Journal MAI 2020

I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I MA I 2 0 2 0 | P a g e 2 9 SAGUENAY – La pandémie de COVID-19 a freiné plusieurs entre- prises dans leur développement, notamment chez Altitude Conception de Chicoutimi, qui s’apprêtait à construire une nou- velle usine de 1 M$ sur un terrain situé à proximité des rues Des Actionnaires et Colette, dans le Parc industriel du Haut-Saguenay. Évidemment, tout est sur la glace avec la fermeture des services non essentiels décrétée par le premier ministre François Legault le 21 mars dernier. « En l’espace de quelques jours, tout a changé. On ne sait pas ce qui va arriver avec nos contrats et nos activités. Même si nos locaux actuels ne sont pas optimaux, du moins, ils ne l’étaient pas avant la crise, il fallait prendre la décision de remettre notre projet d’expansion. Il reste maintenant à savoir jusqu’à quand», explique Christine Gagnon, la copropriétaire d’Altitude Conception. Initialement, l’entrevue avec l’entrepreneure avait pour but de parler de tous les projets sur la table, surtout des répercussions de sa mission économique effectuée à la fin janvier à Paris et en Belgique. «Nous avons rencontré des dirigeants de grosses entreprises comme le Coq Sportif, un emblème national en France. Ils nous ont approchés parce qu’ils veulent redorer leur image, rajeunir leur marque et nos tuques de notre division Flocon ont le vent dans les voiles depuis l’an dernier. Nous devions retourner là- bas, en septembre, mais il faudra reporter tout cela quand il y aura une reprise économique, d’ici deux ans peut-être ? », s’interroge la femme d’affaires. Secteur aéronautique D’autre part, une rencontre avec Air France a également fait l’objet de pourparlers lors de cette mission avec leur partenaire Air Base de Montréal. Il faut dire que cette dernière œuvre aussi dans l’aéronautique, secteur qu’elle avait un peu délaissé jusqu’à ce que la compagnie Air Base communique avec elle l’été dernier. « Ils font des cabines, de la cloison, de sièges à systèmes électroniques, etc. Ils ont aussi un atelier de couture et de production où ils procèdent au recou- vrement de sièges, d’appuie-têtes. Ils n’ont pas assez une grosse équipe et ils souhaitent que la production demeure au Québec et se fasse ici en région. Ils cherchaient un collabora- teur comme nous pour pouvoir pren- dre le département de prototypes et le surplus de fabrication. Nous avons eu quelques contrats comme les chaises dans les salles d’attente pour Air Canada et nos prototypes (logo sur les appui-têtes, housse de dossier, housse de siège, etc.) Mais, encore là, les choses ont changé. Au lieu de commencer à faire des con- trats avec eux et étant donné que le secteur aéronautique est l’un des premiers touchés par la crise de la COVID-19, tout cela a aussi été retar- dé», se désole Christine Gagnon. Cinq divisions Altitude Conception compte cinq divisions : rembourrage, aéronauti- que, nautique, conception, réparation et Flocon (tuques, foulards, mitaines, ligne de vêtements pour enfants). Elle fait notamment affaire avec d’autres grandes entreprises comme Rio Tinto, STAS, Réfraco Fonderie Saguenay, la Ville de Saguenay, en plus d’être le fournisseur d’Hydro- Québec pour les toiles de nacelle spécialisées, et ce, à l’échelle de la province. Enfin, tout juste avant la fermeture des entreprises et commer- ces non essentiels, Christine Gagnon a également voulu participer à la guerre contre le nouveau coronavirus en fabriquant des masques stylisés pour rassurer la population en général. Inf. : altitudeconception.com/ Expansion remise pour Altitude Conception COVID-19 par Dominique Savard dsavard@informeaffaires.com Christine Gagnon, la copropriétaire d’Altitude Conception. (Photo : Dominique Savard) Roger Boivin est issu d’une famille d’entrepreneurs établie à La Baie depuis sept générations. Sa carrière de plus de trente ans en développement économique l’a amené à oeuvrer aux niveaux municipal, régional, québécois et canadien. Depuis 10 ans, il est président du Groupe Performance Stratégique, une firme spécialisée en