Guy Bouchard
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Guy Bouchard

Je sais que je vous ai parlé récemment de la relance du Comité de maximisation des grands projets (CMAX) et de la pertinence de cet organisme pour l’économie régionale. Mais permettez-moi de revenir sur le sujet, dans le contexte d’un élargissement potentiel du mandat du CMAX, du côté de la main-d’œuvre.

Rappelons tout d’abord les objectifs et l’histoire de cet important comité. Créé en 2005 par la défunte CRÉ, cet outil unique a été mis en place pour assurer aux entrepreneurs de la région un maximum de retombées des grands projets, comme ceux, notamment, de la construction de l’usine d’Alcan à Alma, du barrage Péribonka IV ou des nombreux travaux réalisés par Hydro-Québec, chez-nous et au nord du 49e parallèle.

Au cours des quelque vingt dernières années, le CMAX a largement fait la preuve de sa pertinence et de son impact pour aider les entrepreneurs régionaux. Dorénavant administré par Développement économique 02 (DE02), qui a remplacé l’Association des CLD du SLSJ, le CMAX a un fonctionnement somme toute assez simple, mais très astucieux.

D’un côté, des bases de données des équipementiers, fournisseurs et entrepreneurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean, ont été constituées au départ et constamment mises à niveau. Elles sont classées selon différents critères de recherche, notamment en fonction de l’expertise de ces PME et de leur capacité à réaliser des contrats. Cet outil unique, qui a demandé une somme de travail colossale, est la clé de voute du succès du CMAX.

De l’autre, une veille stratégique des appels d’offre des donneurs d’ordre et une communication régulière avec ceux-ci pour les informer de l’existence de l’expertise régionale correspondant aux besoins spécifiques de leur construction sont effectuées. Entre les deux, le CMAX effectue une mise en relation des entrepreneurs régionaux et des acheteurs/gestionnaires des projets. Les deux parties sont donc bien au fait des possibilités d’entente potentielle de part et d’autre.

De surcroît, le chef d’orchestre du CMAX, M. Jean-Lin Otis, qui y est présent depuis sa fondation (sauf pour une pause de deux ans) suggère fort stratégiquement aux donneurs d’ordres de scinder les appels d’offres, en lot plus petits, pour que « les bouchées soient moins grosses à avaler » pour nos PME.

À la direction de cet organisme depuis 2005, M. Otis possède une grande expertise de cette mécanique bien huilée et il est avantageusement connu des principaux donneurs d’ordres impliqués chez-nous.

Dans ce contexte, on peut fort bien imaginer que le CMAX puisse aider considérablement les entrepreneurs régionaux dans le cadre des grands projets miniers et industriels qui vont se mettre en branle au cours des prochains mois dans la région et ailleurs au Québec.

Il y a toutefois un élément qui va compliquer singulièrement les choses pour ces donneurs d’ordre et nos PME dans les années à venir. Il s’agit de la disponibilité et de la formation de la main-d’œuvre. Je l’ai déjà mentionné souvent, cet enjeu est majeur pour l’avenir socio-économique du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

C’est dans ce contexte qu’au printemps dernier, s’est tenu à Alma le premier Colloque ACTION ÉCONOMIQUE, en lien avec les enjeux de la démographie et de la main-d’œuvre au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Organisé par la Corporation d'innovation et développement Alma - Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL), il a remporté un vif succès à l’échelle de la région.

L’événement a aussi suscité de grandes attentes auprès de la communauté économique. D’ailleurs, la CIDAL a annoncé fin juillet l’embauche de Mme Karine Côté, pour mettre en application les solutions potentielles identifiés lors de ce colloque.

Par ailleurs, comme le CMAX a une relation privilégiée et une expertise certaine des grands donneurs d’ordre du Québec, le conseil d’administration de DE02 devrait analyser rapidement la possibilité d’élargir le mandat de l’organisme, pour qu’il devienne une courroie de transmission stratégique dans le but de faire connaître les besoins en ressources humaines de ces grandes entreprises. Vous me suivez?

Le CMAX pourrait travailler en collaboration avec Mme Côté, mais également avec certains autres organismes qui s’occupent de recrutement et de la formation des RH au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Et, tant qu’à faire, on pourrait mettre en place une véritable table de concertation sur la main-d’œuvre.

Ce serait une autre façon habile de recréer, doucement mais sûrement, un certain momentum de rapprochement régional, que le gouvernement libéral a grandement mis à mal en sabordant la CRÉ et les CLD en 2015.

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