Journal Juillet 2021
Pa g e 1 0 | J U I L L E T 2 0 2 1 I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – La pandémie de COVID-19 a suscité une prise de conscience chez les entreprises de l’importance d’effectuer sa trans- formation numérique, mais encore beaucoup de chemin reste à accomplir pour assurer leur com- pétitivité dans cet univers en évo- lution constante et rapide. En effet, selon un sondage effectué par Léger et dont les résultats ont été publiés en février dernier, 28 % des entreprises interrogées au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique considéraient la transformation numé- rique comme non urgente. Le sondage conclut également que les entreprises du Québec ont moins profité de la pandémie que celles de l'Ontario ou de la Colombie-Britannique pour prendre de l’avance dans leur transi- tion numérique. Les entreprises qui pensent être en avance dans leur transformation sont ainsi moins nom- breuses aujourd’hui au Québec qu'avant la pandémie (43 % contre 45,1 %), comparativement à une aug- mentation en Ontario (45 % vs 33 %) et en Colombie-Britannique (44 % vs 30 %), ce qui représente un enjeu majeur pour leur compétitivité. « Ça, ça a un impact aussi. Au Québec, notre niveau de maturité numérique n’est pas si élevé que ça. Dans mon équipe […] on va constater le niveau de maturité numérique dans les entre- prises. […] On travaille beaucoup avec les PME et on voit que la marche à franchir est quand même haute pour elles. On part de plus loin, il faut instal- ler les bases, les fondations », indique Nancy Jalbert, leader de la pratique 4.0., Conseil en management, et associée chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT). Un enjeu de pérennité Ce constat constitue un enjeu pour la compétitivité, mais aussi pour la pérennité des entreprises. « Les mar- chés sont mondiaux. […] On est tous connectés sur le Web pour acheter des choses ou travailler avec nos fournisseurs. Dans ce contexte, si mon compétiteur, lui, s’est numérisé, je prends du recul et je vais avoir de la misère à remonter la pente. Il y a des études qui ont été faites, et ce sont 18 à 19 % de pertes de parts de marché, et même au moment où je me réveille et commence à faire ma transformation numérique, je vais récupérer une partie des parts de marché que j’ai perdu, mais jamais à la même hauteur », affirme Mme Jalbert. Pour l’attractivité des RH L’experte rappelle que de plus en plus d’entreprises sont fondées totalement en numérique, puisqu’en partant de zéro, elles choisissent de mettre en place les systèmes dès le départ. Elles partent donc avec un pas d’avance sur les autres. Par ailleurs, l’attractivité des entreprises pour la main-d’œuvre est également touchée par la numérisation. « Les jeunes arri- vent sur le marché, eux, ce qu’ils con- naissent, c’est la technologie. Ils ne veulent pas travailler avec du papier, des crayons ou les écrans DOS d’ordinateur qu’on avait il y a quel- ques années », souligne-t-elle, évo- quant la pénurie de main-d’œuvre. C’est, à terme, la productivité de l’entreprise qui en souffrira, de même que sa pérennité. « Si je ne me numé- rise pas, ma productivité est atteinte. J’ai une pénurie de main-d’œuvre, je pourrais faire réaliser une partie de ces tâches par des machines et sys- tèmes pour compenser en partie cette pénurie […] mais on dirait qu’on n’ose pas encore y croire. C’est une ques- tion de pérennité et de maturité des organisations aussi », ajoute la leader en pratique 4.0. L’importance des données La transformation numérique va bien au-delà des simples gadgets ou outils technologiques. C’est en fait l’utilisa- tion des données générées par une organisation, qui vont transiter par dif- férents outils technologiques, pour prendre des décisions éclairées plus rapidement et mieux répondre aux besoins des clients. Il s’agit véritable- ment d’une transformation organisa- tionnelle, qui peut prendre différentes formes selon les entreprises. Ainsi, si le secteur manufacturier peut implanter des machines connectées pour la fabrication des caméras, des capteurs pour le contrôle qualité un bureau d’avocat pourrait, par exem- ple, en profiter pour créer un robot qui recherche les articles de loi, fouille la jurisprudence et peut donner des réponses sur des questions simples de droit, alors que du côté de l’agri- culture, des producteurs pourraient utiliser des drones pour documenter l’état des champs et, si nécessaire, préparer automatiquement les dosa- ges requis d’engrais, pesticides, etc. « Ça s’applique à tous les secteurs. C’est exponentiel, ce qu’on peut en faire », estime Nancy Jalbert. Installer les fondations « Souvent, quand on fait des audits ou des plans de transformation numé- rique et qu’on regarde ce qu’on a à faire, les gens disent : “ah, mais on pourrait mettre de l’intelligence artifi- cielle!” Mais on n’a pas de données. Il faut que j’installe les fondations si je veux exploiter une donnée quelcon- que. […] Comment j’exploite une don- née non structurée, que je n’ai pas validée, dont je ne sais pas si elle est intègre, pour que ça donne un bon résultat? », fait remarquer Mme Jalbert. Pour avoir des résultats et être gagnant à long terme, il faut donc se donner une structure. « Le système ne réfléchit pas. Si tu as une donnée erronée, oui tu peux la valider avec des algorithmes, mais si tu as un algorithme derrière un autre algo- rithme, ça devient complexe. » Pour se lancer, Nancy Jalbert con- seille aux entreprises de participer au programme d’Audit 4.0, mis en place par le gouvernement du Québec, que l’équipe de RCGT, comme d’autres partenaires, offre. En plus de permet- tre d’établir un bilan de la maturité numérique actuelle de l’organisation, cet audit assure la mise sur pied d’un plan de transformation. « Ça aide à séquencer la démarche, à déterminer dans quel ordre je vais faire les cho- ses. C’est vraiment essentiel, et les entreprises qui l’ont fait se sont dotées d’une vision numérique. C’est important de séquencer pour faire les bons choix et les vrais gains au bon moment. Ça met la table, parce que souvent, les entrepreneurs ne savent pas par où commencer », conclut la leader de la pratique 4.0. Mentionnons que le programme Audit 4.0 permet aussi de bénéficier de soutien financier pour la réalisation du diagnostic et du plan de mise en œuvre. D’autres initiatives gouverne- mentales ont aussi été mises en place pour favoriser la transition numérique. Transformation numérique des entreprises : encore du chemin à faire Nancy Jalbert, leader de la pratique 4.0., Conseil en management et associée Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT). (Photo : Courtoisie) TECHNOLOGIE par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com La transformation numérique permet d’utiliser les données générées par une organisation, qui vont transiter par différents outils technologiques, pour prendre des décisions éclairées plus rapidement et mieux répondre aux besoins des clients. (Photo: Shutterstock)
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