Journal Mars 2021

I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I MA R S 2 0 2 1 | Pa g e 4 1 de leurs fournisseurs. Selon le baro- mètre sur l’achat responsable de 2016 réalisé par l’ECPAR (Espace de concertation sur les pratiques d’approvisionnement responsable), 90 % des 76 organisations canadien- nes qui ont participé à cette étude pratiquent l’achat responsable. Parmi celles-ci, 46 % ont déclaré que l’intégration totale du DD à leurs pratiques d’achat est un objectif de priorisation de leurs achats. Le troisième signal du marché énon- cé par Catherine Dufour Rannou con- cerne les nouvelles attentes de la main-d’œuvre au Québec. En effet, le fait d’adopter des pratiques de DD et d’être engagée comme PME serait un atout pour attirer les nouvelles géné- rations d’employés et les nouveaux talents qui sont de plus en plus conscientisés, en plus d’assurer la rétention de ceux déjà en place. Exigences des grands donneurs d’ordres Dans son accompagnement, SERDEX International, qui a soutenu près de 130 entreprises en 2019- 2020 dans leur démarche à l’exporta- tion par le biais de ses différentes activités, a intégré depuis deux ans une question sur le développement durable dans son questionnaire sur le diagnostic à l’exportation. « Les grands donneurs d’ordres dans le monde se donnent de plus en plus des politiques de développement durable et font descendre ces exigen- ces auprès de leurs fournisseurs. Avec la pandémie, ce sont les con- sommateurs qui demandent aussi de plus en plus aux entreprises qu’elles mettent en place des éléments de DD. Pour avoir une bonne image corporative et aussi par souci interne, celles-ci vont implanter des mesures, mais également auprès de leurs fournisseurs », explique Marilyne Simard. Entreprises de la région en bonne posture La conseillère explique également que dans ce contexte de DD, les PME de la région qui font de l’exportation se positionnent très bien parce qu’elles offrent des produits qui permettent à ces donneurs d’ordres d’avoir des processus qui sont plus efficients. «Nous sommes reconnus au niveau de la région pour être des fournis- seurs bien positionnés en termes d’environnement. Au Québec, il y a des exigences plus élevées et il y a fort à parier que s’inscrire dans cette mouvance-là va donner un avantage concurrentiel. Déjà, il y a beaucoup d’entreprises de la région, comme des équipementiers, qui font des pro- duits de haute technologie qui per- mettent la réduction des GES, des équipements qui vont assurer une transition environnementale. Ce qu’ils peuvent faire aussi, c’est d’être cohérents avec leurs produits. Ça veut dire de ne pas seulement faire des produits environnementaux et permettre à leurs clients d’être plus écologiques, mais d’eux-mêmes d’implanter des mesures à l’interne. Avant la pandémie, ça commençait à être demandé, et ça va l’être de plus en plus. » Les entreprises savent que ça s’en vient SERDEX recommande donc aux entreprises qu’il accompagne de se doter d’une politique de dévelop- pement durable et de faire ressortir cette approche avantageuse dans leur positionnement, comparé à leurs concurrents à l’international. « Il y a deux ans, notre question sur cette politique surprenait les entrepre- neurs et ce n’est plus le cas aujourd’hui. Quelques-unes ont déjà une politique qu’elles ont implantée, et il y en a beaucoup qui veulent le faire. Nous, ce qu’on tente de leur dire, c’est que dans la démarche de stratégie à la commercialisation dans leur positionnement d’affaires, ça en fait partie. C’est aussi une question de cohérence, car de plus en plus de consommateurs recherchent ces éléments-là. » Inf. : pmedurable02.com/ Inf. : serdex.com/ Marilyne Simard est conseillère à l’exportation et à la recherche chez SERDEX International. (Photo : Courtoisie) Roger Boivin est issu d’une famille d’entrepreneurs établie à La Baie depuis sept générations. Sa carrière de plus de trente ans en développement économique l’a amené à oeuvrer aux niveaux municipal, régional, québécois et canadien. Depuis 10 ans, il est président du Groupe Performance Stratégique, une firme spécialisée en développement économique, communications et conseils stratégiques. À ce titre, il a été au coeur de la stratégie «ON Y VA» des travailleurs d’ALCAN ayant conduit à l’établissement au Saguenay de l’usine AP-60, il a contribué significativement à la stratégie ayant conduit au redémarrage de la papeterie de Dolbeau-Mistassini et a recruté la compagnie Américaine Century Aluminium qui a récemment étudié le projet d’implanter une aluminerie dans la MRC Maria-Chapdelaine. L’ÉNERGIE AU SERVICE DES RÉGIONS DU QUÉBEC? TOUJOURS DEUX POIDS DEUX MESURES! La dernière