Journal Juillet 2021

Pa g e 2 6 | J U I L L E T 2 0 2 1 I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I ALMA – L’équipe du Centre collé- gial de transfert de technologie (CCTT) Agrinova ne chôme pas depuis un an et la demande de pro- jets a fait un bond de 30 à 35 % comparativement aux années précédentes. Leader en ce qui concerne la R&D en agriculture, l’organisme semble propulsé par l’engouement de la population par l’achat local et les circuits courts. Le CCTT planche actuellement sur trois grands chantiers : une serre intelligente à Alma, un projet de digesteur à Saguenay et l’incuba- teur BioChar Boréalis de Mashteuiatsh. Nombreuses sont les entreprises dans le secteur de l’agroalimentaire qui ont remarqué un changement de comportement de la part du consom- mateur. Développement durable, circuits courts, achat local, économie circulaire et de proximité sont des notions qui font maintenant partie du discours ambiant. Il n’y a pas à dire, le milieu est en ébullition et les gestionnaires et chercheurs chez Agrinova le constatent. «Nous étions déjà sur une bonne erre d’aller, mais depuis la COVID-19 nous avons dû embaucher davantage. Le discours a changé et il y a eu une conscientisa- tion sur l’importance de l’agriculture. Le message passé par les dirigeants sur l’achat local a très bien été assi- milé », explique Martin Garon, direc- teur général d’Agrinova. L’attention pour les prochaines années sera donc portée sur les technologies 4.0 et les économies vertes. Une serre pour stimuler la serriculture La culture en serre présente de nombreux avantages, entre autres, au niveau du contrôle de l’environne- ment et de la protection des cultures face aux intempéries. Les produc- teurs maraîchers sont de plus en plus nombreux à vouloir se tourner vers cette pratique et les demandes faites à Agrinova pour stimuler le secteur en réalisant de la recherche ainsi qu’en développant des outils se font nombreuses. Dans la région, les Serres Sagami et Toundra sont déjà bien implantées et le constat est qu’il pourrait y en avoir plus. Au cours des six derniers mois, le CCTT a mis sur pied un projet visant à construire une serre ultra moderne où Technologie 4.0 et techniques de production pourront être testés. Les Almatois devraient donc voir apparaître au cours de la prochaine année une nouvelle infra- structure serricole sur leur territoire. «C’est un projet de près de deux mil- lions de dollars. Nous sommes soutenus par la ville ainsi que par la MRC, mais aussi par Desjardins et des investisseurs privés. Il y a plusieurs facettes au projet : dévelop- per de nouvelles techniques et résou- dre des problématiques, implanter de nouvelles productions comme la fraise et bonifier la formation GTEA du Collège d’Alma. » En effet, le Collège d’Alma est présentement en négociation pour acquérir l’ancien site du CEDAP au CIUSSS. Un terrain d’environ dix hectares laissé à l’aban- don depuis quelques années et que les instances municipales désiraient voir revalorisé. «Nous avons fait une revue de littéra- ture sur les meilleures pratiques et dernières avancées en ce qui concerne la serriculture. Notre serre sera ultramoderne et nous serons en mesure de paramétrer la tempéra- ture, l’humidité et plusieurs autres aspects avec une grande précision. Agrinova aura le mandat d’adminis- trer le site ainsi que les recherches qui s’y feront. C’est un tout nouveau laboratoire. » Fermenter pour boucler la boucle Le projet Agriméthane Saguenay dont Agrinova et une douzaine de produc- teurs laitiers sont les investigateurs de ce qui sera sans doute l’une des meilleures initiatives d’économie circulaire et durable dans la région. Le chantier de plusieurs millions de dollars devrait générer quelque 2,9 millions de mètres cubes de gaz naturel renouvelable (GNR) qui sera injecté dans le réseau d’Énergir, à partir de 2024. L’ajout de ce combus- tible produit par le digesteur, notamment à partir de résidus agrico- les et de dérivés de la production du lait, devrait réduire sensible- ment l’utilisation d’énergie fossile polluante. Un nutriment aussi «Ce projet à grand potentiel est très important pour nous. En plus d’offrir une alternative plus écologique à Énergir, le digesteur, lors de son procédé de fermentation des résidus laitier, produit un digesta. Une matière à valeur ajoutée. » Le digesta est le sous-produit qui ressort du digesteur une fois la fabrication du gaz termi- née. C’est une matière riche en potasse, azote, phosphore, etc. Elle peut donc être utilisée comme amen- dement de sol. De plus, selon Martin Garon, le digesta est sans odeur et ces nutriments sont plus facilement absorbables par les plantes. Deux avantages notables sur le fumier traditionnel. « L’un de nos mandats au sein d’Agriméthane est aussi de voir auprès des terres de nos partenaires quels végétaux à teneur hautement méthanogène ceux-ci peuvent cultiver. Ainsi, nous pourrions revoir au Québec, et même dans la région, la culture de la betterave à sucre revenir. Une plante méthanogène agirait à titre de matière pour le diges- teur, de culture de rotation pour les Agrinova : quand l’agriculture redevient une priorité Un digesteur industriel basé en Allemagne. (Photo : Pixabay) parMaximeHébert-Lévesque mhlevesque@informeaffaires.com Vue intérieure des équipements de la vitrine technologique BioChar Boréalis (Photo : Archives)

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