Pa g e 4 0 | F É V R I E R 2 0 2 3 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I Le taux de chômage atteint un plancher presque jamais vu dans la région. Tout devient de la « faute» de la pénurie de maind’œuvre, du service, aux heures d’ouverture réduites en passant par la hausse des prix et des délais de tout. L’angle mort de cette situation est à mon sens une forme de conservatisme dans le monde du travail qui s’explique par plusieurs facteurs et dont notre région, à cause de l’âge moyen de ses entrepreneurs et de ses dirigeants d’entreprises, souffre encore davantage. Le premier, on a tardé à voir venir le vent de changement souhaité par les générations à venir dans l’organisation du travail. On passe beaucoup le désir de télétravail et les nouvelles exigences de la main-d’œuvre sur le compte de la pandémie, mais la vérité, c’est que déjà avant, ce désir de changer les pratiques se faisait sentir. Le secteur des technos a eu quelques années d’avance dans sa vision à cet effet, en implantant des pratiques comme la semaine de quatre jours sans diminution de salaire, notamment, et en permettant une plus grande flexibilité dans les horaires et dans le lieu d’où le travail était accompli. La rigidité des organisations à vouloir embrasser le changement existe, certes, mais est toujours plus vive dans des entreprises où les pratiques sont dictées par de sacro-saints principes tels que « on l’a toujours fait comme ça et ça a toujours bien fonctionné, je ne vois pas pourquoi on ferait autrement ». Bien maintenant, ça ne fonctionne plus. Tout change La manière de gérer les gens change, le rapport au travail change et maintenant, bien moins de gens restent là où ils ne sont pas bien, tolèrent des situations professionnelles inconfortables. Les entreprises qui ne peuvent faire de place à l’automatisation et au numérique s’exposent à de graves risques. Actuellement, nous sommes non seulement en pénurie de maind’œuvre, mais en déficit important de personnel de remplacement qui pourra prendre la place des travailleurs qui prendront leur retraite. Nos entrepreneurs vieillissent et sont nombreux à retarder le transfert de leur entreprise pour une série de raisons qui diffèrent, mais aussi souvent parce qu’ils craignent la mise en œuvre de changement qu’ils ne veulent tout simplement pas voir s’opérer. Avenues de remplacement On parle beaucoup d’immigration comme d’une solution afin de pallier le problème. Mais on parle trop peu des avenues de remplacement qui permettent l’attrition de certains emplois grâce aux technologies ou à l’automatisation. Pour avoir été souvent dans la situation inverse en région, nous sommes très protecteurs de nos emplois, craintifs de se revoir dans un contexte comme celui des années 80 ou 90 ou il était parfois très difficile de dénicher un emploi dans son domaine. Nous portons encore les stigmates de ces années où l’on voyait quitter un autobus par semaine, bref, vous vous en souvenez. Outils technologiques La nostalgie et le conservatisme dans les pratiques du milieu du travail ralentissent le groupe actuellement. Il est impératif de faire place à de jeunes entrepreneurs ouverts à l’intégration d’outils technologiques qui permettront de réduire le problème de main-d’œuvre, sans quoi celui-ci ne pourra trouver de réelle voie de sortie. Le conservatisme à l’ère de l’automatisation CHRONIQUE POLITIQUE par Sophie Villeneuve Chroniqueuse svilleneuve@catapultecommunication.com
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