Auteur

Roger Boivin

Au moment où j’écris ces lignes, le gouvernement du Québec complète l’acquisition des terrains industriels qui devaient accueillir l’ex-projet RABASKA, voué à l’importation au Québec de gaz naturel russe. Le ministre Fitzgibbon pilote le dossier et a confirmé que l’intention du gouvernement est de créer, avec la ville de Lévis et le Port de Québec, un nouveau parc industrialo-portuaire qui deviendra donc, de facto, un nouveau et redoutable concurrent pour la zone industrialo-portuaire de Port Saguenay.

Ainsi, en plus de devoir se mesurer à la zone industrialo-portuaire de Bécancour (qui appartient, elle aussi, au gouvernement du Québec depuis les années 1960), le Saguenay–Lac-Saint-Jean voit maintenant apparaître un autre compétiteur gouvernemental de taille.

Rabaska : une nouvelle zone industrialo-portuaire de premier ordre

Lancé en 2004 et ayant obtenu une recommandation du BAPE favorable à sa réalisation, le mégaprojet RABASKA a finalement été abandonné en 2013. Les promoteurs du projet ont cependant eu le temps d’acquérir des terrains d’une superficie de 172 hectares, qui ont été exclus de la zone agricole du Québec. À titre de comparaison, c’est une fois et demie la superficie de terrain qui sera occupé à St-Basile-le-Grand par l’usine de batteries électriques Northvolt, un projet de sept milliards de dollars (dont trois en contributions des gouvernements) qui embauchera 3000 personnes.

L’ex-projet RABASKA incluait également la construction d’infrastructures portuaires sur le fleuve Saint-Laurent pouvant accueillir, 12 mois par année, des navires de plus de 160 000 tonnes (soit autant que ce que peut accueillir Port Saguenay).

Les terrains de RABASKA sont à moins de trois kilomètres d’une voie ferrée et sont localisés au centre d’une zone où habitent à moins de 75 km plus d’un million de personnes (environ 200 000 personnes habitent à moins de 75 km du Port de Saguenay). En plus de ses partenaires directs, soit la ville de Lévis (qui a dépassé la population de Ville de Saguenay il y a déjà 10 ans…) et le Port de Québec (le deuxième port en importance du Québec avec plus de 100 fois le volume annuel de Port de Saguenay), le nouveau parc industriel RABASKA, jouit d’appuis très puissants, comme le ministre Drainville et le maire de Québec qui, lors de l’annonce de l’acquisition des terrains par le gouvernement du Québec a déclaré : "Nous, on va tout faire pour que le Port de Québec se développe. C’est une des façons d’améliorer notre économie".

À ce jour, seule l’Union de Producteurs agricoles du Québec a demandé le respect de l’entente initiale prise par RABASKA et le gouvernement du Québec, soit, dans le cas de l’abandon du projet, le retour des terrains en zone agricole. Québec Solidaire appui ce retour en zone agricole. Le silence du Saguenay–Lac-Saint-Jean par rapport à cette nouvelle concurrence économique gouvernementale, notamment lors de la visite du maire Marchand à Saguenay le 29 septembre dernier, est des plus étonnant. Qui osera rappeler à M. Fitzgibbon qu’il est aussi ministre des Régions* ?
*M. Fitzgibbon est aussi ministre responsable du Développement économique régional.

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