Journal Mars 2021

Pa g e 4 | MA R S 2 0 2 1 I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – Saguenay, à titre de cité du 21 e siècle, semble pour le moment, incapable d’asseoir son rôle de leader régional, de planifi- cateur principal, de mobilisateur, de visionnaire et de stratège de l’économie de son vaste territoire de rayonnement, aux dires de Marc-Urbain Proulx, professeur et responsable du Centre de recherche sur le développement territorial à l’UQAC. «Ça veut dire que Saguenay n’a pas été capable d’assumer le leadership que l’on attendait d’elle, notamment parce que c’est trop compliqué, trop complexe à cause de la présence des cinq catégories d’acteurs économi- ques (grandes entreprises, services publics non municipaux, pouvoirs péri- phériques, directions des ministères, société civile organisée) qui ne dépendent pas de la grande ville. Il y a plus de chefs que de soldats. Ces joueurs vont venir s’asseoir autour d’une même table s’ils sont mobilisés et on n’est pas capable de le faire, du moins depuis la fusion. C’est même moi qui l’ai fait le plus avec Vision 2025 quand j’ai rempli l’amphithéâtre de l’UQAC trois fois par année de 2005 à 2007. Ces forums n’étaient toutefois pas décisionnels pour transformer les constats en stratégies ou en actions», explique M. Proulx. Sherbrooke, un modèle à suivre L’enseignant donne l’exemple de la ville de Sherbrooke où une table de concertation existe depuis vingt ans et réunit mensuellement les déci- deurs des principaux secteurs d’acti- vité. « Il y a une belle concertation et une bonne réflexion stratégique. Il y a aussi plusieurs MRC rurales qui ont une table multisectorielle. À Saguenay, ce n’est pas parce qu’on est mal intentionné ou parce qu’on manque d’expertise, et on en a beau- coup dans tous les secteurs, c’est parce qu’on n’est pas ensemble. On défend nos intérêts corporatifs, sans vision globale de ce que l’on veut faire avec cette nouvelle ville créée déjà depuis 20 ans. Il y a beaucoup d’intelligence individuelle dans notre milieu, mais c’est de l’intelligence col- lective qui nous manque », soutien Marc-Urbain Proulx. Pistes de solution? Le professeur de l’UQAC croit que Saguenay devrait adapter le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) mis en place à Montréal en 2011 et à Québec l’année suivante. «Cette formule-là, qui regroupe les élus, les différents ministères et les principaux joueurs locaux du développement, pourrait être intéressante pour Saguenay et même dépasser la grande ville pour englober les municipalités de la MRC du Fjord et même le Lac-Saint-Jean. L’idée est de coordonner une vision globale et une capacité de coordina- tion des différents acteurs. » Pour M. Proulx, il y a trois grands axes qui lui apparaissent importants pour une telle planification globale, soit la périphérie nordique, l’énergie renouvelable et le tertiaire supérieur. L’enseignant déplore également que Saguenay n’ait pas encore de straté- gie pour se positionner par rapport au développement du Nord. « Pourtant, nous sommes la capitale du Nord et il y a des investissements réguliers dans ce secteur. Par exem- ple, on ne construit plus de villes dans le Nord, les donneurs d’ouvrage optent plutôt pour des camps de tra- vailleurs. Comment se fait-il que les avions pour voyager ces travailleurs sont affrétés à Québec et à Montréal et pas ici, à Saguenay ?» Énergie renouvelable Du côté de l’énergie renouvelable, Marc-Urbain Proulx rappelle qu’il y a des réservoirs d’énergie hydroélectri- que et un important potentiel éolien et de biomasse au Nord. «La bio- masse forestière tirée de la forêt boréale avec les technologies qui pro- gressent va être phénoménale d’ici quelques années. Pourquoi pas créer quelque chose de fort avec cela, un vrai levier de développement auto- nome? Il faut que ça soit un tentacule indépendant (comme Hydro-Québec) sur lequel les élus ont une autorité. Saguenay créerait une société publi- que de l’énergie renouvelable. Ça existe déjà dans la région avec la Société de l’Énergie communautaire du Lac-Saint-Jean, qui exploite notamment la centrale Val-Jalbert et la 11 e Chute. Et, pourquoi pas, on pour- rait même s’associer avec eux…» Le tertiaire supérieur Quant au troisième axe, relatif au tertiaire supérieur, qui représente 16 % de l’emploi au Saguenay, il devient de plus en plus un moteur de l’économie. « Les technologies de l’information et des communications, le génie-conseil, la recherche dans les cégeps et à l’UQAC, l’enseignement supérieur, la culture, etc., on appelle cela, en théorie, la classe créatrice. Ils font des projets et des développe- ments. Et on devrait se préoccuper particulièrement de ce secteur-là qui est assez présent ici à Saguenay. Il faudrait les mettre ensemble, voir s’il y en a d’autres à attirer, s’occuper de leurs besoins de main-d’œuvre, de formation, etc. Il faut dire toutefois qu’on s’en préoccupe plus depuis l’arrivée d’Ubisoft », de conclure le professeur, qui aimerait bien voir la création d’une commission de la plani- fication territoriale de Saguenay qui permettrait d’avoir une vision et une coordination de l’aménagement, la gestion et l’économie. (Voir autre texte page 5) Selon Marc-Urbain Proulx « Saguenay doit assumer le leadership régional » MUNICIPAL par Dominique Savard dsavard@informeaffaires.com Marc-Urbain Proulx, professeur au département des Sciences Économiques et Administratives et responsable du Centre de recherche sur le développement territorial à l’UQAC. (Photo : Archives) ormance Perf Années de servic Retraite SOLUTIONS À L PROGRAMME DE RECONNA pour récompenser votre p ’UNITÉ e ISSANCE ersonnel info@promographe.com OMOGRAPHE PR 1001361

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