I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I OC TOB R E 2 0 2 2 | Pa g e 2 3 chinoise tourne au ralentit en raison de la COVID-19 et de sécheresses importantes dans le sud du pays. En Amérique du Nord, la crise des semiconducteurs et des chaînes d’approvisionnement se poursuit. Même si la demande est là, ces chaînes n’arrivent pas à fournir. C’est ce qui crée l’inflation », fait remarquer M. Simard. Les manufacturiers nord-américains de produits d’aluminium retardent aussi leurs commandes de matières premières, puisque l’incapacité des chaînes d’approvisionnement à fournir d’autres matériaux critiques entraînent un ralentissement de leur production. Même si la demande de métal gris pour la construction de véhicules électriques est appelée à croître, les nouvelles chaînes industrielles pour ce secteur sont encore en train de se mettre en place et la pénurie de semiconducteurs ne se résorbera pas avant 2023-2024. Avec les risques de récession et les taux d’intérêts élevés, les analystes de l’industrie s’entendent pour dire que les perspectives ne sont pas roses. « Nous sommes dans une phase transitoire où il y a énormément de perturbations sur le plan de la géopolitique mondiale et de la macroéconomie continentale. […] C’est complexe et c’est encore plein d’incertitudes. Il faut être prudent, mais ce ne sera pas une crise pour l’industrie québécoise de l’aluminium, qui est très résiliente », conclut Jean Simard. Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC). (Photo : Courtoisie) L’aluminium russe et la guerre en Ukraine La Russie était, en 2021, le troisième producteur d’aluminium au monde, après la Chine et l’Inde. Elle produit environ quatre millions de tonnes de métal gris, dont 500 000 tonnes sont dirigées vers sa consommation intérieure, le reste étant exporté principalement vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Les mesures punitives imposées par les pays occidentaux à la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine constituent une troisième série de sanctions. La première remonte à 2014, lors de l’annexion de la Crimée, et certaines de ces mesures ont encore cours dans quelques endroits du monde. En 2018, de nouvelles sanctions visaient les oligarques Russes, dont le propriétaire du producteur d’aluminium Rusal, l’un des plus importants au monde. Celles-ci ont eu un impact significatif sur la production d’aluminium. Ainsi, la part de l’aluminium russe dans les importations d’aluminium primaire des États-Unis est passé de 27 % du total il y a 20 ans à 5 % en 2021. Des diminutions successives marquées de 50 % ont succédé aux sanctions de 2014 et de 2018. Actuellement, la Bourse des métaux de Londres (LME), qui dicte le prix des métaux dans le monde, a entrepris un processus de consultation pour délister le métal russe. « Ça veut dire qu’ils ne pourraient plus vendre leur métal à la LME. Cela ferait en sorte que les banques ne prendraient plus en garantie du métal russe et donc, plus personne ne voudrait en acheter », explique M. Simard. Il resterait donc deux choix à la Russie : réduire leur capacité ou tenter de vendre à la Chine, où l’économie tourne présentement au ralenti, mais dont les problèmes de sécheresse réduisent la production de métal gris.
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