Informe Affaires juin 2018

INFORME AFFAIRES, Le MENSUEL économique d’ici • JUIN 2018 •  35 SAGUENAY – La Coopérative Le- blanchignon, jeune entreprise sague- néenne, commercialise cet été ses kits de champignons prêts-à-pousser. Ceux-ci sont déjà disponibles dans quelques centres jardins de la région et dans deux autres commerces à Québec, a dévoilé à Informe Affaires le président et fondateur de la coopé- rative, Jérémy Leblanc. Actuellement à sa deuxième année d’opération, la Coopérative Leblanchi- gnon a investi 40 000 $ dans son dé- veloppement depuis ses débuts, no- tamment pour l’implantation de son laboratoire-incubateur du centre-ville de Chicoutimi. « Nous sommes une entre- prise qui recycle beaucoup. On produit à faible coût. […] C’est toute notre exper- tise développée dans les dernières an- nées qui nous a permis de développer l’équipement adapté », affirme M. Le- blanc, qui travaille dans l’entreprise avec son frère. Si les frères Leblanc ont d’abord débuté par la vente de bûches ensemencées, ils se concentrent maintenant sur leurs kits prêts-à-pousser. « Ils poussent en moins de 15 jours, tant sur le comptoir de la cui- sine que dans le jardin. On peut partir de ce kit et les propager au jardin », souligne Jérémy Leblanc, qui affirme que leur pro- duit est très polyvalent et convient aussi aux débutant. Le substrat sur lequel est implanté le my- célium est composé notamment de marc de café et de drêches de bières collec- tées dans des cafés et microbrasseries de la région, de même que de bran de scie, ce qui fait des semences vendues par Leblanchignon des produits écolo- giques. Ce substrat est ensuite ense- mencé de mycellium. « Le champignon, pour pousser, a seulement besoin d’eau et de substrat », résume M. Leblanc. L’entreprise offre actuellement la pleu- rote blanche, la pleurote bleue et le shii- take, mais souhaite élargir sa gamme de produit pour toucher jusqu’à 20 espèces de champignons gourmets ou médici- naux. Vers le marché québécois La jeune coopérative ne vise pas seule- ment le marché du Saguenay–Lac-Saint- Jean, mais voudrait distribuer son produit à l’échelle de la province. Elle aimerait également toucher toutes les branches de la production de champignons, en ajoutant les champignons frais à son offre. « On voudrait créer une coopéra- tive d’achat de champignons frais. Nous vendrions les semences aux agriculteurs avec une formation, pour qu’ils puissent ensuite être autonomes. Ils pourraient nous les revendre ou en autocueillette », indique Jérémy Leblanc, qui précise que le réseau bâti par Leblanchignon lui per- mettrait d’effectuer la vente aux restaura- teurs ou distributeurs par la suite. Selon le président de la coopérative, quelques agriculteurs de la région se sont montrés intéressés par le projet. Au moment de l’entrevue, il ne restait qu’à attendre un temps un peu plus chaud pour ensemencer des champs. M. Le- blanc assure que les champignons sont une option intéressante pour les champs inutilisés par les agriculteurs, puisque « pour 1 kg de substrat, on produit plus ou moins 1 kg de champignon » et que les champignons poussent environ cinq à six fois dans l’été. Inf. : https://fr-ca.facebook.com/Le- blanchignon/ Agroalimentaire La Coopérative Leblanchignon : des champignons prêts à pousser Jérémy Leblanc et son frère Alexandre sont les fondateurs de la Coopérative Leblanchignon, qui s’est donné comme mission de démystifier la mycologie. (Photo Karine Boivin Forcier) À titre de propriétaire de la firme de recherche régionale Groupe Performance Stratégique j’ai, à l’occasion, l’oppor- tunité de choisir les thèmes sur lesquels m’amènent mes ré- flexions et préoccupations. Dans le cas de cette chronique je vous propose un résumé d’une importante enquête régio- nale que j’ai mené et qui a été dévoilé au cours des derniers jours. Elle porte sur l’impact qu’aura la migration de notre économie vers de l’industrie 4.0, auprès de la main-d’œuvre du Saguenay–Lac-Saint-Jean. En voici quelques éléments. (Vous trouverez l’étude complète dans la médiathèque du portail de nouvelles InformeAffaires.com) Mentionnons tout d’abord que je me suis inspiré de l’approche développée par les chercheurs britanniques Fray et Osborne de l’université d’Oxford, Les données démontrent que d’ici 2035, 64 156 emplois, sur les 119 985 que comptent les 498 professions analysées dans l’étude, seront directement touchés ou disparaîtront