SAGUENAY – Le milieu culturel du Saguenay–Lac-Saint-Jean se distingue par son dynamisme et sa volonté de toujours aller plus loin dans l’innovation. La région est même considérée comme le troisième pôle culturel du Québec, selon Culture Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ).
« Il y a énormément d’artistes qui choisissent de développer leur carrière dans la région. […] Ç’a vraiment progressé au cours des 10 à 15 dernières années. C’est comme si le Saguenay–Lac-Saint-Jean avait ressenti le besoin de créer sa propre autonomie culturelle. On a vu énormément de projets émerger et d’autres prendre une plus grande envergure. Ça s’est passé dans tous les secteurs », indique Shéril Gravel, directrice générale de Culture SLSJ.
Selon l’organisation, la région comptait ainsi 169 entreprises et organismes culturels en 2023. On y retrouve quatre centres d’artistes, un centre national d’exposition, dix-huit institutions muséales, neuf compagnies de théâtre professionnel, six écoles de danse, six sociétés d’archives et de patrimoine et plus d’une trentaine de salles de spectacles. « Non seulement il y a énormément d’organismes et d’artistes qui mettent en place des projets, mais il y a toute la participation du milieu qui est là. Il y a un fort intérêt », souligne Mme Gravel.
Il faut aussi mentionner les établissements d’enseignement, qui permettent de compléter l’intégralité d’un parcours scolaire en arts, du primaire à la maîtrise, sans quitter le Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Ensuite, ils peuvent rester ici et ils ont encore des possibilités d’évoluer comme artistes », précise Shéril Gravel.
Attractivité
La directrice générale de Culture SLSJ estime que ce dynamisme du secteur artistique et culturel contribue énormément à l’attractivité de la région, tant pour les acteurs du domaine que pour les salariés d’autres sphères économiques. « C’est à prendre en considération en ce qui a trait à l’importance de notre secteur comme acteur de développement économique », affirme Mme Gravel.
Le nombre de travailleurs culturels au Saguenay–Lac-Saint-Jean a ainsi sensiblement augmenté dans les dernières années, passant de 2 295 en 2016 à 2 525 en 2021. Le dynamisme de la culture fait aussi partie des arguments de vente des organismes et intervenants lorsqu’ils vont recruter des employés à l’extérieur. « Ça donne le goût de venir s’installer ici parce qu’il va y avoir des choses à voir et à faire quand ils ont fini leur journée de travail. Ça va au-delà des spectacles de musique. Il y a des cours de danse, d’arts, etc. Ça permet aux gens d’aller expérimenter. Il y a énormément d’activités », relate la directrice générale.
Même son de cloche du côté de l’attractivité touristique. « L’animation culturelle est riche, dense. Nous avons évidemment la programmation de festivals et de spectacles. Toute l’année, il y a toujours un festival qui est en cours. Il y a aussi la Route des artisans, le parcours régional des Économusées. Ça incite les gens de l’extérieur à venir nous visiter. Sur le plan touristique, il y a plein de liens à tisser », assure Shéril Gravel. Cette dernière mentionne notamment un projet en cours d’élaboration avec Tourisme SLSJ, sans pouvoir en dévoiler plus pour l’instant.
Entrepreneurs artistiques
Mme Gravel rappelle qu’il y a énormément de dépenses engagées dans la région en lien avec la culture. Les organismes du secteur sont aussi très ancrés dans leur territoire. « Ils ont un sentiment d’appartenance très élevé. Ils investissent du temps et de l’argent dans les projets de développement économique. Ils vont siéger à différentes tables », mentionne-t-elle. Par exemple, une entente territoriale avec le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), à laquelle les MRC contribuent, sera renouvelée sous peu. Elle prévoit des investissements de près 400 000 $ sur trois ans.
La directrice générale de Culture SLSJ rappelle aussi que les artistes sont des entrepreneurs au même titre que ceux d’autres domaines. « Il y a vraiment des liens à tisser au niveau de l’entrepreneuriat. Un entrepreneur artistique va avoir un impact, tout comme les autres. Il y a un défi de démystifier l’entrepreneuriat pour que l’ensemble des artistes arrivent à se reconnaître comme entrepreneurs. Souvent, ils ne le réalisent pas ou ils ont un sentiment d’imposteur par rapport à ça », constate-t-elle.
Shéril Gravel, qui provient du milieu entrepreneurial, rappelle que beaucoup d’efforts ont été mis pour consolider le parcours d’accompagnement des entrepreneurs pour éviter les trous de service. Elle désire maintenant collaborer avec tout l’écosystème afin de s’assurer de répondre aussi aux besoins des artistes.
« Les enjeux liés à l’entrepreneuriat sont les mêmes. Quand ils souhaitent démarrer un projet, c’est la même séquence. Peu importe le secteur d’activité, il faut savoir compter, faire de la gestion, avoir des relations avec les clients et partenaires ou avec les ressources humaines, etc. », conclut-elle.