SAGUENAY – Réunis en conférence de presse aujourd’hui [07-02-2018 NDLR], les représentants de l’Association des fournisseurs, de Chantier Davie Canada, de l’entreprise Charl-Pol et de la CSN ont rappelé que les impacts économiques et le manque de travail liés au fait que le gouvernement fédéral n’ait pas octroyé de nouveaux contrats au chantier maritime se font déjà sentir au Saguenay.
Selon les chiffres dévoilés lors de la conférence de presse, les contrats octroyés par Chantier Davie aux fournisseurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean totalisent plus de 7 millions (M) de dollars depuis 2012. Ces montants ont été répartis entre sept entreprises de la région, notamment dans le cadre de la construction de l’Asterix, plus grand navire militaire jamais livré par un chantier naval canadien.
À elle seule, l’entreprise saguenéenne Charl-Pol a obtenu plus de 4 M$ de contrats auprès de Chantier Davie Canada. Elle n’en était d’ailleurs pas à sa première collaboration avec l’entreprise lévisienne, puisqu’elle avait aussi obtenu un contrat de 25 M$ en 2009.
Richard Tremblay, président de Charl-Pol, indique que le contrat de 2009 a permis de soutenir une centaine d’emplois spécialisés pendant deux ans, tandis que les contrats en lien avec l’Asterix ont mobilisé une trentaine de travailleurs. « C’est majeur comme retombées. C’est hautement technologique. Nous avons acquis un savoir-faire », a-t-il souligné.
Contrats fédéraux
Ces retombées sont maintenant menacées par le fait que Chantier Davie Canada n’a actuellement plus de contrats fermes du gouvernement canadien, alors qu’elle a la capacité de les accomplir et de les livrer dans les temps. Le contrat de l’Asterix devait être suivi d’un autre, mais il se fait toujours attendre. Des mises à pieds ont été effectuées par le chantier à la fin 2017.
Charl-Pol, qui a des installations à Saguenay et Portneuf, a également été touchée par ce ralentissement. « On a pu relocaliser une partie des travailleurs dans nos autres installations, mais ça reste qu’on a dû déraciner des familles. Il y en a qu’on a carrément perdu, qui ont décidé de changer de métier », a précisé M. Tremblay.
Pressions sur le gouvernement
Quelque 814 fournisseurs québécois ont travaillé avec Chantier Davie Canada. L’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada a été créée afin de leur donner une voix et d’ajouter celle-ci à ceux qui réclament que le gouvernement fédéral offre sa juste part de contrats à l’entreprise de Lévis, notamment dans le cadre du renouvellement de la flotte fédérale du Canada.
Pierre Drapeau, président de la Fondation des chefs d’entreprise et membre fondateur de l’Association, indique que « les régions se dévitalisent » et que les fournisseurs ne veulent pas que des emplois se perdent ou soient délocalisés. « On veut être une vigie économique. […] L’idée, c’est qu’on parle plus fort. Tout ce qu’on veut, c’est qu’on reconnaisse notre expertise et que des contrats nous soient confiés », a-t-il précisé.
L’Association a obtenu une rencontre avec la mairesse de Saguenay et des responsables de Promotion Saguenay. « C’est une rencontre efficace. On va le faire dans toutes les régions », a affirmé M. Drapeau.
Opportunités d’affaires
Chantier Davie Canada travaille également à diversifier ses sources de contrats et à développer de nouvelles opportunités d’affaires. L’entreprise discute actuellement avec le gouvernement fédéral pour l’attribution d’un contrat pour la conversion de quatre brise-glace.
« Notre savoir-faire est reconnu internationalement. Nous allons effectuer une mission commerciale à l’international […] C’est un pays de l’OTAN qui sollicite nos services. C’est dans le cadre d’une compétition, mais nous sommes bien positionnés », a conclu le porte-parole de l’entreprise, Frédérik Boisvert.
Rappelons que, selon M. Boisvert, Chantier Davie représente 50 % de la capacité de production canadienne en matière de construction navale, 23 % des contribuables au Canada et 1 % des sommes obtenues pour le renouvellement de la flotte canadienne.