trouvaille des bien-pensants du Québec des régions centrales pour révéler la vérité aux pauvres habitants d’une région-ressource comme le Saguenay– Lac-Saint-Jean m’a frappé comme une pierre en plein visage. Comme d’ici 2027, le Québec ne sera plus en surplus énergétique, l’Union des consommateurs a calculé, que pour réaliser un projet comme GNL au Saguenay, il faudra nécessairement construire de nouvelles installations de production qui coûtent très cher, ce qui doublera au moins l’augmentation prévue d’ici 2030 de la facture d’électricité de tous les Québécois. Rien que ça! Chers amis bien-pensants, savez-vous ce que c’est qu’un syllogisme? Non? Et bien en voici un bel exemple : le mur est blanc, la neige est blanche, donc le mur est en neige! Comme dans cette jolie petite phrase bien tournée, mais fort trompeuse, conclure qu’un projet régional comme GNL sera responsable à lui seul de doubler la majoration des coûts énergétiques de tout le Québec c’est, encore une fois, faire preuve de deux poids, deux mesures, à l’endroit des régions ressources. Mais comment me direz-vous? En oubliant commodément toute une partie de l’équation. En effet, depuis 2000, le Saguenay–Lac-Saint-Jean a retourné à Hydro-Québec plus de 600 MW d’énergie électrique, conséquence (heureuse pour le Québec des régions centrales) de la fermeture de toute une série d’usines (papeteries, scieries, fromageries, la moitié de l’aluminerie Arvida, etc.). L’approvisionnement électrique de toutes ces installations industrielles était assuré par des installations évidemment mises en service bien avant l’an 2000 et dont le coût de production était extrêmement bas. HQ a économisé 4 G$ provenant de la région! À partir de chiffres connus, on peut calculer, qu’Hydro- Québec a pu tirer annuellement autour de 200 millions de profits supplémentaires du «retour» de ces 600 MW, soit environ 4 milliards en 20 ans. Mais pour l’Union des consommateurs, si nous avons à nouveau besoin de ce 600 MW pour réaliser un projet comme GNL, alors là non, on ne peut plus en tenir compte. Ainsi, quand notre région retourne de l’électricité très rentable au Québec, ça c’est acceptable, mais quand le Saguenay–Lac-Saint-Jean en a besoin, alors là c’est inacceptable, parce que c’est hors de prix de nous la retourner!!! Et le Fonds des générations??? Un autre bel exemple de l’édifiante vision de deux poids, deux mesures à l’endroit des régions-ressources, est l’habile mécanisme de financement du Fonds des générations. En effet, ce fonds, dont le vertueux objectif est de contribuer à rembourser la dette de TOUS les Québécois, est curieusement financé 6.5 fois de plus par les habitants des régions-ressources, que par ceux des régions centrales du Québec!!! Une formalité qui génère une ponction supplémentaire à même les régions- ressources, de plus d’un milliard juste cette année ! Par ailleurs, depuis 1980, avec un développement économique en perte de vitesse par rapport au reste du Québec, le Saguenay–Lac-Saint-Jean a malheureusement déjà perdu 23 500 habitants et nous allons en perdre un autre 15 500 dans les 20 prochaines années, soit une baisse de 39 000 habitants ou de près de 14 % si on ne fait rien… Pendant ce temps, le reste du Québec aura vu sa population s’accroître de près de 45 %... Nous devons réagir, maintenant! Nous sommes bien plus que des paysages! Nous sommes de fiers Québécois, nous n’avons aucun problème à contribuer de nos efforts et de nos richesses au développement de tout le Québec. Par contre, attention au discours que certains bien-pensants des régions centrales nous tiennent trop souvent, en nous considérant comme une simple réserve de ressources, de paysages ou de travailleurs dyna- miques au service des grands centres. Nous habitons ce territoire de façon permanente et, nous aussi, nous ré- fléchissons aux meilleurs moyens pour continuer à le mettre en valeur, de façon durable, à notre bénéfice et à celui des générations futures. Le GNL le plus propre au monde! Quant au procès tous azimuts tenu par ces mêmes bien-pensants, à l’endroit du projet GNL, une énergie de transition dont le monde a pourtant grand besoin, nous pouvons bien sûr refuser de le produire ici, au Québec, le GNL le plus propre au monde. Il sera alors simplement fabriqué par d’autres, ailleurs dans le monde, en émettant 85 % plus de GES que si nous l’avions réalisé chez nous. Sans compter que par le fait même des milliards de retombées économiques, risquent d’échapper Saguenay– Lac-Saint-Jean et à l’ensemble du Québec post-pandémie. A-t-on vraiment les moyens de s’en passer? Poser la question, c’est y répondre!

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