Journal Mars 2021

I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I MA R S 2 0 2 1 | Pa g e 5 SAGUENAY – Selon Marc-Urbain Proulx, Saguenay a, somme toute, réussi la fusion municipale au niveau de la gestion de la grande ville, mais ce constat est beaucoup moins clair du côté économique, notamment pour son impact sur l’ensemble de la région. L’homme avoue qu’il n’y a pas d’étude ou de données probantes spécifiques pour soutenir ou infirmer cette idée, 20 ans après l’annonce par décret gouvernemental du regrou- pement des sept municipalités concernées. «Saguenay a réussi la fusion munici- pale au niveau de la gestion, malgré un héritage pas possible au niveau des équipements et du nombre d’édi- fices. À court terme, c’était certain qu’on ne pouvait pas sauver d’argent, mais après 20 ans, on commence à avoir des économies d’échelle. Il y a encore des tensions et des débats, mais la fusion, au niveau des services municipaux et des finances, peut être considérée comme assez bien réussie, même si la dette est énorme», mentionne M. Proulx dans un premier temps. Au point de vue économique, le cons- tat de l’enseignant est moins rose. «Nos attentes sur la ville de Saguenay étaient énormes à la fin des années 90 quand la ministre Louise Harel a décidé de faire la réforme municipale. On s’attendait à créer une force impor- tante et à ce que Saguenay devienne un leader, un planificateur principal de l’avenir non seulement dans la grande ville, mais au niveau régional et même au-delà. » Il avoue, toutefois, que la responsabilité de cet état de fait n’incombe pas uniquement aux politi- ciens et cadres de la municipalité qui se sont succédé au cours de ces années. Saguenay pas seule dans la ronde «Saguenay n’est pas le seul planifica- teur ou intervenant en développement économique à avoir un impact, même si on s’attend à ce que la Ville joue le rôle principal. Il y a au moins cinq autres groupes de planificateurs ou d’intervenants économiques majeurs qui n’ont pas de liens avec la Ville. Il y a les grandes entreprises comme RTA, PFR, CGI, le génie-conseil, les boîtes d’architectes, etc. qui ont leurs propres plans et agendas. On retrouve aussi les services publics non municipaux comme la santé, l’éduca- tion, les centres de recherche, les centres de services scolaires, Emploi Québec et son volet de formation professionnelle, le MTQ, Emploi Canada, etc. En fait, 76 à 78 % du budget du secteur public à Saguenay ne dépend pas de la Ville. C’est une donnée quand même importante», soutient Marc-Urbain Proulx. Parmi les autres groupes de planifica- teurs indépendants de Saguenay, on retrouve de gros acteurs du secteur public comme Hydro-Québec, mais aussi les organismes sectoriels comme la SVA, le CQRDA ou Transal, ainsi que les pouvoirs périphé- riques comme la MRC du Fjord, les municipalités environnantes, les MRC du Lac-Saint-Jean qui ont leurs propres stratégies et dynamiques, sans compter les directions régionales des différents ministères qui relèvent des autres paliers gouvernementaux. La société civile organisée qui influence le développement économi- que, comme les chambres de com- merce et les groupes environnemen- taux, fait aussi partie du lot de planifica- teurs indépendants à la ville de Saguenay. Un rôle de mobilisateur « Il est difficile de dire si la fusion a été bonne ou pas au niveau économique, car il n’y a pas seulement la ville d’impliquée. Il y a plein d’autres joueurs comme mentionnés ci-dessus et Saguenay, qui fait son possible, n’a pas les coudées franches et n’a pas été capable de mobiliser tout ce beau monde autour d’une même table. La grande ville n’a pas été capable de jouer son rôle d’animateur de la réflexion économique pour Saguenay et elle a échoué à mobiliser les princi- paux joueurs économiques. Est-ce que ça aurait été mieux si elle avait réussi ? Je pense que