Il y a quelques jours, en réaction aux menaces d'imposition de nouveaux tarifs douaniers sur les produits canadiens par le président Trump, l'Alliance pour la Forêt Boréale a interpellé le gouvernement du Québec, afin qu'il accélère le déploiement de la politique 2021-2026 d'intégration du bois dans la construction. Le regroupement demande une obligation gouvernementale d'utiliser un minimum de 50 % de bois dans les constructions commerciales et institutionnelles québécoises, ce qui augmenterait la demande québécoise en bois de construction. C'est une excellente initiative qui mérite d'être fortement appuyée.


De son côté, le gouvernement du Canada a mis en place, depuis 2022, une norme exigeant la réduction des gaz à effet de serre (GES) émis lors de la fabrication des matériaux utilisés dans la construction des immeubles fédéraux. C'est une mesure très pertinente, parce qu'elle favorise directement une utilisation accrue du bois dans les bâtiments publics, un matériau qui émet jusqu'à 65 % moins de GES que des structures en béton. Mais pourquoi se limiter aux seuls immeubles publics fédéraux ? Pourquoi ne pas également modifier le Code national du bâtiment, pour s'assurer que les matériaux de construction utilisés dans tous les types de bâtiments soient produits avec le moins de GES possible ?

Pour ce faire, le gouvernement fixerait une norme qui « inciterait » les entrepreneurs à accroître l'utilisation de nouveaux produits en bois dans la construction des résidences, des fermes, des commerces, des usines, etc. Une partie de ces produits à base de bois existent déjà : poutrelles de bois, solives de 2 x 4, planchers de bois, etc. Ainsi, devant la forte demande qui serait suscitée par les nouvelles normes visant à minimiser les GES dans la fabrication des matériaux de construction, il faudrait accroître la production nationale des produits traditionnels en bois, mais aussi développer de nouveaux produits innovateurs. Pour minimiser les GES émis, la fabrication de ces produits en bois, actuels et nouveaux, aurait tout intérêt à être localisée près des grandes forêts du Québec, ce qui augmenterait la transformation du bois dans nos régions forestières. En quelques années, l'adoption d'une telle approche réduirait graduellement notre dépendance envers le marché américain, un marché dont l'accès, nous le savons maintenant, sera de plus en plus coûteux et aléatoire. Il serait aussi possible de diversifier nos marchés outre-mer, mais ceux-ci sont déjà desservis et seront donc relativement plus difficiles à pénétrer.

La modification du Code national du bâtiment relève du gouvernement du Canada. Une région forestière comme la nôtre, bien représentée par l'Alliance Forêt Boréale, doit donc absolument profiter des élections fédérales qui s'annoncent pour revendiquer une modification rapide du Code, dans le sens des intérêts supérieurs du Québec et du Canada.