GIRARDVILLE – Les Métaux Niobay ont obtenu une subvention de 500 000 $ du gouvernement du Québec afin de faire la démonstration de son procédé de concentration de niobium-tantale à l’échelle pilote. Celui-ci est lié au projet Crevier de la minière, situé au nord de Girardville.
L’entreprise fait partie des six organisations retenues dans le cadre du deuxième appel de projets du Programme de soutien à la recherche et développement pour l’extraction, la transformation et le recyclage des minéraux critiques et stratégiques. Elle est la seule de la région à avoir été sélectionnée. Son projet totalise des investissements de 800 000 $.
"C’est un projet qui va se réaliser avec des partenaires québécois, dont SGS et l’Université Laval. […] Dans les dernières années, nous avons perfectionné beaucoup de choses, dont la métallurgie. À petite échelle, nous avons fait des changements assez majeurs pour améliorer la qualité du matériel. Cela nous a amenés à modifier le schéma d’opération d’une future mine. Là, cette subvention nous permet de faire des essais à plus grande échelle avec le modèle que nous avons développé", résume Jean-Sébastien David, président-directeur général des Métaux Niobay.
Peaufiner le procédé
Quelque neuf tonnes de roches seront utilisées pour ces essais, qui ont débuté dans la deuxième semaine d’août à Québec. Ceux-ci permettront de tester le procédé afin de peaufiner la méthodologie et le traitement. "Nous voulons nous assurer d’obtenir les mêmes résultats que ceux à l’échelle du laboratoire et voir si on peut les améliorer. Après ça, nous pourrons dire quel sera le procédé à employer pour l’usine." Les tests se poursuivront cet automne et cet hiver, avec des conclusions attendues vers le milieu de 2025.
Les dirigeants de la minière désirent aussi diminuer le plus possible les impacts environnementaux potentiels. "Nous voulons maximiser l’énergie et la récupération d’eau", précise M. David.
Le processus produira également des échantillons de qualité en plus grande quantité pour des utilisateurs, tels que des fabricants de composantes de batteries. M. David travaille avec certains de ces fournisseurs afin que les échantillons leur soient envoyés rapidement et souhaiterait développer des partenariats. "C’est le genre de matériau que, selon le client, il va y avoir des particularités. C’est avec eux qu’on va collaborer pour la suite. Ce qu’on veut, c’est d’avoir des clients pour la suite pour pouvoir ouvrir la mine."
Fort potentiel
Le PDG des Métaux Niobay souligne que le projet Crevier est de moindre envergure, mais demeure rentable en raison de la valeur très élevée des oxydes de niobium et de tantale et du plus faible investissement de départ. "Ça a un fort potentiel. Ce n’est pas une grosse opération, donc ça a plus de chances de voir le jour. On parle d’une construction à l’intérieur de 250 M$. Je pense que le gouvernement a trouvé plusieurs points positifs dans notre projet. Il s’agit d’une possibilité de diversification économique pour le haut du Lac-Saint-Jean", affirme-t-il.
Jean-Sébastien David rappelle que le projet Crevier a été relancé en lien avec la filière batteries et l’arrivée de modèles au niobium. Celui-ci aurait aussi un effet dopant pour plusieurs types de batteries, notamment sur le nombre et la durée des recharges. "Nous ne ferons pas du ferroniobium comme Niobec. En fait, 100 % du projet serait consacré à la production d’oxalate de niobium", mentionne-t-il.
La mine Crevier générerait environ 1 500 tonnes par année d’oxalate de niobium et 150 tonnes d’oxyde de tantale, pour une période de 20 ans. L’usine de concentration serait implantée sur le site même de la mine. Par la suite, le concentré serait acheminé à un lieu dont l’emplacement reste à déterminer, mais que M. David verrait bien dans le secteur de Jonquière. Un procédé hydrométallurgique serait effectué à cet endroit afin de séparer le niobium et le tantale, un autre minéral de haute valeur. "Le choix du site n’est pas finalisé, mais j’aimerais garder ça à 100 % régional", indique le PDG.
Il reste tout de même plusieurs phases à franchir avant de pouvoir lancer la construction. "Si on a de bons résultats et qu’en plus, on s’attache à des clients, c’est clair que la prochaine étape pour nous, c’est une étude de faisabilité totale pour aller chercher le financement. Ça inclut également des études environnementales de base", explique Jean-Sébastien David.
Foothills
En parallèle des essais du projet Crevier, Niobay travaille sur un projet de titane au nord de Saint-Urbain, dans Charlevoix, nommé Foothills. "Saint-Urbain est une ancienne ville minière. Il y a eu une exploitation de cinq fosses de titane dans cette zone. Ça a 300 ans d’histoire, le titane, dans ce secteur-là et il y avait même des hauts fourneaux pour traiter ce métal. C’est très spécial et il y a très peu de photos de cette époque", raconte M. David.
Une première phase d’exploration et de relevés géophysiques y a été effectuée en mai et juin. Ses résultats d’analyse confirment la présence de hautes teneurs de dioxyde de titane dans des blocs d’ilménite massive. Ces teneurs variaient entre 36,6 % et 39,4 %.
Les équipes sont de retour sur le terrain depuis la fin juillet et la minière souhaite réaliser des forages avec Forage Premières Nations vers le mois de septembre, tout en évitant la période de la chasse.