Pa g e 2 2 | OC TOB R E 2 0 2 2 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I SAGUENAY – Le secteur de l’aluminium n’est pas épargné par le contexte économique mondial difficile. Après un sommet historique en mars, le prix du métal gris accusait d’ailleurs, début octobre une baisse de 22 % par rapport à janvier. La prime du Midwest, qui bonifie le prix de chaque tonne d’aluminium primaire livrée en Amérique du Nord, a quant à elle diminué de 55 %. La hausse entraînée en début d’année par la guerre en Ukraine et les sanctions économiques occidentales n’a pas résisté aux autres facteurs qui perturbent les marchés mondiaux, dont la crise énergétique en Europe. Également liée à la guerre, l’explosion du coût de l’énergie sur ce continent est en train de changer la donne dans l’industrie de l’aluminium, selon le président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC), Jean Simard. Les producteurs industriels européens ont en effet vu leur facture de gaz naturel multipliée par 12 en quelques semaines. « C’est dévastateur. Leur capacité de production d’aluminium diminue. Ils ont perdu un million de tonnes de capacité depuis le mois de janvier et on s’attend à ce qu’ils en perdent un autre 500 000 tonnes », précise-t-il, rappelant que les alumineries sont de grands consommateurs d’énergie et que son coût a un impact sérieux sur leur compétitivité. Producteurs québécois Ce contexte se combine aux sanctions économiques occidentales contre la Russie, troisième producteur mondial d’aluminium, qui rend difficile la vente d’aluminium russe sur les marchés mondiaux. « Le métal russe n’est pas sanctionné, c’est toujours légal de le transiger, mais plus personne n’en veut. Les marchés se referment », indique Jean Simard. On pourrait croire que cette situation sera bénéfique pour les alumineries québécoises, mais ce n’est pas le cas. En réalité, il est peu probable qu’ils puissent tirer partie des difficultés vécues en Europe. D’abord, la crise énergétique fait en sorte que plusieurs secteurs industriels européens tournent également au ralenti, laissant planer la possibilité d’une récession. Conséquemment, la demande pour le métal gris est en forte diminution sur ce continent. En outre, nos usines produisent déjà à 93 % de leur capacité. Entre janvier et juillet 2022, 99 % des exportations canadiennes d’aluminium primaire étaient dirigées vers l’Amérique du Nord. La possibilité des producteurs d’exporter en Europe est donc limitée. « Ce serait difficile d’augmenter la capacité de production actuelle au Québec », rappelle Jean Simard. La moyenne d’âge des alumineries y est de 35 ans environ. Selon lui, les prochaines augmentations importantes de capacité risquent donc de se faire avec la technologie Elysis en cours de développement. « Il faut moderniser nos actifs et pour ce faire, ça prend des technologies qui vont nous maintenir parmi les meilleurs pour 25 ou 30 ans. » Marchés perturbés Il ne faut pas oublier qu’ailleurs dans le monde, d’autres bouleversements perturbent les marchés. « L’économie L’aluminium touché par les perturbations économiques Entre autres provoquée par la guerre en Ukraine, l’explosion du coût de l’énergie en Europe est en train de changer la donne dans l’industrie de l’aluminium, avec des pertes de capacité de production. (Photo : Shutterstock) L’aluminium au Canada Le Canada produit 3,12 millions de tonnes d’aluminium primaire annuellement, selon les données de 2020. La production est concentrée au Québec (2,8 millions de tonnes) et en Colombie-Britannique. Cette dernière province compte une aluminerie, les neufs autres étant implantées au Québec. Le Canada est le quatrième producteur d’aluminium de première fusion en importance du monde, derrière la Chine, l’Inde et la Russie. En utilisant principalement l’hydroélectricité et des technologies de dernière génération, les producteurs d’aluminium canadiens ont l’empreinte carbone la plus faible au monde. par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com
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