N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Mashteuiatsh, une force à découvrir ! » publié dans notre édition du mois de janvier.

MASHTEUIATSH – La connaissance des réalités des partenaires, la communication et la complémentarité sont les bases d’un partenariat d’affaires durable entre entreprises autochtones et allochtones, selon le Guide des bonnes pratiques pour la mise en place de partenariats d’affaires durables entre la communauté innue et le milieu régional (Guide).

Né du groupe de travail Premières Nations créé à la suite du Sommet économique régional de 2015, ce guide met en lumière les conditions et étapes nécessaires à l’établissement de tels partenariats. « Il y a un degré de collaboration qui est recherché pour pouvoir avoir des partenariats d’affaires durables. On parle du consensus, de la mise en commun des savoirs, du partage des risques et des responsabilités, de la performance visée, de l’expertise et l’optimisation ainsi que de la complémentarité des partenaires », souligne Caroline Bouchard, directrice générale de la SDEI, qui a, entre autres mandats, le déploiement du guide.

Mais d’abord, croit Mme Bouchard, qui compare les partenariats d’affaires à un mariage, il faut se connaître et s’appuyer sur ces valeurs de base : respect, partage et entraide. « La base première, c’est la communication. Il faut vraiment apprendre à vous connaître et à savoir : est-ce que vous voulez vraiment la même chose ? », affirme-t-elle.

Un processus étoffé

Étant donné les « différences importantes entre le fonctionnement des entreprises autochtones et allochtones, notamment concernant les sujets portant sur la fiscalité, la capacité d’emprunter ou l’environnement social », la première étape du processus proposé par le Guide est de prendre connaissance de ces différences, de même que des droits ancestraux et titres des Premières Nations. La connaissance de la culture respective des parties prenantes est aussi soulignée. On se dirige ensuite vers l’analyse des besoins (lacunes, objectifs, orientations stratégiques), puis vers le choix d’un modèle de partenariat (réactif, transactionnel, intégrateur ou transformateur) en fonction des besoins. L’entreprise doit par la suite préciser les objectifs qu’elle souhaite atteindre à travers ce partenariat, avant de sélectionner un ou des partenaires. Une fois celui-ci choisi, les parties prenantes doivent décider ensemble des façons de faire qui permettront à l’entente de durer et d’être bénéfique pour tous.

Dans le document synthèse du Guide, on mentionne quelques éléments qui permettent de bien cerner les enjeux et de limiter l’apparition de désaccords et de conflits : « explorer les différences, développer une vision commune, convenir des processus de gestion, bâtir une confiance mutuelle, gérer les conflits dès leur apparition, évaluer les résultats, partager le pouvoir, renforcer le leadership et travailler par consensus ».

Des partenariats gagnants

Caroline Bouchard l’affirme, des partenariats d’affaires autochtones-allochtones gagnants, ça existe. Elle cite notamment en exemple Landes forestières Uapats, Groupe conseil Nutshimit Nippour, Électro-Ilnu, Groupe Aishkatsh ou Nutshimitsh, qui sont toutes en partenariat à de divers degrés avec des entreprises allochtones. « Généralement, les partenariats servent à avoir accès à de nouveaux contrats, à régler un problème de main-d’œuvre, à accéder à de nouveaux financements et une certaine complémentarité des partenaires », précise la directrice générale de la SDEI.

Former des accompagnateurs

Afin de déployer et bien communiquer le Guide, la SDEI a soumis au FARR un projet de déploiement sur trois ans. En 2019, Mme Bouchard a fait le tour des SADC et CLD de la région et de Promotion Saguenay. « On voulait avoir un représentant dans chaque endroit qui serait accompagnateur pour les partenariats d’affaires. On sait qu’un promoteur allochtone qui a besoin d’un partenaire d’affaires va aller dans son CLD ou sa SADC demander s’ils connaissent des gens. Le but, c’est vraiment d’avoir quelqu’un dans chaque organisme pour nous aider à conclure des partenariats durables », mentionne-t-elle.

Cette tournée a permis de former 12 accompagnateurs, qui s’ajoutent aux trois de la SDEI. La formation s’est étendue sur deux jours à Mashteuiatsh. « On voulait qu’ils comprennent la réalité autochtone. Il y a des enjeux en territoire autochtone, par exemple la Loi sur les Indiens. On voulait vraiment avoir des gens qui soient au courant de tout ça. […] On voulait qu’ils sachent ce qu’est Mashteuiatsh, combien il y a d’entreprises, qui sont les entrepreneurs. […] On voulait savoir aussi comment les entreprises autochtones sont perçues par les allochtones », souligne la directrice générale. La SDEI souhaitait aussi former les entreprises autochtones, mais la journée planifiée a dû être remise en raison de la COVID-19.

Dissiper la méconnaissance

La conférence Enjeux et réalités autochtones : Perspectives de Mashteuiatsh (Hélène Boivin), organisée en novembre en partenariat avec la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord (CCISF), de même que celle qui a suivi sur les Partenariats d’affaires durables entre la communauté Ilnu et le milieu régional (avec notamment Alain Nepton), qui ont été très populaires auprès des entrepreneurs et décideurs régionaux, s’inscrivent dans ce plan de communication stratégique. « On voulait qu’il y ait une certaine méconnaissance qui soit dissipée. […] C’était une belle occasion de démontrer que ça existe, des partenariats autochtones-allochtones qui fonctionnent bien », conclut Caroline Bouchard.