Journal MAI 2020
P a g e 2 | MA I 2 0 2 0 I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I SAGUENAY – Après douze ans d’implication à titre de président du Syndicat National des Employés(es) de l’Aluminium d’Arvida (SNEAA), Alain Gagnon, a terminé, le 23 mars dernier, son quatrième mandat à la tête du SNEAA et a quitté définitivement son employeur Rio Tinto (RT) le 30 avril suivant. Portrait du parcours de ce visionnaire engagé et authentique, qui est considéré par beaucoup de décideurs écono- miques et politiques comme un important allié du développement régional. L’homme, qui a longuement préparé sa sortie, affirme avec conviction qu’il laisse une équipe de relève solide pour continuer le syndicalisme prag- matique stratégique, qu’il a contribué à mettre en place au cours de ses 18 ans de militantisme au SNEAA. Il s’agit de faire le maximum pour pré- server les postes de ses syndiqués, en les convaincant d’innover et de produire avec fierté le meilleur aluminium du monde. « Je prépare la transition depuis 2014. À la limite, il y en a neuf autour de la table qui auraient pu prendre le relais. Notre approche devrait se poursuivre, parce que j’ai toujours été transparent dans ma stratégie, et ce, depuis le 3 novembre 2008, au moment où j’ai été élu pour la première fois comme président du SNEAA », lance celui qui a été remplacé à la tête du syndicat par son collègue Donat Pearson. « C’était comme fermer l’Hydro et Gaz Métro! » Pour beaucoup d’observateurs de l’économie régionale, particulièrement de la grappe de l’aluminium, Alain Gagnon et son équipe sont considérés comme les sauveurs de la seule raffinerie d’alumine du Canada, l’Usine Vaudreuil, dont la fermeture avait été annoncée dès janvier 2009 par Rio Tinto. « Début janvier 2009, en pleine crise économique et deux mois après mon arrivée à la présidence du syndicat, je suis convoqué par la compagnie qui m’annonce qu’on doit préparer la fermeture de l’Usine Vaudreuil et des précuites. À l’époque, tout le monde parlait de l’entente secrète passée entre le gouvernement de Jean Charest et Rio Tinto concernant une série de fermetures d’usine qui compensait pour la continuité des opérations et la promesse de la construction sur 10 ans d’une nouvelle usine de remplacement sur la technologie AP-50 ». « Ça n’avait pas de bon sens. Là, on a commencé à interpeller le milieu politi- que régional et le socio-économique. Je me suis aussi servi des partis d’opposi- tion à Québec. On a aussi travaillé avec des économistes pour démontrer que fermer ces installations chez nous, c’était comme de fermer l’Hydro et Gaz Métro en même temps pour Montréal. L’équivalent de supprimer 42 000 jobs dans la métropole! On s’est ensuite attaqué à démontrer la valeur ajoutée de Vaudreuil. En avril 2009, on est allé présenter notre plan à Londres, à l’assemblée annuelle des actionnai- res de Rio Tinto. Je ne sais pas quel impact réel on a eu là, mais au moins on a essayé », assure Alain Gagnon. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, la raffine- rie d’alumine est toujours en exploita- tion, notamment parce qu’Alain Gagnon a convaincu ses syndiqués de prouver à la compagnie que Vaudreuil pouvait être rentable. Depuis lors, l’usine a fracassé régulièrement des records de production. Sans compter que le lobbying efficace d’Alain Gagnon a permis de garder en opération les précuites jusqu’en 2025, sauvegardant ainsi des milliers d’emplois directs et indirects en plus d’assurer la survie de nombreuses PME de la région. Complexe Jonquière fermé six fois L’Usine Vaudreuil demeure une des seules au monde à ne pas être instal- lée sur le site d’une mine de bauxite. « Ma plus grande fierté, c’est Vaudreuil. Les gars et les filles ont suivi et nous ont fait confiance et on a trouvé des solutions. C’est grâce à eux qu’on a obtenu le projet Vaudreuil 2022. Notre alumine est la meilleure au monde, on bat le marché partout sur la planète, même si nous on doit tenir compte du coût du transport alors que toutes les autres usines sont construites sur des gisements de bauxite. Avant de partir, j’aurais aimé voir Vaudreuil augmenter la produc- tion pour rendre les usines de la région autonome, en alumine », lance-t-il songeur. S’il reste beaucoup à faire à son successeur, la suite a été tracée par les nombreux combats menés par Alain Gagnon au cours de ses quatre mandats comme prési- dent. « J’ai été convoqué six fois en 12 ans par la compagnie pour m’annoncer qu’ils fermaient le Complexe Jonquière. Et on est encore là. Avec Donat Pearson, je suis certain de laisser la suite entre bonnes mains ». Un allié des PME Parallèlement à ses efforts pour la sau- vegarde des installations du complexe Jonquière, Alain Gagnon s’est grande- ment impliqué auprès des organisa- tions de développement socio-écono- miques régionales, notamment auprès de la Société de la Vallée de l’alumi- nium (SVA). « J’ai siégé auprès d’une douzaine de conseils d’administration au cours des dernières années. La SVA et le milieu de la 2e et 3e transfor- mation de l’aluminium vont définitive- ment me manquer », avoue-t-il. Au- delà de protéger ses syndiqués, l’homme assure avoir toujours eu un souci pour le développement économi- que régional et l’importance des PME dans le giron d’un grand donneur d’ordres comme RT. « Je suis un régio- naliste pur et dur. Il faut soigner les petites entreprises, on en a besoin pour approvisionner Rio Tinto. S’il n’y a pas de petits ménés, il n’y a pas de gros poissons », lance-t-il dans son langage imagé. Alain Gagnon, président du SNEAA Un allié de l’économie régionale à la retraite Alain Gagnon dans son bureau du SNEAA. (Photo : Archives) Photo à la UNE Alain Gagnon devant un lot de billettes d’aluminium. Bien entendu, il s’agit d’un montage, réalisé par la firme Kréa2. (Photos : Guy Bouchard) par Guy Bouchard PRÉSIDENT ET ÉDITEUR guybouchard@informeaffaires.com INSPIRATION
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