Pa g e 2 | AV R I L 2 0 2 2 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – Née d’un spin-off industriel de Réfraco, Robexco est une firme spécialisée dans le développement robotique à Saguenay. La jeune pousse technologique a pour ambition d’amener l’automatisation vers des applications complexes. «Depuis plus de 40 ans, l’industrie automobile utilise des bras robotisés pour manufacturer ses véhicules sur une chaîne de montage. Les robots sont fixes et préprogrammés pour effectuer des tâches répétitives. Leurs mouvements sont définis par des points géographiques préétablis», explique Giovanni Pucella, le directeur général chez Robexco. Pour l’ingénieur mécanique qui a consacré sa carrière professionnelle à l’innovation, l’objectif est de dépasser l’utilisation procédurale des robots en leur donnant plus d’autonomie. « Imaginez un robot qui s’oriente seul dans une usine et qui va lui-même chercher les matériaux dont il a besoin pour la réalisation de sa tâche. Voilà sur quoi une partie de notre équipe travaille. Nous avons plusieurs pistes de solutions pour y arriver et l’utilisation de la caméra est l’une d’elles. » En effet, l’équipe de Robexco a imaginé un bras robotisé muni d’une caméra 3D. Cet ajout permettrait à la machine de voir son environnement et de s’orienter dans l’espace. « Le robot gagnerait en efficacité et en simplicité. Notre robot maçon, le RBR, a besoin d’un convoyeur qui lui achemine les briques à une certaine vitesse et d’une certaine position afin que celui-ci soit en mesure de les saisir. Bien qu’efficace, il requiert tout de même plus d’instrumentation machine qu’un bras qui repère seul les briques. De plus, le programmeur en amont aurait besoin d’entrer moins d’instructions. » La fin de la machine-outil ? Les machines-outils observables dans les ateliers d’usinage possèdent parfois de deux à cinq axes rotatoires, et mis à part les imprimantes 3D, ces équipements font principalement de l’alésage et du découpage de pièce. «La machine-outil fonctionne généralement ainsi : un opérateur dessine une forme voulue sur un logiciel de dessin industriel et avec l’aide d’un compilateur, il traduit son plan technique en langage machine. Il place ensuite le morceau à transformer dans l’équipement et l’outil s’exécute. Cependant, ces machines ont des limites que les bras robotiques n’ont pas. » En effet, une machine de type CNC est restreinte à ne faire que des coupes. L’entreprise qui décide d’automatiser une partie de sa production devra donc débourser pour acquérir d’autres équipements pour percer, par exemple. Le bras robotique, quant à lui, peut souder, couper et faire de la fabrication additive et soustractive. «Les possibilités sont très larges avec ce type de technologie. L’idée est d’amener les robots à faire certaines tâches effectuées par des machines-outils. Le but n’est pas de les remplacer, mais d’être complémentaire. » Le nerf de la guerre Selon Giovanni Pucella, le nerf de la guerre dans l’industrie est d’amener un automate à faire des tâches non répétitives. L’équipe de Robexco travaille d’ailleurs sur un robot qui pourrait faire des moules différents les uns des autres. «Si l’on regarde la construction d’un mur de briques réfractaires par un robot cela représente une seule et même tâche. On ne programme l’engin qu’une fois en lui indiquant la position des briques et les dimensions du mur. Pour le cas des moules, on doit réintroduire de nouvelles instructions à chaque pièce puisqu’aucune n’est semblable à la dernière. Or, un bras robotisé, ce n’est pas simple à programmer. Les mouvements rotatoires de son coude et de son poignet complexifient les choses dans le sens que le positionnement de l’outil ne se fait pas seulement sur les axes X et Y. On doit donc trouver un moyen de réduire le temps de conception afin qu’il ne dépasse pas celui de l’exécution. » C’est ce qu’a fait la PME saguenéenne. Ils ont réduit le temps de programmation d’un robot au même niveau que celui d’une machine-outil. « Nous avons découvert une entreprise ontarienne nommée Octopuz. La société informatique a mis au point un programme qui prend le code généré par un logiciel de dessin et le traduit en langage robot. Nous offrons donc avec nos produits cette solution qui fait en sorte que le temps de conception n’est pas allongé par la complexité de la machine. » Une technologie qui évolue vite Le RBR, la technologie présentée le 25 mars, est déjà en route pour les installations de Rio Tinto à Kitimat en Colombie-Britannique. Le robot maçon n’aura enregistré que quelques heures d’ouvrage lors de sa première mise à jour. «Nous allons mettre à niveau son convoyeur à briques. Nous en avons développé un nouveau qui lui fera gagner 25 % en efficacité. » Le RBR a une durée de vie estimée à une vingtaine d’années. D’ici là, il est bien possible que sa technologie soit dépassée », laisse tomber M. Pucella. Robexco : démocratiser l’usage robotique TECHNOLOGIE parMaximeHébert-Lévesque mhlevesque@informeaffaires.com Des pièces de robot entreposées dans les locaux de Robexco. Ces automates se retrouveront au cours des prochains mois dans des manufactures de la région. (Photo : Maxime Hébert-Lévesque)
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