrie 4.0 qui seront offertes aux en- treprises dans ce laboratoire 100 % intelligent. « Notre mission est d’ac- compagner et d’aider les entreprises à intégrer les technologies récentes. C’est un outil important pour jouer ce rôle », souligne M. Gingras. Les chefs d’entreprises manufacturières pourront notamment obtenir une meil- leure compréhension des concepts et de voir à échelle réduite des exemples de projets 4.0 et leurs effets dans leurs installations s’ils les implémentent. « Pour commencer, on y va avec des scé- narios plus standards, mais éventuelle- ment, on aimerait aller jusqu’à permettre à des entreprises qui ont des projets précis de les simuler sur la plate-forme », mentionne le directeur, précisant que ce service serait plutôt développé dans une deuxième phase. Parmi les thèmes de formation à venir, on trouve entre autres la traçabilité et l’identification de produits, la mainte- nance intelligente, la collaboration hu- main-robot, l’intégration de systèmes intelligents, la gestion de données et l’exploitation des données. Un virage à prendre Au Québec, l’industrie en est encore beaucoup au 3.0, selon François Gin- gras. « Je dirais que les entreprises qui ont pris le virage, c’est en bas de 5 % », estime-t-il. C’est que les concepts et leurs avantages sont souvent intangible pour les gens d’affaires. « La particula- rité de cette quatrième révolution indus- trielle, c’est qu’elle n’est pas associée à une seule technologie. […] Il s’agit de faire interagir les technologies entre elles », explique M. Gingras. L’interconnexion des équipements entre eux, avec les logiciels, avec ceux des clients et des fournisseurs génère une quantité massive de données. « On va utiliser les systèmes intelligents pour faire parler ces données-là. […] Il y a des algorithmes capables de traiter et croi- ser des données spécifiques en temps réel », précise le directeur Équipements industriels et productivité du CRIQ. Cette façon de faire apporte plusieurs avantages, notamment une plus grande agilité et flexibilité manufacturière, une meilleure qualité des produits, un contrôle supérieur et l’optimisation des ressources. L’humain conservera sa place, mais travaillera plutôt à partir des données grâce à divers moyens tech- nologiques. « La prise de décision est facilitée. Elle peut se baser sur des faits plutôt que sur l’intuition », conclut M. Gingras. Inf. : https://www.criq.qc.ca/ fr/offre-de-service/producti- vite/2014-10-25-19-57-12/indus- trie-4-0.html temps, ces renseignements peuvent vous aider à réduire, voire à éliminer, les retours par les clients causés par des produits non conformes aux spé- cifications. Innovez davantage 13 % des adopteurs de technologies 4.0 ont indiqué avoir amélioré leur capacité à innover grâce à celles-ci. Bien que ce résultat soit faible, c’est bien souvent en innovant davantage que votre entreprise pourra générer le plus de va- leur. De nouveaux modèles d’affaires, rendus possibles grâce aux produits in- telligents et aux nouvelles technologies de pointe, comme l’impression 3D, com- mencent à peine à émerger. Nous nous attendons à ce qu’ils stimulent l’innova- tion à une échelle monumentale au cours des cinq à 10 prochaines années. Gagnez un avantage concurrentiel Selon M. Abdulmughnee, les technolo- gies numériques peuvent procurer un avantage sur les marchés concurren- tiels et avoir une nette incidence sur la croissance. En effet, selon le sondage de BDC, les entreprises qui ont adopté les technologies numériques sont, par rapport à celles qui ne l’ont pas fait, presque deux fois plus susceptibles de prévoir une croissance annuelle de leurs revenus de 10 % ou plus au cours des trois prochaines années. M. Abdulmughnee donne l’exemple d’une entreprise de transformation d’aliments qui a rendu ses systèmes ac- cessibles à une multinationale du com- merce de détail. Cette dernière peut ainsi passer des commandes à partir d’une plateforme sécurisée et choisir l’entrepôt où elle souhaite s’approvi- sionner. Le service de logistique envoie ensuite le produit, puis facture le client. Le processus en entier est automatisé, ce qui réduit les formalités administra- tives, améliore les délais d’exécution et optimise la satisfaction client. «Les technologies sont un outil qui fournit un avantage concurrentiel aux entrepreneurs, explique Rayhan Abdul- mughnee. En s’en servant pour offrir de meilleurs services, les entreprises sont en mesure d’être plus concurrentielles sur leur marché.» Transformez votre entreprise Selon M. Abdulmughnee, il est impor- tant de ne pas perdre de vue ces avan- tages, car l’intégration des technolo- gies numériques dans votre entreprise peut exiger du temps et des efforts. Cela peut cependant être très payant pour les entreprises qui utilisent les données pour prendre des décisions stratégiques. «Au début, les entrepreneurs sont sou- vent submergés par toutes les données qu’ils obtiennent et ne savent pas trop par où commencer.» M. Abdulmughnee conseille aux pro- priétaires d’entreprise de définir d’abord les données qu’ils ont besoin de recueillir, puis la fréquence à la- quelle elles doivent être examinées. «L’information hors contexte est inutile, souligne-t-il. Mais apprenez comment l’analyser adéquatement et vous pour- rez l’utiliser pour prendre la bonne dé- cision.» «Si vous n’avez pas les bonnes infor- mations, vous vous fierez à votre intui- tion pour prendre des décisions. Cela n’est pas toujours la meilleure façon de procéder.» Le CRIQ innove au Canada avec sa mini-usine 4.0 La plate-forme CP Factory comporte trois stations et représente véritablement la chaîne de production d’une usine automatisée qui intègre les nouvelles technologies de fabrication et les systèmes de production connectés. (Photo: courtoisie) Les chefs d’entreprises manufacturières pourront notamment obtenir une meilleure compréhension des concepts et de voir à échelle réduite des exemples de projets 4.0 et leurs effets dans leurs installations s’ils les implémentent. (Photo: courtoisie) par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com

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