Journal MAI 2020
I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I MA I 2 0 2 0 | P a g e 3 SAGUENAY – « Si j’avais écouté mon père, je n’aurais jamais travaillé pour Alcan. Il ne voulait pas que ses enfants travaillent à l’usine. C’es pour ça qu’il nous a fait instruire », avoue le syndicaliste, dont le pater- nel était un cadre de haut niveau auprès de la multinationale et qui a travaillé 47 ans pour l’entreprise. Alain Gagnon se destinait davantage à une carrière en administration ou en finance quand il est entré à l’UQAC en 1979. Diplômé en mai 1983 de la première cohorte du programme Droit et gestion d’entreprise, le bachelier obtient deux offres d’emploi de la part de succursales d’institutions finan- cières dans la région. Il décide toutefois de travailler quelques mois pour l’Alcan dans l’objectif de se constituer un petit magot de départ. « En finissant mon bac, j’avais donné mon CV partout, notamment chez Abitibi-Price et à l’Alcan. Mon père était déçu que je choisisse l’Alcan quand ils m’ont appe- lé, parce qu’il disait que j’allais me gâter avec de gros salaires et que je ne voudrais plus sortir de l’usine. Il avait pas mal raison », lance le syndicaliste. Un autodidacte de l’économie Même s’il a facilement obtenu son diplôme en administration, Alain Gagnon, qui a ensuite passé 37 ans dans l’industrie de l’aluminium, se con- sidère comme un autodidacte de l’éco- nomie. « Je n’ai jamais cessé de m’intéresser à l’économie et aux affaires. Au cours des dernières années, j’ai fait un cours d’agent d’immeuble, un cours d’inspecteur en bâtiment et même un cours sur les impôts des particuliers et des commer- ces. Je lis beaucoup et je suis à l’affût de tout ce qui concerne l’économie et la mondialisation. Je pense vraiment que mes formations et mes lectures m’ont aidé dans mes défis à titre de président du SNEAA », explique-t-il. Aidant naturel pour ses collègues Dès ses premières années comme tra- vailleur chez Alcan, Alain Gagnon a démontré une préoccupation pour la qualité de son milieu de travail et le bien-être de ses collègues. « Je m’impliquais beaucoup auprès des autres gars quand je sentais que quel- que chose n’allait pas, un peu comme un aidant naturel. J’étais très à l’écoute et je m’imprégnais de l’ambiance. À l’occasion, quand je sentais que quelqu’un ne feelait pas bien et que son manque de concentration pouvait nuire à sa sécurité, je demandais à ma gang de le prendre en charge pour évi- ter les accidents », confie-t-il. Il ajoute qu’il a toujours eu le réflexe de défen- dre ses collègues quand il y avait appa- rence d’injustice. « J’ai tout le temps eu du mordant quand il était question de justice. Je déteste l’injustice et le mensonge et je peux parfois être un peu prime là-dessus », confie le retraité de 58 ans. Une proposition étonnante En juin 2002, Alain Gagnon travaillait comme opérateur au Centre de coulée 45, lorsqu’il a été convoqué par des officiers du SNEAA. Il s’attendait à une réprimande, puisqu’il avait eu une alter- cation avec un collègue quelques jours plus tôt. À son grand étonnement, ça n’avait aucun lien avec l’événement. On lui propose plutôt un poste d’officier sénior, alors qu’il n’avait jamais été impliqué pour le syndicat, pas même comme agent de grief. Il accepte l’offre sur le champ, y voyant une belle occasion de mettre encore davantage de l’avant son approche d’équité et de justice. « J’étais juste un employé à l’heure, mais ils avaient pro- bablement entendu parler de mon atti- tude sur le plancher et ils ont senti que je pouvais les aider », lance-t-il. L’aven- ture de six ans se passe si bien qu’elle l’amène à se présenter comme prési- dent du SNEAA, en novembre 2008. Il est porté à la présidence en relève de Claude Patry, qui décide à la dernière minute de ne pas se représenter. Il sera élu trois autres fois pour des man- dats consécutifs d’une durée de trois ans, les deux derniers sans opposition. Quelques réflexions Les projets : Alain Gagnon quitte avec le sentiment du devoir accompli, mais il aurait aimé voir quelques-uns des investissements projetés se concréti- ser. Notamment, l’augmentation de la capacité de l’Usine Vaudreuil, la deuxième phase d’AP-60 et le Complexe Alma 2. Rio Tinto : Alain Gagnon critique l’atti- tude de Rio Tinto en regard de la 2e et 3e transformation de l’aluminium. « Rio Tinto ne joue pas suffisamment son rôle de grand frère dans la transformation de l’aluminium. Ils n’ont aucune vision régionale, ce sont uni- quement des comptables. En plus, c’est très difficile pour une PME d’avoir de l’aluminium chaud ou en lingot quand ils ont un projet. » Les organis- mes : Il aurait aimé voir l’ensemble des organismes régionaux liés au développement de l’industrie de l’aluminium se regrouper et offrir un guichet unique aux entrepreneurs. Il garde espoir. Quelques défis à relever pour l’industrie : Parmi les quelques défis à relever pour l’industrie, le syndicaliste parle de: Redevenir la capitale mondiale de l’alu- minium. Pas pour le volume de produc- tion, mais en regard de l’expertise exceptionnelle que recèle la région, avec sa grappe de fournisseurs et d’équipementiers, le potentiel de nos chercheurs, nos infrastructures énergé- tiques et industrielles, nos organismes de développement, la qualité de nos ressources humaines et surtout, notre aluminium à faible empreinte carbone. « Il faut se rendre compte que beau- coup de pays à travers le monde vou- draient posséder les avantages extraor- dinaires que nous avons ici », confie Alain Gagnon, qui estime que nous pourrions faire infiniment plus et mieux avec ce que nous avons. De plus, dans le contexte incontournable du rouleau compresseur 4.0 et de l’automatisation, il estime qu’il faut rapidement convertir les opérateurs de nos usines en techni- ciens, pour des emplois plus intéres- sants et offrant un meilleur potentiel. À moyen terme, vivre l’arrivée d’un nou- vel acquéreur de la division aluminium de Rio Tinto. Il croit qu’un acheteur, qu’il se garde bien d’identifier, se profile à l’horizon. Un parcours atypique pour Alain Gagnon par Guy Bouchard PRÉSIDENT ET ÉDITEUR guybouchard@informeaffaires.com INSPIRATION L’équipe de Roger Boivin, mandataire du bureau de la SAAQ de La Baie, remercie chaleureusement la clientèle qui lui a été fidèle pendant toutes ces années. Bonne route!
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