Nous venons tout juste de passer le 1er Juillet, le fameux jour du déménagement, un évènement qui met en relief la crise du logement au Québec. Avec un taux d’inoccupation des logements locatif de 1,3 % et une hausse des loyers de 7 % dans la dernière année, le marché locatif du Québec est plus que jamais sous pression.
Et que dire de celui de la revente des maisons, qui affiche un prix record de 490 431 $ en 2023, couplé avec des taux d’intérêts réels avoisinant les 7 %... Quant aux coûts de construction, là aussi, le Québec fracasse des records. Curieusement, les trois paliers de gouvernement n’ont pas rapidement saisi l’ampleur de cette crise et les mesures pour nous ramener vers un marché plus accessible et plus équilibré tardent encore à produire des résultats tangibles.
Pourtant, une simple mesure administrative du gouvernement du Québec permettrait de rendre immédiatement disponible sur le marché de très nombreux logements : permettre aux prestataires d’aide sociale de cohabiter dans un même logement, sans pénalités financières. En effet, le système actuel pénalise fortement les personnes sur l’aide sociale qui veulent cohabiter. Par exemple, la deuxième personne d’un couple de prestataires de l’aide sociale qui vient cohabiter avec l’autre voit actuellement son allocation mensuelle amputée de... 1 011 $, soit de 92 % ! La pénalité est moindre dans les cas des familles, mais elle reste très sévère.
Une mesure aux effets immédiats et sans coûts supplémentaires!
On estime que 90 000 prestataires actuels de l’aide sociale cohabiteraient avec une autre personne, si les pénalités étaient annulées, ce qui libèrerait donc, pour d’autres occupants, 90 000 logements déjà existants! Pour se donner une idée, 90 000 logements représentent l’équivalent (en nombre d’unités) de deux années complètes de construction, qui viendraient s’ajouter en quelques mois sur le marché. Si seulement 50 % de ces 90 000 logements s’ajoutaient aux 16 500 logements actuellement disponibles, le taux d’inoccupation moyen du Québec passerait de 1,3 % à 4,9 %, ce qui nous ramènerait vers un marché équilibré (un marché locatif est dit équilibré si au moins 3 % de l’ensemble des logements sont disponibles pour la location).
L’application de cette mesure n’occasionnerait aucun coût supplémentaire pour le gouvernement, puisqu’il paierait aux prestataires le même montant qu’actuellement. En plus, elle permettrait aux prestataires d’aide sociale d’affronter l’inflation et les autres défis de la vie moderne à deux ou en famille, plutôt qu’en demeurant isolés. Soulignons également qu’il y a fort à parier que la majorité des logements libérés demeureraient des logements abordables.
L’application de ce simple accommodement administratif permettrait aux autres mesures déjà prises par les gouvernements pour accroître l’offre de logement, de prendre forme et elles aussi de contribuer à nous ramener de façon permanente vers un marché de l’habitation plus équilibré. Espérons donc que le gouvernement du Québec ajuste rapidement sa politique en ce sens pour qu’elle puisse se concrétiser en juillet 2025.