Pa g e 1 6 | AV R I L 2 0 2 2 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – Pour lutter contre les changements climatiques, « il faut utiliser encore plus la forêt qu’on ne le fait à l’heure actuelle. Il faut l’utiliser encore mieux qu’on ne le fait et nous devons conserver des espaces pour étudier comment les choses se passeraient si on n’était pas là », affirme le professeur Claude Villeneuve de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Directeur de la Chaire en écoconseil et de Carbone Boréal, M. Villeneuve indique que l’utilisation de produits du bois peut devenir un outil de lutte contre les changements climatiques en raison de la capacité des arbres à stocker du CO 2 . Ceux-ci extraient en effet de l’atmosphère ce gaz à effet de serre (GES), qui est transformé en cellulose par la photosynthèse. «Autrement dit, du bois, c’est du CO 2 en bâton. Plus la forêt va capter de CO 2 , plus elle va produire de bois et plus elle va appauvrir l’atmosphère de ce gaz qui cause les changements climatiques », explique-t-il. Cette particularité fait en sorte que lorsqu’on brûle du bois ou qu’on produit du CO 2 à partir de produits de la forêt, celle-ci le reprend dans son cycle de vie naturel. Par ailleurs, le CO 2 capté dans le bois demeure sous cette forme sans être relâché dans l’atmosphère, tant qu’il n’est pas brûlé ou décomposé. «Le bois, on peut le garder 100 ans dans un mur. […] Les poutres qui ont brûlé à NotreDame-de-Paris avaient poussé il y a plus de 1000 ans. Pendant 1 000 ans, ce CO 2 -là n’était pas dans l’atmosphère », illustre Claude Villeneuve. Un gain net Les arbres qui poussent pour remplacer ceux qui ont été extraits par l’exploitation forestière, pour la production de poutres ou de meubles par exemple, vont aussi capter du CO 2 sous forme de bois. « Lorsque vous allez chercher du bois pour des usages durables, vous retardez la période de décomposition et vous permettez que le même territoire capte une autre génération d’arbres qui vont produire du bois. Il y a un gain net à cet endroit. » Utiliser les produits du bois plutôt que, par exemple, du béton ou de l’acier qui nécessitent des émissions de GES pour leur production, contribue donc à lutter contre les changements climatiques. «Si, ensuite, vous prenez des résidus du bois que vous avez coupé, comme les copeaux ou les écorces, et que vous vous en servez pour remplacer des produits comme les carburants fossiles, vous empêchez de mettre des tonnes supplémentaires de CO 2 dans l’atmosphère qui ne seront pas récupérées par l’écosystème », ajoute le professeur. Mieux exploiter Mais attention; pour profiter de tous les bienfaits de la forêt, il faut encore l’exploiter de façon durable et éviter la déforestation. En effet, la forêt n’est pas composée que de bois et il faut prendre en compte sa globalité. Elle possède plusieurs compartiments qui retiennent du carbone à plus ou moins long terme, soit les racines, les La forêt pour lutter contre les changements climatiques Claude Villeneuve, professeur et Directeur de la Chaire en écoconseil de l’UQAC et de Carbone Boréal. (Photo : Jeannot Lévesque) par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com Émissions de GES Nous émettons actuellement plus de gaz à effet de serre (GES) que ce que les forêts, les plantes ou les océans peuvent capter, ce qui fait qu’il s’en accumule chaque année un peu plus. «Un peu plus, ça correspond à 17 milliards de tonnes de CO 2 », affirme Claude Villeneuve. Selon lui, le fait de produire du CO 2 n’est pas problématique en soi pour le climat, tant qu’il peut être réabsorbé par la nature. «Le problème, c’est plutôt qu’on va chercher du carburant fossile, composé d’un stock de carbone capté par les plantes il y a des millions d’années. Quand on brûle en quelques minutes ces carburants fossiles, ça remet ce CO 2 en circulation dans un cycle qui n’est pas capable de l’absorber. Ça fait des millions d’années qu’il s’accumule et là, on le repasse rapidement dans l’atmosphère, plus rapidement qu’il ne s’accumule. » « Grâce aux 12 pépinières forestières privées, près de 100 millions de plants forestiers sont livrés chaque année dans le cadre du programme de reboisement des fôrets publiques et privées du Québec. Grâce à la qualité et la diversité des produits cultivés par nos membres, les plants s’intègrent naturellement à notre écosystème. »
RkJQdWJsaXNoZXIy NDAzMDYz