Inflation, hausses répétitives du coût de la vie, taux d’intérêt à la consommation qui se maintiennent à un niveau élevé : au plan économique, 2023, à la veille de tirer sa révérence, aura présenté les mêmes caractéristiques que l’année 2022 déjà fortement impactée par la pandémie.
Tandis que 2024 se dessine à l’horizon, les observateurs s’entendent pour dire que les raisons de faire preuve d’optimisme face à une possible amélioration de la situation sont peu nombreuses. L’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean loge à la même enseigne que celles de toutes les régions du pays, en conséquence, elle n’a d’autre choix qu’attendre elle aussi la fin des alertes en misant sur son dynamisme, son esprit inventif et, surtout, sa non moins légendaire résilience.
Dans son rapport sur le Produit intérieur brut (PIB) publié début novembre, Statistique Canada admet que le pays pourrait être entré dans une « récession technique ». L’agence fédérale explique ainsi sa position : l’économie canadienne, bien qu’elle soit restée stable pendant le mois d’août, a démontré des signes de « contraction » pendant le troisième trimestre, alors que cela avait déjà été le cas durant le deuxième. Une « récession technique » se définit comme deux trimestres consécutifs de croissance négative.
Faillites personnelles et insolvabilité
Depuis l’été dernier, le nombre de faillites personnelles et les cas d’insolvabilité ont connu une augmentation marquée, tant au Québec que dans le reste du Canada. Pendant la première moitié de 2023, 16,268 consommateurs et entreprises ont fait appel aux dispositions fédérales de la « Loi sur la faillite et l’insolvabilité » (LFI). Autre indication démontrant la fragilité de notre économie, la date de remboursement du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), mis en place pendant la pandémie par le gouvernement fédéral, a été repoussée au 31 mars 2024. En résumé, ce programme a distribué 49 milliards $ sous forme de prêts sans intérêt à près de 900 000 entreprises canadiennes et organismes à but non lucratif.
Le fardeau hypothécaire s’alourdit
L’économie canadienne pourrait mettre encore un certain temps avant d’être fixée de façon plus précise sur le sort qui l’attend. C’est seulement en 2025-2026, en effet, années où seront renégociés les contrats hypothécaires des ménages conclus à bas taux avant la pandémie, que la situation prendra forme définitivement dans ce secteur névralgique.
Comparaissant récemment à Ottawa devant un comité sénatorial, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré que si son organisme a maintenu le taux directeur à 5 %, c’était pour ne pas compromettre davantage la situation financière des ménages appelés à renouveler leurs contrats hypothécaires d’ici les 2 ou 3 prochaines années. Dans ses dernières prévisions, la Banque du Canada estime que la croissance économique restera faible au pays pendant 2024.
Situation mondiale explosive
Sur le plan intérieur, les signaux économiques virent au rouge tandis que l’incertitude grandit sur la scène internationale. La guerre entre l’Ukraine et la Russie est passée au second plan de l’actualité, mais les risques énormes qu’elle fait courir au marché céréalier mondial sont toujours omniprésents. L’affrontement entre le Hamas et Israël fait craindre un embrasement au Moyen-Orient. Si ce scénario devait se réaliser, le cours du pétrole exploserait littéralement ; les conséquences sur les économies occidentales, déjà fortement fragilisées par la pandémie et l’inflation galopante, ne seraient pas épargnées.
Oui, il y a une bonne nouvelle : une énième hausse du taux directeur apparaît improbable, selon Andrew Grantham, directeur général des Affaires économiques à la Banque CIBC. « La Banque du Canada est obligée d’agir de la sorte, car le pays flirte présentement avec une récession. L’économie est très faible et nous stagnons à un moment où nous n’avons pas encore vraiment ressenti le plus grand impact de certaines hausses d’intérêt passées ». Une réflexion qui a aussi valeur de mise en garde.