Pa g e 4 4 | J U I N 2 0 2 2 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – Les pères d’aujourd’hui sont nombreux à prioriser la conciliation travailfamille et les entrepreneurs ne font pas exception. Ces hommes d’affaires s’engagent pleinement, à la fois dans leur paternité et le développement de leur entreprise. Entre grands bonheurs et défis du quotidien, trois pères en affaires se confient. Troisième génération de la famille Gilbert à la tête d’Intercar, Hugo Gilbert a baigné dans le monde des affaires dès son plus jeune âge. Il avait donc déjà un exemple par son père quand il a lui-même eu ses garçons, aujourd’hui âgés de 16 et 14 ans. « J’ai vu mon père avoir des employés qui venaient cogner à la maison, je les entendais discuter, je voyais mon père travailler fort dans l’entreprise. Aujourd’hui, ce dont je me rends compte, c’est que des organisations comme la nôtre, ouvertes 24 h/24 avec du transport toujours sur la route, c’est évident qu’il y a de l’osmose entre la famille et le travail. Ce n’est jamais arrêté. Je peux avoir des appels le soir, la fin de semaine. Il y a des employés qui viennent à la maison pour discuter des enjeux. Je vois toujours mes enfants graviter alentour aussi », raconte-t-il. Ses fils ont d’ailleurs développé un intérêt pour Intercar. L’aîné œuvre maintenant à temps partiel au sein du groupe pour faire de la mécanique, alors que le benjamin a demandé à travailler du côté de l’administration cet été. Ils posent des questions, se renseignent sur ce qui se passe dans la vie professionnelle de leur père. Ce dernier s’assure toutefois que ça vienne d’eux, sans pression. « C’est sûr qu’une quatrième génération à la tête de l’entreprise serait un honneur, mais je ne veux pas qu’il y ait d’obligation. S’ils prennent d’autres directions et qu’ils sont heureux, je serai leur plus grand partisan. » Cette osmose, Emmanuel RossMorel, propriétaire avec sa conjointe Élysabeth Savard de la Boucherie Davis d’Arvida et du Dépanneur Voisin de Shipshaw, la vit également depuis la naissance de son fils Arthur, il y a deux mois et demi. Les jeunes parents étaient alors en pleine transaction pour l’acquisition du Dépanneur Voisin. « Quand nous sommes passés chez le notaire, notre garçon n’avait que quelques jours et il était avec nous ! […] Il n’y a pas vraiment eu de transition à faire. Il est toujours avec nous, au travail comme à la maison. Nous n’avons pas vraiment changé notre rythme de vie, mais nous avons quelqu’un de plus à transporter. C’est sûr qu’il y a un peu plus de logistique, mais ça s’est vraiment fait naturellement », indique le jeune père. Conciliation La conciliation entrepreneuriat-famille demande de l’organisation, surtout lorsque les enfants sont jeunes. Pour les trois pères, la clé, c’est de travailler en équipe avec leur conjointe. « Comme Élysabeth allaite, actuellement notre fils est plus avec elle, mais je m’occupe de lui aussi. Je prends aussi la relève pour certaines tâches. Au début, comme j’avais moins besoin de sommeil, je me levais plus la nuit. Je le changeais, je l’amenais à ma conjointe pour qu’elle puisse l’allaiter. Le jour, elle faisait des siestes aussi. C’est un travail d’équipe », affirme Emmanuel Ross-Morel. Le partage des tâches s’est aussi fait assez naturellement pour Dave Gosselin, entrepreneur en série aujourd’hui directeur général adjoint du Groupe Coderr et copropriétaire de Campin.ca. « Ma femme et moi sommes ensemble depuis 30 ans maintenant. Nous sommes un couple fort et uni. Nous nous connaissons bien et avons chacun nos tâches. Nous sommes assez synchronisés. À l’époque, je n’avais pas vraiment d’horaire, ça m’a permis d’être plus disponible », explique celui dont les trois enfants ont maintenant 25, 23 et 21 ans et qui est famille d’accueil pour une petite fille de six ans depuis quelques mois. Flexibilité La flexibilité liée au fait d’être son propre patron est un gros avantage pour les trois pères. « Avoir notre fils toujours avec nous, ce ne serait pas possible si nous étions employés. Ça simplifie les choses, par exemple pour les rendez-vous médicaux. Si un moment, ça va moins bien, on peut retourner à la maison. La question de trouver une garderie devient moins épineuse aussi », estime M. Ross-Morel. Monsieur Gosselin abonde en ce sens. Lorsqu’il a lancé sa première entreprise, à 21 ans, puis eu son premier enfant deux ans plus tard, sa conjointe, Karine, était encore aux études à l’université. « Quand tu es entrepreneur, tu peux travailler à toute heure du jour ou de la nuit. Tu peux faire l’horaire que tu veux. […] J’étais disponible pour les rendezvous, les enfants malades, etc. La flexibilité d’horaire compense l’exigence d’être chef d’entreprise », affirme-t-il. Hugo Gilbert considère pour sa part que le temps de qualité avec ses enfants est essentiel, que ce soit pour partager la passion pour la mécanique de l’aîné ou celle du basket-ball du plus jeune, ou encore pour faire du sport avec eux. « Je pense que le fait d’être mon propre patron me permet d’être présent pour mes fils et d’avoir beaucoup de temps libre avec eux. […] Nous arrivons à nous trouver des échappatoires où nous sommes bien ensemble et où nous mettons l’entreprise de côté. » Pères et entrepreneurs Des défis, mais beaucoup de bonheur Hugo Gilbert (troisième à partir de la gauche) en compagnie de son père Jasmin Gilbert (à gauche) et de ses fils Vincent, 14 ans, (deuxième à partir de la gauche) et Samuel, 16 ans. (Photo : Courtoisie) COMMENTAIRE ÉDITEUR Dave Gosselin en compagnie de ses enfants Félix, Léa, et Alain et sa conjointe Karine (deuxième à partir de la droite). (Photo: Courtoisie) par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com
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