développement économique, communications et conseils stratégiques. À ce titre, il a été au coeur de la stratégie «ON Y VA» des travailleurs d’ALCAN ayant conduit à l’établissement au Saguenay de l’usine AP-60, il a contribué significativement à la stratégie ayant conduit au redémarrage de la papeterie de Dolbeau-Mistassini et a recruté la compagnie Américaine Century Aluminium qui a récemment étudié le projet d’implanter une aluminerie dans la MRC Maria-Chapdelaine. RELANCE POST-PANDÉMIE 41 500 EMPLOIS EN JEU DANS LA RÉGION Les sévères mesures de confinement liées à la Covid-19, ont eu des impacts extraordinaires et immédiats sur l’emploi au Saguenay–Lac-Saint- Jean. Mises en place au milieu de mars, ces me- sures d’exception ont fait perdre leurs emplois à 41 500 personnes dans la région, en moins d’une semaine. Pour se donner une idée, c’est comme si on avait fait disparaître d’un seul coup, tous les emplois de Chicoutimi et d’Alma. Juste avant la pandémie, il y avait 8 500 personnes à la re- cherche d’un emploi dans la région, soit 6,2 % de la population active. En ajoutant les 41 500 pertes d’emplois liées à la pandémie, nous avons donc atteint quelque chose comme 50 000 personnes, soit 36,5 % de la population active sans emploi, du jamais vu vous vous en doutez bien. Au pire de la crise, seules 79 000 personnes ont pu garder leur emploi au Saguenay–Lac-Saint- Jean, soit le nombre de postes que la région affi- chait en 1966, un recul de 55 ans! Bien que sans emplois, les 41 500 personnes de la région tou- chées par la Covid-19 ont cependant pu bénéficier de divers programmes d’aide, dont la Prestation Canadienne d’Urgence. J’estime qu’environ 38 000 personnes du Saguenay–Lac-Saint-Jean y ont eu recours au plus fort de la crise. À partir de ce moment, le grand défi était de conti- nuer à lutter efficacement contre la pandémie et de retourner une partie de notre population au tra- vail de façon sécuritaire, bien sûr. La première étape en ce sens a été la mise en place d’un autre programme gouvernemental, la Subvention sala- riale d'urgence du Canada (SSUC) à la hauteur de 75 % de la masse salariale, qui a alors permis aux employeurs régionaux de rappeler au travail une partie de ces 41 500 personnes. Puis, le 20 avril, les travailleurs de la construction résidentielle de la région (un potentiel de 6 000 retours au travail) avaient l’autorisation de reprendre le boulot. Le 4 mai, les travailleurs du commerce de détail (hors centres commerciaux) recevaient à leur tour l’autorisation de se présenter au travail. C’est un potentiel de 6 500 retours au travail, dans ce cas- ci. Le 11 mai, environ 9 000 travailleurs du secteur manufacturier et de la construction indus- trielle et institutionnelle se verront à leur tour au- torisés à retourner au travail. Donc, dans la semaine du 11 mai, si toutes ces personnes ont pu effectivement reprendre le collier, environ la moitié de l’ensemble de celles et ceux qui ont perdu leurs emplois en lien avec la Covid-19 aura repris le travail, ramenant le taux de travailleurs à la recherche d’un emploi dans la région autour de 20 %. A ce moment, quelque 20 000 personnes seront toujours privées de leurs emplois, principalement dans les centres commer- ciaux, l’hébergement, la restauration, les services personnels, le secteur des arts, les services professionnels et le secteur primaire. Retrouver effectivement le même nombre d’emplois qu’avant la pandémie sera probablement impossible. Par exemple, dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, où environ 6 000 postes perdus sont toujours en jeu dans 600 entreprises, certains économistes vont jusqu’à prévoir 50 % de fermetures définitives. Tous les chiffres en lien avec la pandémie sont énormes, et bien que nos gouvernements aient déployé rapidement de nombreux programmes de soutien, le retour à une situation économique stabilisée nécessitera lui aussi des efforts gigantesques de la part de nous tous. Nous avons donc collectivement beaucoup de pain sur la planche. C’est le défi de notre temps.

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