FERLAND-ET-BOILLEAU – Depuis près d’une vingtaine d’années, la Coopérative forestière Ferland-Boilleau diversifie ses activités en misant sur la valorisation des résidus de ses opérations forestières ainsi que sur les produits forestiers non ligneux (PFNL). Une avenue intéressante, assure la coordonnatrice à l’amélioration continue, Josée-Anne Lévesque.
Depuis 2006, l’entreprise effectue la cueillette de produits forestiers non ligneux. Sa filiale, Groupe BoréaRessources (GBR), créée en 2014, transforme ensuite ces produits de même que des résidus de ses opérations forestières en huiles essentielles et hydrolats. « Avec les sous-produits de nos opérations, nous distillons surtout de l’huile essentielle de pin gris, de sapin baumier et d’épinette noire. Nous allons aussi cueillir principalement du thé du Labrador, du myrique baumier et du peuplier baumier pour l’extraction de leurs huiles », indique Mme Lévesque.
Cette année, la coopérative a ainsi valorisé une centaine de tonnes de branches d’épinette noire et environ 25 tonnes de sapin. Ces résidus sont récupérés lors de la récolte forestière par les équipes sur place. « On ne valorise pas tout ce qu’on bûche, mais on réutilise environ de 130 à 150 tonnes par année de résidus de nos opérations forestières. Cela nous permet de produire de 700 kg à une tonne d’huiles essentielles annuellement pour les différentes essences. » Deux employés travaillent à l’extraction et un troisième s’ajoute parfois en période estivale. Du côté de la cueillette de PFNL, l’entreprise emploie une à deux personnes à l’interne ainsi qu’une quinzaine à l’externe. L’entreprise SiliCycle de Québec, qui possède près de 50 % des parts du Groupe BoréaRessources depuis trois ans, s’occupe de la commercialisation des huiles essentielles et de leur distribution.
Visibilité
La valorisation de résidus et de produits forestiers non ligneux ne représente qu’une faible partie du chiffre d’affaires de la Coopérative Ferland-Boilleau, principalement constitué par les opérations forestières et les travaux sylvicoles, mais cela lui permet de se diversifier et lui assure une belle notoriété. L’entreprise fournit ainsi la majorité de l’approvisionnement de la Distillerie du Fjord qui produit entre autres le gin Km12. « Nous effectuons la cueillette et le conditionnement des épices boréales pour eux. Nous avons une à deux personnes sur ce projet l’été. Nous travaillons avec eux depuis le départ. Ça nous donne une belle visibilité », affirme la coordonnatrice à l’amélioration continue.
Le large réseau de contacts développé par la coopérative dans le monde de la cueillette et sa certification biologique EcoCert lui permettent aussi de se démarquer. « Ça assure une fiabilité pour nos clients. […] Nous ne cherchons pas activement des clients, mais nous recevons des appels d’entreprises intéressées. Ensuite, les partenariats s’installent tranquillement. »
Jusqu’en Europe
Le laboratoire de cosmétiques européen Lucas Meyer fait notamment appel aux services de la coopérative ferboillienne pour l’approvisionnement en écorces résiduelles de scieries pour la fabrication d’extraits pour ses produits. Elle est d’ailleurs le principal fournisseur de l’entreprise européenne pour les écorces et certaines plantes.
« C’est un gros client pour nous. […] Ils font des extraits à partir de différentes essences partout au Québec. Nous sommes responsables de les trouver selon leurs demandes. Nous allons chercher les écorces dans les scieries et les apportons à notre usine. Nous les faisons sécher, puis nous les broyons, les ensachons et les expédions en Europe pour qu’ils puissent en faire l’extraction », révèle Josée-Anne Lévesque.
Fait à noter, les séchoirs de la coopérative réutilisent la chaleur émise par les procédés d’extraction afin d’effectuer le séchage. « C’est vraiment un processus d’économie circulaire. »
Autres produits
La coopérative est toujours à la recherche de nouvelles façons de valoriser les sous-produits des opérations forestières. Elle produit aussi du bois raméal fragmenté, un paillis composé à 80 % d’essences de feuillus. « Quand on fait l’élargissement de chemins forestiers parce que des essences pionnières recommencent à les envahir, nous récupérons les branches des petits aulnes et arbres que nous avons coupés pour les broyer. »
Ce paillis riche en nutriments stimule l’activité microbiologique des sols et conserve leur humidité. « Il est utilisé pour régénérer les sols. On en vend beaucoup aux municipalités et à des entreprises d’aménagement paysager qui veulent être plus écologiques. Ça remplace le paillis de cèdre teint et c’est de plus en plus populaire. »
Beau potentiel
Selon la coordonnatrice à l’amélioration continue de la Coopérative forestière Ferland-Boilleau, les sous-produits du bois et les PFNL représentent un beau potentiel de développement pour la région. « On en entend de plus en plus parler. Il y a un intérêt à ce niveau-là. Les produits locaux sont à la mode. Il y a des alcools et des bières qui utilisent les épices boréales. Il y a une multitude de molécules qui se retrouvent dans ces sous-produits qui pourraient être exploitées. Il y a encore de la recherche à faire, mais je pense qu’il y a un grand potentiel », conclut-elle.