oui, car au moins, on aurait une force supérieure», laisse tomber l’enseignant. M. Proulx souligne également dans son constat l’impact qu’ont eu sur l’économie régionale la robotisation ou les tech- nologies d’intelligence artificielle en cours d’installation dans les principa- les usines, les rationalisations de la grande entreprise, les fermetures de cinq usines (Cartonnerie de Jonquière, papetière de La Baie, Novelis, l’Usine Saguenay, l’usine de pare-chocs et les cuves Soderberg) ont causé la perte de 5500 à 6000 bons emplois. Déclin démographique, une fatalité? «La grande industrie a toujours son importance, mais force est de constater que le secteur tertiaire supérieur, qui comprend les technologies de l’information et des communications (comme celles de CGI, de Nordia et d’Ubisoft, les secteurs du génie de l’architecture, de la comptabilité, de la culture, de l’éducation supérieure et de la recherche) a été négligé. Il faudrait regarder ce qui se passe et savoir où on s’en va, car il n’y a pas de bilan. On sait qu’on est en déclin démographique, mais ça ne nous cho- que plus. C’est comme si on l’avait accepté», lance le chercheur. Marc-Urbain Proulx fait ici référence à l’Étude sur les villes canadiennes en perte de population, réalisée en 2018 par Jean-Philippe Meloche de l’Université de Montréal et trois colla- borateurs. Ce document souligne notamment qu’à Saguenay, «on a tendance à minimiser le déclin démo- graphique et que, malgré une recon- naissance des faits concernant cette décroissance de la population, plusieurs demeurent optimistes quant à l’augmentation future de la popula- tion. Certains remettent même en question la crédibilité des projections démographiques officielles pour la région de Saguenay, soulevant le fait que ces dernières se sont avérées inexactes par le passé. L’acceptation d’un déclin futur est aussi associée au pessimisme par certains participants», peut-on notamment y apprendre. Inf. : muproulx.com (Voir autre texte page 4) Fusion Saguenay : les constats de Marc-Urbain Proulx MUNICIPAL N.D.L.R. : Il y a près de 20 ans, le décret 841-2001 du 27 juin 2001 du gouvernement du Québec concer- nant le regroupement de sept muni- cipalités a été adopté pour créer la grande ville de Saguenay. Au terme de deux décennies de fusion, Informe Affaires a interpellé le professeur en Sciences économi- ques et administratives de l’UQAC, Marc-Urbain Proulx pour qu’il trace un constat «économique» de cette importante étape pour la région. par Dominique Savard dsavard@informeaffaires.com BUREAU 1934, rue Davis, suite 101, Saguenay, Québec, G7S 3B6 Tél. : 418 548-7100 • 418 548-6462 www.informeaffaires.com PRÉSIDENT ET ÉDITEUR Guy Bouchard guybouchard@informeaffaires.com Cell. : 418 698-6462 VENTES ET MARKETING Maxime Tremblay DIRECTEUR DES VENTES mtremblay@informeaffaires.com Tél. : 418 548-7100 Cell. : 418 944-8892 Dominique Bérubé REPRÉSENTANTE AUX VENTES dberube@informeaffaires.com Tél. : 418 548-7100 Cell. : 418 815-7000 France Cloutier REPRÉSENTANTE PUBLICITAIRE fcloutier@informeaffaires.com Tél. : 418 548-7100 Cell. : 581 668-3147 RÉDACTION Maxime Hébert-Levesque JOURNALISTE mhlevesque@informeaffaires.com Tél. : 418 548-7100 Cell. : 450 341-1426 Dominique Savard JOURNALISTE dsavard@informeaffaires.com Tél. : 418 548-7100 Cell. : 418 812-9797 Karine Boivin Forcier Journaliste kbforcier@informeaffaires.com Tél. : 418 548-7100 Cell. : 418 540-3716 Édité par le Groupe Informe Affaires 1934, rue Davis, suite 101, Saguenay Tél. : 418 548-7100 www.informeaffaires.com DÉPÔT LÉGAL : Bibliothèque et Archives nationales Québec DISTRIBUTION Postes Canada et Transcol Le mensuel économique Informe Affaires est distribué dans les entreprises de Saguenay, dans les quatre MRC de la région et dans le secteur de Chibougamau-Chapais. 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