Édition décembre 2017
INFORME AFFAIRES, Le MENSUEL économique d’ici • DÉCEMBRE 2017 • 25 SAGUENAY – De retour récemment d’une tournée d’exploration du poten- tiel de développement de projet pour son entreprise au Sénégal, Martin Lépine, le PDG de Groupe Industriel AMI (GIAMI), s’est livré à quelques réflexions personnelles sur la culture de la sous-traitance et ses avantages pour la région. Mentionnons tout d’abord que l’entre- prise qu’il dirige a 33 ans d’existence. Fondée par le père de Martin Lépine, elle a connu, comme toutes les organi- sations, de très bonnes années et des périodes plus difficiles. Toutefois, ce que retient l’homme d’affaires impliqué de- puis 20 ans dans GIAMI, c’est que l’en- treprise s’est construite et a grandi au- près des grands donneurs d’ordre de la région et de l’Est-du-Québec et que son évolution s’est appuyée sur des alliances stratégiques, souvent avec des compéti- teurs. Si bien qu’aujourd’hui, l’entreprise lorgne du côté l’Afrique pour doper sa croissance. Le PDG de Groupe Industriel AMI parle ouvertement et positivement de la culture de la sous-traitance qui s’est développée au Saguenay–Lac-Saint-Jean, au cours des dernières décennies et qui a permis à de nombreuses entreprises, dont GIA- MI, de développer une expertise unique et précieuse. « La région a été transfor- mée par une culture de sous-traitance industrielle imposée par les grandes mul- tinationales régionales. Cette transfor- mation a créé des entreprises régionales d’envergure œuvrant dorénavant, pour certaines, partout dans le monde. Elles sont créatrices d’emplois de qualité ici au Saguenay-Lac-St-Jean », lance-t-il. Des entrepreneurs « blindés » Pour Martin Lépine, il faut dire les « vraies affaires ». Il est conscient qu’évo- luer dans la cour des multinationales est très difficile et que plusieurs joueurs sont disparus. « Bien qu’elles soient pour plu- sieurs affaiblies économiquement par les batailles passées, les entreprises qui de- meurent peuvent prétendre à un bel ave- nir, car elles possèdent dorénavant l’ex- pertise et la « couenne» assez dure pour affronter les défis de la mondialisation ». « Les sous-traitants régionaux de calibre mondial ont été forgés à coup de défis technologiques à résoudre, de crises économiques successives à surmonter, de relations contractuelles parfois in- traitables de la part de grands donneurs d’ordre, de clients, qui ont été eux aussi confrontés à une concurrence mondiale féroce et forcés à revoir en profondeur leur modèle d’affaires, d’obligations à atteindre des standards mondiaux en terme de santé-sécurité, de qualité et de gestion des risques. Aujourd’hui par- tout où on va en dehors de la région, on est une « coche » au-dessus de tout le monde », lance-t-il fièrement. Les sous-traitants mieux perçus par les ressources internes Martin Lépine assure que les em- ployés des sous-traitants sont main- tenant bien accueillis dans les usines de la région. « Nous avons participé à presque tous les combats. Nous avons accompagné plusieurs mul- tinationales de la région et dans le reste du Québec, dans le déploie- ment de leur nouveau modèle d’af- faires. Pour eux, c’était une question de vie ou de mort. Chaque fois, le changement était douloureux, par- ticulièrement pour les employés de clients qui voyaient notre arrivée comme une menace. Aujourd’hui, les usines qui sont demeurées en vie ont atteint, avec leurs employés et leurs sous-traitants, une maturité formi- dable. Dans la plupart des usines, une réelle synergie s’est installée, chacun réalisant la place et la valeur de l’autre, dans l’équation écono- mique de l’entreprise ». Un virage stratégique vers l’indus- trie 4.0 Pour cet entrepreneur, l’avenir des sous-traitants passe beaucoup par la maintenance industrielle et le virage 4.0. « Un poste de dépenses colos- sales pour nos multinationales. Il faut être innovateur et aider nos clients à prendre le virage technologique qui permettra à ces grandes entreprises de se positionner stratégiquement sur l’échiquier mondial ». Il explique que l’excellence opérationnelle, l’au- tomatisation des procédés et la san- té-sécurité sur les chantiers sont, plus que jamais, des objectifs incontour- nables pour les grands donneurs d’ordre. Cependant, Martin Lépine ne se leurre pas. La pénurie de ressources humaines est un formidable défi pour toute l’industrie lourde et l’ensemble de l’économie. « Les enjeux de de- main, c’est d’attirer les nouveaux ta- lents pour combler le manque criant de main-d’œuvre et rapatrier ceux qui sont partis lors des périodes difficiles des dernières années » insiste-t-il. INSPIRATION La sous-traitance créatrice de richesses 203G04-17 Martin Lépine est à la tête d’une équipe de quelque 200 employés. Selon le PDG, ils sont de plus en plus impliqués dans la création et la fabrication d’équipements innovateurs pour l’industrie lourde. (Photo: Guy Bouchard) 709D12-17 par Guy Bouchard Président et éditeur guybouchard@informeaffaires.com
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