Journal novembre 2021
Pa g e 2 6 | NOV EMB R E 2 0 2 1 I N F ORME A F FA I R E S , L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – La question de la relève dans le milieu culturel est complexe. Pour Jean-Paul Quéinnec, professeur de théâtre et directeur du Département des arts, des let- tres et du langage à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), elle se divise en deux axes : les structu- res culturelles et les artisans qui œuvrent dans ces structures. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, plu- sieurs structures culturelles sont opé- rées par des gens qui approchent la fin de leur carrière. La relève est donc une préoccupation pour ces artisans du milieu culturel. « Je sens que les gens s’interrogent davantage sur la passation d’outils culturels. […] Ces gens qui ont travaillé pendant 30 ou 40 ans, ils ne peuvent pas laisser le paysage fructueux et dynamique qu’ils ont réussi à mettre en place comme ça. Ils sont à la recherche d’une passation constructive, pas seulement de nominations du jour au lendemain », souligne M. Quéinnec. Il cite l’exemple du Théâtre CRI, en pleine passation entre Guylaine Rivard et Marilyne Renaud. Lors des Journées de la culture, devant public, Mme Rivard a transmis sa mise en scène et son jeu, sur sa dernière création, un solo. « Pour moi, il y a une intelligence de la part de Guylaine à rendre ça public. À faire en sorte que les gens se rendent compte que ce n’est pas administratif, que c’est une vie derrière ces structu- res […] et que la transmission, c’est aussi un rapport sensible. » Le professeur croit que la relève, c’est surtout la question de l’avenir, et que le milieu culturel régional a l’intelli- gence, actuellement, de se question- ner sur ce qui a été fait jusqu’à présent pour offrir un avenir à ceux qui vont venir. « On a une particularité, ici au Saguenay–Lac-Saint-Jean, c’est le sentiment de communauté. Cette communauté fait que, autour des tables de compétences de Culture Saguenay–Lac-Saint-Jean (Culture SLSJ), des propos très constructifs ont lieu, en termes de formation, de locaux. Ces gens veulent que les pro- chains aient des moyens pérennes pour travailler », affirme-t-il. Attirer les jeunes artistes Selon Jean-Paul Quéinnec, établi au Saguenay depuis 15 ans, les artistes de la région ont une formation très interdisciplinaire et interculturelle, ce qui est avantageux pour attirer la relève. « La plupart des propositions intéressent les jeunes artistes parce qu’ils sont complètement décloison- nés des principes traditionnels. Par exemple, même si ce sont des gens qui aiment profondément le théâtre, ils vont aller chercher ça avec de la vidéo, de la musique, des sculpteurs, des poètes, des photographes. Ça, ça attire beaucoup la relève, parce qu’aujourd’hui, les jeunes sont très émancipés de leur appartenance. On a une plus grande fluidité et les artis- tes qui sont aujourd’hui dans la région ont très bien compris ça », illustre-t-il. Par ailleurs, la région offre un par- cours constructif aux artistes dès le plus jeune âge, même au primaire. Ce parcours se poursuit jusqu’au bac- calauréat et à la maîtrise à l’UQAC, alors que les enseignants travaillent à mettre en place un programme de doctorat. « On s’est donné les moyens de construire des mécani- ques et possibilités fiables, sérieuses, institutionnelles offrant des parcours très ancrés et experts. Sans quitter la région, ils peuvent aller très loin dans leur formation. » Il y a par contre toute la question des subventions et des moyens, qui n’ont pas beaucoup évolué en 10 ans et qui ne sont pas disponibles en grande quantité. « Comment faire pour que ces gens qui existent depuis 20-30 ans continuent d’avoir du travail, mais aient les moyens d’attirer des jeunes dans leurs créations? Ils doivent maintenir leurs relations avec les gens qui ont cons- truit avec eux leurs structures et en même temps, il faut qu’ils ouvrent la porte à des jeunes, mais l’argent ne se multiplie pas », rappelle M. Quéinnec. Un conservatoire de théâtre? Jean-Paul Quéinnec lance l’idée de mettre en place un conservatoire de théâtre dans la région, en collabora- tion avec l’UQAC et le milieu. Il sou- haiterait une forme de zone com- mune, plus souple, où le milieu pour- rait venir enseigner. La région compte déjà un conservatoire de musique très performant et l’enseignant sou- haiterait voir la même chose dans le domaine théâtral. « J’aime l’idée que la région ait son conservatoire régio- nal aussi important que ceux de Montréal ou Québec. On a un vrai bassin d’artistes professionnels, ils ont une vraie reconnaissance natio- nale et internationale. Il est temps d’avoir des infrastructures qui les représentent ici. On a l’expertise », conclut-il. La relève en culture, une question complexe L’exposition Mémoire vive organisée par James Partaik à la Galerie de L’œuvre de L’autre à l’UQAC. (Photo: James Partaik) par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com FJORD DU Découvrez le • 4 1 8 muse Y SA s secrets du GUENA 5 0 7 7 • 6 9 7 edufjord.com I R C E R Q A • S N O • O P X S I T I U E X A U T d’invertébrés poissons et spécimens de 850 Plus de A I D M • M U I É L M • S N O I S U Espace de découverte Expositions temporai Expérie et bassin d Aquarium de sur les insectes res captivantes nce multimédia e manipulation litres 53 000 Exposi 3346, boul. de la G tion permanente sur l’his rande-Baie Sud, La Baie toire régionale
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