Journal Août 2021

Pa g e 3 4 | AOÛ T 2 0 2 1 I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – L’industrie de la transformation laitière est aux pri- ses avec des défis grandissants, notamment en lien avec la pénurie de main-d’œuvre et l’impact des différents accords commerciaux internationaux mis en œuvre au cours des cinq dernières années. La situation incite ce secteur à trou- ver des façons de se repositionner. L’industrie de la transformation lai- tière ne fait pas exception à la pénu- rie de main-d’œuvre. Début juillet, Alain Chalifoux, président du conseil d’administration de l’Institut de tech- nologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), affirmait qu’il manque 1000 fromagers dans la province. Luc Boivin, directeur général de la Fromagerie Boivin, indique quant à lui avoir notamment de la difficulté à recruter des manœuvres en produc- tion et des opérateurs dans des horaires atypiques. « Avec les mesu- res mises en place pendant la pandé- mie, comme la PCU, ça amplifie encore le problème. Le manque de ressources humaines limite beaucoup les projets. C’est un frein majeur pour la croissance des entreprises », précise-t-il. L’homme d’affaires baieriverain ajoute que les programmes gouver- nementaux pour le recrutement de travailleurs immigrants sont presque inaccessibles pour son secteur d’acti- vités. Le processus entraîne aussi des délais très longs, d’une quinzaine de mois au minimum. « Planifier mes besoins de main-d’œuvre 15 mois à Transformation laitière : des défis majeurs à relever Il manquerait 1000 fromagers au Québec, selon le président du conseil d’administration de l’ITAQ, Alain Chalifoux. (Photo: Shutterstock) AGROALIMENTAIRE par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com Roger Boivin est issu d’une famille d’entrepreneurs établie à La Baie depuis sept générations. Sa carrière de plus de trente ans en développement économique l’a amené à oeuvrer aux niveaux municipal, régional, québécois et canadien. Depuis 10 ans, il est président du Groupe Performance Stratégique, une firme spécialisée en développement économique, communications et conseils stratégiques. À ce titre, il a été au coeur de la stratégie «ON Y VA» des travailleurs d’ALCAN ayant conduit à l’établissement au Saguenay de l’usine AP-60, il a contribué significativement à la stratégie ayant conduit au redémarrage de la papeterie de Dolbeau-Mistassini et a recruté la compagnie Américaine Century Aluminium qui a récemment étudié le projet d’implanter une aluminerie dans la MRC Maria-Chapdelaine. ÉLECTIONS FÉDÉRALES 2021 DES ENJEUX POUR L’ÉCONOMIE RÉGIONALE Durant la campagne électorale fédérale qui s’amorce, plusieurs enjeux majeurs pour l’économie du Saguenay- Lac-St-Jean devront être abordés. En voici quelques-uns. L’AVENIR DU CENTRE FISCAL DE JONQUIÈRE Tous les partis politiques du Québec s’entendent pour qu’Ottawa transfère au gouvernement du Québec la perception de l’impôt fédéral au Québec. Les gouvernements épargne- raient ainsi plusieurs centaines de millions par an. Le hic, c’est qu’actuellement plus de 800 personnes travaillent à temps plein, et 600 sur une base temporaire, au Centre des données fiscales fédéral de Jonquière. Au départ, tous les partis politiques fédéraux, sauf les Libéraux, appuyaient le principe d’une déclaration d’impôt unique au Québec. Au fils du temps, le NPD s’est lui aussi déclaré contre le transfert. À l’aube de la campagne électorale, seul les Conservateurs et le Bloc demeurent favorables au transfert. Advenant la réalisation de la déclaration d’impôt unique, deux approches sont possibles : maintenir chez nous l’équivalent des centaines de postes en jeu, en transférant ici une partie des 425 000 autres fonctionnaires fédéraux ou s’assurer que Revenu Québec maintienne à Jonquière l’équi- valent des postes actuels de Revenu Canada. Les éventuelles négociations de transfert vers Revenu Québec devront donc inclure ce genre d’engagements, sinon la région en fera gravement les frais. CONSTRUIRE DES BRISE-GLACES POUR LA SÉCURITÉ ET POUR CRÉER DES EMPLOIS ICI Une partie importante de l’économie de la région repose sur le transport maritime via le Saguenay et le St-Laurent. Ces dernières années, Rio Tinto Alcan a cependant subi plusieurs épisodes de fermeture hivernale de la voie maritime du Saguenay, en raison des bris qui ont mis les brise-glaces hors d’état de fonctionner. La construction, dans les meilleurs délais, d’une flotte moderne et efficace de brise-glaces est donc une priorité qui doit être confirmée par tous les partis politiques. Pour ce faire, le gouvernement du Canada se doit d’enfin inclure le chantier maritime Davie de Lévis (qui repré- sente 70 % de la capacité de construction navale du Canada), dans sa « Stratégie Nationale de Construction Navale » de 75 milliards de $. Rappelons que le chantier naval de Lévis compte 897 fournisseurs répartis partout au Québec, dont un bon nombre au Saguenay-Lac-St-Jean. CONTRIBUER SÉRIEUSEMENT À LA MAXIMISATION DE LA FILIÈRE FORESTIÈRE RÉGIONALE La filière forestière régionale a perdu près de 40 % de ses emplois depuis 1995. Au Québec c’est encore 60 000 emplois et 20 milliards de ventes pour l’année 2020. Pourtant, le total des aides annuelles du gouvernement fédéral en support à cette industrie ne totalise que 75 millions (dont 75 % en prêts…). C’est largement insuffisant. Le fédéral doit contribuer sérieusement à la relance de notre filière forestière : aide à la diversification des marchés, aide à l’émergence de nouveaux produits (biocarburants entre autres), modifier le code national du bâtiment (pour maximiser l’utilisation chez nous de nos produits de bois transformés), etc. Le potentiel est immense : près de 2000 nouveaux emplois pourraient être crées au Saguenay-Lac-St-Jean d’ici 10 ans, si on maximisait la transformation de notre ressource. CONNAÎTRE LE POSITIONNEMENT DE CHAQUE PARTI SUR LES ENJEUX RÉGIONAUX Plusieurs autres enjeux majeurs, touchant l’avenir du Saguenay-Lac-St-Jean, relèvent de décisions prises à Ottawa : - Pêches et Océans Canada imposera-t-il ou non un moratoire sur tout accroissement du trafic maritime sur le Saguenay, menaçant ainsi directement plusieurs projets de Rio Tinto, Ariane, Black Rock, voire la reprise des croisières inter- nationales en 2022? - La mise en œuvre des mesures de protection du caribou forestier se poursuivra-t-elle dans sa forme actuelle, menaçant jusqu’à 30 % des volumes de coupes forestières régionales? - Quel avion de remplacement des CF-18 sera finalement retenu? Rappelons que dans le cas du « favori », le F-35, le gouvernement américain limite très sévèrement son entretien hors États-Unis, menaçant directement le cœur des emplois de la base militaire de Bagotville. - Le projet de chemin de fer entre Dolbeau-Mistassini et Baie- Comeau devrait-il être appuyé par le gouvernement fédéral? Rappelons que la réalisation de ce projet constitue une très grave menace pour la concrétisation au Saguenay-Lac-St- Jean de plusieurs projets majeurs. Comme on le constate, ce ne sont pas les dossiers qui man- quent. Espérons que la campagne électorale nous permettra de mieux connaître le positionnement de chaque parti avant le vote du 20 septembre, une bonne partie de l’avenir de notre région en dépend.

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