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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le projet de conversion à la biomasse de la plus grande centrale électrique au charbon d’Europe a eu des retombées jusqu’au Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’usine de granules de Barrette-Chapais, qui alimente exclusivement la centrale thermique de Drax, au Royaume-Uni, a constitué un moment décisif en matière d’exportations pour le Port de Saguenay.

« Ça a changé la donne pour nous. Avant ce projet, nous n’exportions pas beaucoup par voie maritime au Port de Saguenay. Maintenant, les granules sont notre plus gros volume d’exportations. C’est intéressant globalement pour toute la région », souligne le président-directeur général de Port de Saguenay, Carl Laberge.

C’est en 2018 que Barrette-Chapais a fondé Granule 777 dans le but de créer de nouveaux débouchés pour les sous-produits de son usine de sciage. Elle a alors conclu un contrat à long terme avec la centrale électrique Drax, qui achète l’intégralité des 210 000 tonnes de granules qu’elle fabrique annuellement. « L’idée, c’était de pérenniser l’usine de sciage. Nous voulions avoir un débouché stable et prévisible pour nos coproduits », indique Yann Sellin, directeur général de Granule 777.

Retombées importantes

L’entreprise de granules constitue maintenant le plus gros client de l’administration portuaire saguenéenne en matière de tonnages dans le marché du vrac. « Nous expédions autour de 200 000 tonnes par an pour eux, alors que nous avons transbordé quelque 750 000 tonnes en 2023. Ça représente environ 25 % de nos transbordements en termes de volume. […] Ça vient consolider les opérations du port. Ça nous apporte des revenus et ça a créé quelques emplois. C’est très positif », précise Carl Laberge, ajoutant que le port achemine aussi 30 000 à 40 000 tonnes de granules annuellement pour l’entreprise régionale Granules LG.

Pour entreposer les granules produites à son usine de Chapais en vue de leur expédition outremer, Granule 777 a construit deux énormes dômes sur le site de Port de Saguenay. Cela représentait un investissement de plus de 17 M$ dans la ville de Saguenay, générant des retombées directes localement. « L’entreprise paie des taxes municipales. Elle crée une activité économique supplémentaire au port et dans la ville », fait valoir M. Laberge.

Celui-ci considère que cela vient aussi démontrer l’influence du Port de Saguenay en tant que porte d’entrée pour le Nord-du-Québec. « Ça montre l’importance stratégique que nous avons, même au-delà des frontières de la région. Nous sommes le port le plus près pour les grands projets dans la région du Nord-du-Québec. »

Énergies vertes

Selon le PDG de Port de Saguenay, le projet de Granule 777 positionne son organisation en tant que plus gros port pour l’expédition d’énergies vertes au Québec. Il estime que la filière de la biomasse est une avenue intéressante à développer régionalement. « La biomasse a un potentiel attrayant. Nous sommes bien placés à titre de plus grande région forestière et avec l’agriculture. Granule 777, c’est un exemple, mais je pense qu’il y aura d’autres opportunités dans le futur », affirme-t-il.

Le directeur général de Granule 777 abonde en ce sens. « Au niveau de la génération d’électricité sur la base d’énergies renouvelables, c’est intéressant. En volume, la croissance de la demande de biomasse est de 10 à 20 % par année », révèle Yann Sellin.

Carl Laberge ne cible toutefois pas seulement la biomasse, mais tout le créneau des énergies vertes. « Nous avons le potentiel d’en faire encore plus. Nous sommes en train de bâtir l’écosystème pour supporter cette vision en termes d’infrastructures portuaires et industrielles. Nous mettons actuellement en place les éléments pour soutenir le développement de filières vertes dans le futur », conclut-il.

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