Journal Juillet 2019

P a g e 1 0 | J U I L L E T 2 0 1 9 I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I SAGUENAY – Le Créneau d’excel- lence AgroBoréal cible quatre principaux enjeux pour le dévelop- pement de l’industrie agroalimen- taire au Saguenay–Lac-Saint- Jean : la cohérence et la cohésion, la productivité des entreprises, la diversification de l’offre et la différenciation du secteur, des entreprises et des produits. Le Créneau d’excellence en a d’ailleurs fait ses quatre orientations stratégiques lors du renouvellement de son entente quinquennale avec le gouvernement pour 2019-2024. La directrice d’AgroBoréal, Isabelle T. Rivard, rappelle qu’actuellement, les différents acteurs de l’industrie agro-alimentaire ne savent pas toujours ce que font les autres. « On n’est pas au courant des projets qui sont en développement. Il y a aussi beaucoup de dédoublement. On veut essayer d’harmoniser ce qui se fait en matière de développement agroali- mentaire d’un point de vue régional, versus les actions qui sont plus d’ordre territorial ou local », indique-t-elle. C’est de là qu’est née l’idée de créer une stratégie, qui s’est concrétisée en 2018, à la suite du forum agroalimen- taire régional tenu dans le cadre du processus d’évaluation quinquen- nale du créneau AgroBoréal. Contrairement au créneau, qui vise spécifiquement les filières boréales, la stratégie s’étend à tout le milieu agroalimentaire du Saguenay– Lac-Saint-Jean. « On ne voulait pas se mettre de contrainte. On voulait que ça touche tout le monde », note la directrice. AgroBoréal porte cette stratégie en partenariat avec la Table agroalimen- taire du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Un comité de suivi formé d’interve- nants du secteur agroalimentaire, dont des représentants des MRC et des ministères, la chapeaute. Un comité de mise en œuvre travaille également sur le dossier. « On a décidé de se donner un mécanisme d’animation du secteur agroalimen- taire régional », précise M me Rivard. Recenser les actions Le comité de mise en œuvre est actuellement à recenser les actions et les différents responsables de ces actions. Il présentera sa planification au comité de suivi à l’automne. Cela permettra aussi de cibler les enjeux et les priorités. « On espère faciliter un meilleur développement, plus de synergie, plus de complémentarité entre les acteurs du secteur de cette façon-là. On veut travailler davantage en collaboration aussi », mentionne Isabelle T. Rivard. La stratégie permettra aux interve- nants de travailler ensemble. « On vient répertorier ce qui existe. Après, on verra s’il y a des trous et on pourra aller les combler, désigner un porteur de dossier, trouver du financement. On veut voir comment on peut travailler mieux ensemble et avoir accès à de meilleurs leviers pour développer le secteur », explique la directrice d’AgroBoréal. Compétitivité Si la concertation et la collaboration des acteurs est si importante, c’est que le contexte du secteur agroali- mentaire fait en sorte que la compéti- tion n’est pas seulement locale, elle est mondiale. « Dans ce contexte, la menace ne vient pas du voisin. […] L’enjeux auquel vient répondre la stra- tégie, c’est de demeurer compétitif », souligne Isabelle T. Rivard. M me Rivard croit d’ailleurs beaucoup aux projets collaboratifs, qui impli- quent deux partenaires ou plus dans une approche gagnant-gagnant. « Il y a beaucoup de bénéfices à collaborer. Les entreprises ont intérêt à travailler ensemble pour affronter des enjeux partagés », conclut-elle. La cohésion régionale pour améliorer la compétitivité par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com Propriétaire de la Pépinière Boréalis, Mathieu Ouelle e raconte qu’il lui a fallu s’armer de confiance pour demander à financer son projet d’affaires. « Imaginez. J’avais vingt-quatre ans. Je n’avais pas la mise de fonds. C’est au volant de ma vieille Honda que ma conseillère en financement m’a vu arriver à ses locaux. Je lui ai parlé de ma passion : les fleurs. Ça sortait de l’ordinaire. Même avec un excellent plan d’affaires, la par e n’était pas gagnée d’avance. » Conseillère à La Financière agricole du Québec, Rosianne Lapointe se souvient de ce e première rencontre avec Mathieu. « Il était crinqué », lance-t-elle à la blague. Elle admet qu’elle a dû élaborer plusieurs scénarios pour pouvoir financer son pro- jet. « Il voulait percer dans un secteur qui demande des connaissances précises. Comme il était seul, il lui fallait maîtriser toutes les face es de son entreprise. C’était ambi eux. Mais ses études en agronomie, de même que tous ses choix, avaient été faits en fonc on de ce projet. Même son enfance l’y avait préparé. » À huit ans, Mathieu était abonné aux revues spécialisées en botanique. S’il avait du temps libre, il enfilait son vélo pour filer au centre jardin du coin. Il passait des heures aux côtés de sa mère et de ses tantes à aménager les plates-bandes de chacune. Comme il avait vu son père démarrer une entreprise, les fleurs et l’entrepreneuriat lui semblaient une associa on parfaite pour lui. Aujourd’hui, la Pépinière Boréalis produit une grande variété de vivaces, d’arbres et d’arbustes. Elle est devenue une des na on incontournable pour la popula- on locale, en plus de livrer partout au Canada ses plants de pivoine itoh, par l’entremise de son entreprise sœur, Pivoine et cie. Son achalandage s’est accru jusqu’à 40 % par année. Des inves ssements successifs ont permis une croissance rapide : achats de superficies de terre, construc on d’un bâ ment perme ant l’ouverture à l’année, aménagement d’une ferme e pour diver r les enfants, etc. Tout cela tranche avec la vision ini ale du propriétaire. « Au départ, je me voyais pe t, comme une entreprise marginale. Mais rapidement, des gens aussi passionnés que moi sont venus m’offrir leurs services. J’ai pris plaisir à voir leur enthousiasme. Ils sont maintenant une dizaine à vivre de la pépinière. Grâce à eux, je peux me perme re de grossir, d’embaucher, de développer davantage. J’ai envie que ça réussisse. » Sa conseillère est convaincue que le style du propriétaire est la clé de son succès. « Mathieu en fait beaucoup pour créer de l’achalandage. C’est quelqu’un de proac f, de volubile, qui a beaucoup d’entregent. Tout le monde le connaît! Il fait de la radio, des capsules vidéo, des ateliers de centre de table, il ent un blogue… il donne même des cours de danse! Vous savez, ce n’est pas un entrepreneur standard. Et son entreprise, il l’a créée à son image. » Il ne s’en cache pas, le jeune homme d’affaires a plusieurs projets en tête pour l’avenir, tel le développement du secteur de la pivoine. « Je n’ai pas peur du risque. Comme entrepreneur, je connais mes forces et mes faiblesses. Ça fait en sorte que je sais où aller, vers quel réseau me tourner. Je fonce là où je peux m’accomplir. Alors, j’ai confiance pour la suite. » La Financière agricole est fière d’accompagner les entrepreneurs de la relève pepiniereborealis.com Quand l’originalité fait la réussite de l’entreprise Mathieu Ouelle e Rosianne Lapointe

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