par l’effet de l’automatisation de la production. Il s’agit d’un taux de 53,5 %, qui est légèrement supérieur à celui attendu pour tout le Québec, à 51,1 %. Toutefois, dans les faits, trois éléments majeurs se combine- ront pour faire que la disparition complète des emplois se fera graduellement (Jusqu’à 2035) et, dans plusieurs cas, ne se réalisera pas complètement à cause, dans un premier temps, du cadre institutionnel et réglementaire à ajuster (Refonte des lois, de la fiscalité et des assurances) deuxièmement, des li- mites de l’acceptabilité sociale (Avoir une application qui pilote un avion, se faire répondre par une voix de synthèse à la place d’une personne). Troisièmement, à cause des coûts d’acqui- sition des nouvelles technologies (Les entrepreneurs doivent s’assurer d’amortir et de payer les équipements actuels). Migration de 18 000 postes au SLSJ Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les postes qui disparaitront réellement d’ici 2035 (15 % des postes actuels), se chiffrent à environ 18 000, soit quelque 1 000 par année. Ce chiffre représente 20 % des 4 750 postes à pourvoir annuellement dans la région pour la même période. (Taux établi sur la base des départs à la retraite et sur la création d’emplois, liée à la croissance économique). Ainsi, en termes de chiffre absolu, les personnes « libérées » par l’automatisation technologique seront entièrement réabsorbées par le marché du travail ré- gional et contribueront à éliminer une partie de la pression d’un marché de l’emploi de plus en plus tendu. Les hommes davantage affectées L’étude a révélé un important phénomène de polarisation des impacts : Il y aura, en même temps, plus d’emplois peu affectés et fortement affectés, alors qu’il y aura moins d’emplois moyen- nement affectés. De plus, les travailleurs masculins seront plus fortement touchés par l’automatisation que les postes féminins. Un autre élément révélé par l’étude de GPS est que les emplois plus susceptibles d’être affectés par l’automatisation ont systé- matiquement des revenus plus faibles que la moyenne. L’automatisation tech- nologique suscitera donc des impacts régionaux impor- tants auxquels les acteurs éco- nomiques devront s’adapter. La durée et la performance de cette adaptation dépendra de plu- sieurs facteurs : l’investissement technologique par les entreprises, un niveau de formation plus avancé pour les travailleurs touchés et des politiques vigoureuses d’ac- compagnement des institutions publiques. S’il n’y a pas une concordance élevée entre les actions des différents acteurs économiques, la proportion d’emplois qui seront perdus en lien avec l’introduction de l’automatisation technologique, sera plus élevée. Encore beaucoup d’inconnues Pour les citoyens du Saguenay-Lac-Saint-Jean, plusieurs questions d’importance demeurent : est-ce que la nouvelle richesse créée par l’automatisation sera de plus en plus concentrée entre les mains de quelques personnes ou se- ra-t-elle répartie plus largement? Les nouveaux emplois liés aux technologies se localiseront-ils dans les grandes métro- poles ou pourront-ils aussi être créés en nombre suffisant dans les régions moins centrales ? Comment accompagne- rons-nous réellement les travailleurs moins formés et ceux « libérés » par l’automatisation vers les nouveaux emplois plus technologiques ? Autant de questions qui alimenteront les débats autour de l’évolution du travail et de l’emploi ré- gional. Roger Boivin est issu d’une famille d’entrepreneurs établie à La Baie depuis sept générations. Sa carrière de plus de trente ans en développement économique l’a amené à oeuvrer aux niveaux municipal, régional, québécois et cana- dien. Depuis 10 ans, il est président du Groupe Performance Stratégique, une firme spécialisée en développement économique, communications et conseils stratégiques. À ce titre, il a été au cœur de la stratégie «ON Y VA» des tra- vailleurs d’ALCAN ayant conduit à l’établissement au Saguenay de l’usine AP-60, il a contribué significativement à la stratégie ayant conduit au redémarrage de la papeterie de Dolbeau-Mistassini et a recruté la compagnie Américaine Century Aluminium qui a récemment étudié le projet d’implanter une aluminerie dans la MRC Maria-Chapdelaine. L’impact régionaL de L’industrie 4.0 : 18 000 postes en jeu! par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com

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