Informe Affaires Janvier 2020

P a g e 2 0 | J ANV I ER 2 0 2 0 I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I (...suite de la p.13) principalement à partir de matière ligneuse cellulosi- que. Mais les consultations menées, notamment auprès d’entrepreneurs potentiels, ont rapidement démontré que la matière ligneuse avait un fort potentiel, mais devait être traitée avant de la rendre disponible pour son intégration dans un processus industriel, notamment pour en faciliter la transformation. (Ex. : broyage et/ou séchage) C’est surtout ce à quoi sera destiné le Centre de valorisation de la biomasse forestière, «Nous voulons donner une valeur ajoutée à notre matière première. (…) Du moment qu’on a commencé à en parler, les promoteurs ont frappé à la porte », confie Jean Simard concernant la création du CVBF. Potentiel mondial de 70 G$ Selon le conseiller, le potentiel mon- dial actuel des produits biosourcés, ou dits de chimie verte, est de quel- que 70 G$ et profiterait d’une crois- sance annuelle de 12 %. Jean Simard précise que plusieurs projets de fabri- cation de produits biosourcés sont à l’étude ou en phase de l’être, par des promoteurs locaux ou hors de la région et que ceux-ci pourront vrai- semblablement profiter de cet engouement, avec l’arrivée du CVBF dans la MRC du Domaine-du-Roy. Il explique que ces projets ont été développés avec la participation d’entreprises, mais également de par- tenaires stratégiques tels que le Centre d’innovation des produits cel- lulosique Innofibre (Cégep de Trois- Rivières) et l’UQAC. À titre d’exemple il cite les projets au fort potentiel tel que celui de BoréA, qui fabrique des huiles essentielles à partir d’épinette noire dans ses ins- tallations de Chapais, celui d’Axcelon Biopolymers, qui a développé un bre- vet pour la fabrication des panse- ments, constitués de nanocellulose bactérienne, ainsi que celui de la création d’un biocide pour le traite- ment des maladies de la pomme de terre. Et le biocharbon? Jean Simard confirme aussi que la Vitrine technologique en biochar et bioproduits d’Agrinova (VTBB) sou- vent appelé projet Biochar Boréalis est dorénavant complètement en mode opération. Depuis la fine de 2019, ce centre de valorisation de la biomasse forestière, installée dans le parc industriel de Mashteuiatsh, et dont la configuration est unique en Amérique du Nord, assure déjà le développement d’une quinzaine de projets de recherche sur le bio- charbon et ses dérivés. Un débouché pour les copeaux Rappelons que la VTBB est issue de la volonté de partenaires régionaux (Agrinova, Alliance bois, Biochar Boréalis MRC du Domaine-du-Roy Mashteuiatsh) qui désiraient trouver des débouchés pour les surplus de copeaux par les scieries de la région. L’objectif était surtout de créer les meilleures conditions possibles en R&D pour développer des produits de biochar, susceptibles d’intéresser des investisseurs à lancer de nouvelles entreprises. Amalgame technologique unique Ce qui distingue la Vitrine technologi- que en biochar et bioproduits d’Agrinova, c’est principalement la combinaison des équipements instal- lés et leur complémentarité. En fait deux plateaux de pyrolyse sont dispo- nibles pour les projets de recherche. Une unité à petit volume, qui peut recevoir environ 60 kg à l’heure (Le BGR-130) dont l’utilité est de tester les recettes, concoctées à par- tir de quelque huit variétés de copeaux issus d’essences de matière ligneuse de la forêt boréale. L’autre plateau (Le BGR-600) qui pourra trai- ter 800 kg de matière à l’heure permettra de soumettre à des condi- tions dites pré commerciales, les formules les plus prometteuses déve- loppées à échelle réduite. Autour de ces deux unités, de nombreux équi- pements serviront au conditionne- ment de la matière végétale, avant son traitement en pyrolyseur. Le biochar et ses utilisations Il s’agit en fait d’un charbon naturel de source végétale, produit par un pro- cédé connu sous le nom de pyrolyse ou thermolyse. En résumé, la matière première, à titre d’exemple des copeaux de bois provenant d’une scierie, est chauffée à une tempéra- ture élevée (400 °C à 800 °C) sous pression contrôlée, dans un cylindre fermé et exempt d’oxygène, durant une période déterminée. Il en résulte trois produits : le biocharbon, sous forme solide (Il présente l’aspect à du charbon de bois en poudre), de l’huile pyrolytique et du syngas. Depuis 2017 les chercheurs d’Agrinova, qui est le Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) en agriculture du Cégep d’Alma, ont travaillé en collaboration avec le par- tenaire et fournisseur de la technolo- gie de pyrolyse Etia en France, pour «qualifier » huit essences de matière ligneuse de la forêt boréale et connaî- tre leur potentiel pour la production de biochar. Parallèlement les spécialis- tes d’Agrinova ont aussi commencé une période intensive de recherche sur le biocharbon qui, mélangé à des terreaux, offre des caractéristiques exceptionnelles pour la culture. Certaines recettes permettent une économie substantielle des volumes d’eau nécessaires à la production. Par ailleurs, il faut savoir que la transformation de 30 tonnes de copeaux de bois donne 10 tonnes de biochar, 10 tonnes d’huile et 10 ton- nes de syngaz. Chaque composante a son utilité. Pour sa part, le biochar- bon peut être utilisé à de multiples fins, notamment comme composante d’un amendement du sol en horticul- ture, production en serre, arboricul- ture et revégétalisation. Autre applica- tion d’intérêt, le biocharbon végétal peut être substitué au charbon fossile utilisé dans la production de divers types de filtres actuellement sur le marché. Dans le cas de l’huile pyrolytique, qui contient de nombreux composés chimiques, celle-ci peut servir notam- ment dans la production de vinaigre de bois de produits antiseptiques, d’antifongique, de pesticides et aussi de « fumées liquides », utilisés pour parfumer les aliments destinés à la consommation humaine. Le syngaz possède un certain potentiel de valo- risation énergétique, mais le volume généré par les installations de Mashteuiatsh ne sera pas suffisam- ment constant pour alimenter un projet de recherche, selon Carl Bouchard. 8037855

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