Journal avril 2020

P a g e 1 2 | AVR I L 2 0 2 0 I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I N.D.L.R. Résumé de l’allocution de Luc Simard, préfet de la MRC de Maria- Chapdelaine et président du Regroupement des communautés forestières, de la Fédération québé- coise des municipalités (FQM) Pour Luc Simard, le président du Regroupement des communautés forestières (RCF) de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) beaucoup d’éléments devraient être réévalués dans le fonctionnement du régime fores- tier actuel pour assurer l’avenir et la pérennité des communautés qui en vivent. «Quand l’industrie souf- fre et c’est ce qui arrive en ce moment, l’impact se fait sentir directement sur les petites com- munautés», lance-t-il pour débuter son allocution. Il cite les enjeux liés au fonctionnement du Bureau de la mise en marché du bois qui doit être revu, ainsi que toute la question de la gestion de l’habitat du caribou forestier, qui fera l’objet pro- chainement d’une méta-analyse par le ministère de la Forêt de la Faune et des Parcs du gouvernement du Québec (MFFP). Le préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine rappelle égale- ment que les MRC doivent aussi ren- dre des comptes à la population en regard de la gestion et du potentiel de la forêt de proximité. D’ailleurs, il considère que les gestion- naires de la forêt devraient impliquer davantage les utilisateurs et parties prenantes du milieu dans les déci- sions. Il donne l’exemple de sa région et du succès de la Corporation de l’Activité Pêche Lac-Saint-Jean (CLAP), où les utilisateurs du plan d’eau et de ses tributaires, se sont concertés et collaborent avec le MFFP pour gérer avec succès les ressources halieutiques de ce milieu unique et fragile. Par ailleurs, sur la question des garanties d’approvision- nement (GA), l’homme considère que ceux-ci devraient venir avec l’obliga- tion d’investir dans la recherche et l’innovation. Luc Simard insiste aussi pour souli- gner que les mécanismes de la con- certation et l’harmonisation des besoins des utilisateurs de la forêt par les tables de Gestion intégrée des ressources et du territoire (GIRT) manquent de souplesse. « La gestion des fonctionnaires du MFFP est tout sauf souple. Ils sont trop rigides. Il n’y a notamment aucune ouverture sur la gestion des chemins multi-ressour- ces, qui servent l’ensemble des utili- sateurs de la forêt. On constate aussi un délaissement de la voirie forestière par le ministère des Transports du Québec (MTQ). Il n’y a d’ailleurs aucune coordination entre le MFFP et le MTQ pour les chemins forestier. » Beaucoup d’éléments devraient être réévalués Luc Simard.(Photo : Coutroisie) Régime forestier Résumé de l’allocution de M. Luc Bouthillier, professeur titulaire du Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval. QUÉBEC – Pour Luc Bouthillier, il y a aujourd’hui un changement de paradigme dans l’industrie fores- tière alors que ce sont maintenant les humains qui sont au cœur du régime plutôt que les entreprises. Le chercheur établit la longue his- toire de l’exploitation de la forêt au Québec dans une approche en en quatre temps : Pour et par l’industrie (1849-1968); Pour l’industrie et par l’État (1969- 1985); Pour l’État et par l’industrie (1987-2013); Pour et par les Québécois (XXIe siècle) Il considère que le régime actuel s’appuie sur cinq lignes de force toujours pertinentes: • Engagement à la foresterie écosys- témique; • Une gouvernance fores- tière élargie (instances régionales, communautés autochtones et non autochtones); • Attribution efficiente par le remplacement des CAAF (garanties d’approvisionnement sur plus de 70 % de la forêt productive); • Tarification efficiente avec un marché concurrentiel des bois à travers un Bureau de mise en marché des bois (BMMB);• L’intégration des usages par le zonage forestier (aires proté- gées, zone de sylviculture intensive, zone d’aménagement intégré et éco- systémique). « Beaucoup rêvent de mettre le régime forestier à terre, mais ce n’est surtout pas le temps. Nous entrons dans une période de tempête qui devrait imposer le dialo- gue entre acteurs sur le terrain. Le seul message à retenir : pas nécessaire d’imaginer de nouvelles structures. Il faut utiliser les structu- res actuelles pour se parler sur le ter- rain et les rendre opérationnelles », assure le chercheur. Plus que jamais les humains au cœur du régime Résumé de l’allocution de M. Louis Pelletier, le Forestier en chef du Québec. Le poste de forestier en chef du Québec été créé en 2005. Louis Pelletier estime que sa mission de déterminer les possibilités fores- tières, d’éclairer les décideurs et d’informer la population sur l’état de la forêt est toujours très actuelle. Celui qui occupe cette fonction depuis 2016 évoque les nombreux enjeux reliés à cette res- source stratégique pour le Québec. Dès le début de son allocution, il rap- pelle que, malgré certaines percep- tions, la récolte de bois au Québec ne représente que 0,8 % de la possibilité forestière totale qui se situe à 27 mil- lions d’hectares ou 50 millions de mètres cubes par année. Toutefois, même si le potentiel est là, il est important d’être vigilant pour s’assu- rer d’un équilibre entre la récolte et la pérennité de la forêt, alors que de nombreuses menaces planent sur la ressource. Il cite le cas des feux de forêt qui, même s’ils ont dévasté moins de boisés au cours des derniè- res années, demeurent une préoccu- pation constante. Bien entendu, les perturbations natu- relles et les changements climatiques qui vont s’accentuer représentent un enjeu important, notamment dans le contexte de la présence plus impor- tante d’insectes ravageurs dans les forêts du Québec. Il cite notamment la tordeuse des bourgeons de l’épinette, qui a gagné beaucoup de terrain en 2019, particulièrement au Saguenay– Lac-Saint-Jean. Il identifie également l’agrile du frêne et le longicorne asia- tique, qui s’attaque spécifiquement aux érables. Un autre défi important soulevé par Louis Pelletier est lié aux limites terri- toriales de l’habitat du cerf de Virginie et du caribou forestier, qui devront être fixées scientifiquement, le plus rapidement possible, pour assurer la prévisibilité de la récolte. Le Forestier en chef trouve très intéressant et per- tinent le concept prometteur de séquestration du dioxyde de carbone par les forêts du Québec pour stimu- ler l’intérêt des décideurs envers l’économie forestière. Il estime d’ailleurs qu’on pourrait presque doubler cette captation pour la faire passer de 11 à 21 tonnes de CO2 par année en regard de la possi- bilité forestière actuelle. Il avance aussi qu’il faudra quantifier et compa- rer son impact sur les GES à celui des matériaux comme le béton ou l’acier pour confirmer ce potentiel. Éclairer les décideurs depuis 15 ans

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