Journal Octobre 2019

P a g e 2 0 | OC TOBRE 2 0 1 9 I N FORME A F FA I RE S , L E MENSUE L ÉCONOM I QUE D ’ I C I SAGUENAY – Les prospecteurs constituent un premier maillon de la chaîne qui mène, potentielle- ment, au développement d’une mine. Le métier a grandement évo- lué depuis les débuts de l’explora- tion minière, si bien que le Saguenay–Lac-Saint-Jean est la seule région au Québec dont l’association de prospecteurs est restée vivante à travers le temps. L’organisation se destine aujourd’hui à soutenir ses membres dans leurs démarches sur le terrain pour faciliter leur recherche d’indices miniers, à leur transmettre l’information et à les tenir au courant des nouvelles tech- nologies et avancées dans ce sec- teur. « Notre association a déjà eu 80 membres, mais nous sommes une quarantaine maintenant. Nous avons une dizaine de membres plus actifs. […] Nous avons aussi trois nouveaux prospecteurs plus jeunes qui ont adhéré », souligne le président de l’Association des prospecteurs du S a g u e n a y – L a c - S a i n t - J e a n (APSLSJ), Gervais Simard. L’APSLSJ organise aussi des grou- pes de formation pour ceux qui sou- haitent devenir prospecteurs, en collaboration avec un géologue de la région. « On attend d’avoir une dizaine de personne pour former un groupe. […] Avec notre site Web, maintenant, les gens peuvent nous contacter plus facilement et on a des demandes de l’extérieur de la région », explique M. Simard. Trouver des indices Les prospecteurs sont souvent les premiers sur le terrain, ceux qui découvrent de nouveaux indices miniers. « On a des cours de pros- pection de base, sur les minéraux, les formations géologiques et comment aller dans les bois ou les champs pour faire de la prospection. On apprend quelle sorte de minéraux on peut trouver dans les formations géo- logiques et à les identifier », note le président de l’APSLSJ, qui a débuté dans le métier en 1993 avec le Fonds minier, qui formait des prospecteurs dans la région. Si, à l’époque, les prospecteurs se rendaient sur le terrain, recherchaient les minéraux, faisaient analyser leurs découvertes et prenaient un claim lorsque les teneurs étaient bonnes, de nos jours, ils doivent plutôt prendre un claim désigné sur carte avant de se rendre sur le terrain. Ainsi, des frais sont engagés avant même de savoir si des minéraux seront trouvés. Toutefois, avec les nouveaux outils technologiques, il est parfois plus facile de se préparer. « On a un meilleur point de base avec les cartes numériques. On peut voir les anciens indices, par exemple. Souvent, il y a des prospecteurs qui vont retourner sur les sites d’anciennes mines ou d’anciens indices, parce que les tech- niques d’aujourd’hui sont plus avan- cées et permettent de trouver ou d’exploiter ce qu’on ne pouvait pas avant », révèle Gervais Simard. De l’indice à la mine Lorsqu’un prospecteur trouve un indice minier qui pourrait être exploi- table, son but est ensuite de vendre (ou de faire optionner) la propriété par une entreprise minière junior ou senior. « Les prospecteurs trouvent l’indice, ensuite c’est la compagnie junior ou senior qui trouve la mine. Le prospecteur n’a souvent pas les moyens financiers pour faire les démarches qui permettent de voir s’il y a un gisement exploitable, comme les relevés géophysiques, etc. », indique M. Simard. L’entreprise peut alors engager le prospecteur afin qu’il poursuive le tra- vail. Elle paie aussi des royautés sur la propriété, par exemple un montant d’argent réparti sur un certain nombre d’années. Un pourcentage est aussi accordé, en général, si la mine se développe finalement. Mentionnons que les prospecteurs peuvent tra- vailler à leur compte ou être engagés par une entreprise dès le départ pour faire de la prospection. Selon le président de l’APSLSJ, l’intérêt pour un minéral donné vient par vague. Il a ainsi constaté selon les époques, dans la région, un engouement pour le nickel, le cuivre, le cobalt, le granit et la labradorite. « En ce moment, c’est le lithium. Tout le monde veut en trouver », conclut-il. Inf. : prospecteur-saglac.com/ Prospecteurs : le métier toujours vivant chez nous Des prospecteurs lors d’une sortie collective organisée par l’APSLSJ. (Photo courtoisie) par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com Fédéric Bergeron : la passion des gemmes SAGUENAY – Passionné de roches et minéraux depuis sa plus tendre enfance, Frédéric Bergeron est devenu prospecteur au fil de ses expériences de vie. Également joaillier, il combine ingénieusement ces deux profes- sions. Après un diplôme d’études profes- sionnelles en joaillerie, il a lancé, à 18 ans, sa première entreprise d’impor- tation et d’exportations de minéraux, pierres gemmes et pierres précieu- ses, ce qui l’a amené à voyager aux États-Unis et en Europe et à effectuer des stages auprès de maîtres joailliers. « J’ai toujours aimé les gemmes. J’ai toujours eu l’objectif de montrer qu’on peut en trouver ici. […] Mon appro- che, comme les hivers sont froids au Québec et qu’on ne peut pas vrai- ment faire de prospection, était de fabriquer mes bijoux et faire mes voyages à l’étranger l’hiver. L’été, j’utilisais les gains du commerce pour faire de l’exploration et rechercher des gemmes au Canada », souligne le joaillier. Un point tournant Le rêve de Frédéric Bergeron de trou- ver des gemmes plus précieuses s’est réalisé en 2007-2008, lorsqu’un prospecteur de la Côte-Nord lui a demandé son avis après avoir trouvé une pierre bleue. Après analyse, M. Bergeron a pu confirmer qu’il s’agissait d’un béryl de variété aigue- marine. « Mon étonnement était tel que j’ai demandé au prospecteur si je pouvais aller sur le site pour voir la découverte de mes propres yeux. Après entente avec le prospecteur, j’ai procédé à l’extraction de ce qui est finalement la plus grande pierre gemme répertoriée au Canada : un cristal complet de 50 kilogrammes », révèle-t-il. Cette découverte a été un point tour- nant dans la carrière du jeune pros- pecteur, qui a décidé de fonder, en 2012, sa propre entreprise de servi- ces en exploration minière, Magnor Exploration. « Je me suis rendu compte qu’il y avait un réel besoin dans l’industrie pour des gens comme moi », explique-t-il. Depuis 2018, Magnor compte une filiale, Periodic Resources, qui se consacre à l’exploi- tation, pour l’instant d’une carrière de granulats denses dans les monts Valin. Si le prospecteur a élargi ses hori- zons en matière d’exploration (il a d’ailleurs fait une belle découverte de cuivre dans la région cet été), il garde toujours l’œil ouvert pour déceler les indices qui pourraient faire penser à la présence de gemmes sur le terrain. La joaillerie occupe encore une partie de ses activités, alors qu’il vend ses créations aux croisiéristes, notamment, au quai des croisières, à La Baie. par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com

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