N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Les mines, portes ouvertes vers le nord publié dans notre édition du mois de janvier.
SAGUENAY – Jeunes sociétés généralement en phase d’exploration et de développement, les minières juniors doivent aller chercher des investissements afin de pouvoir faire avancer leurs projets. Or, le Québec posséderait le plus bel écosystème de financement institutionnel au Canada pour l’exploration minière.
« Le Québec n’a rien à envier à personnes. Je pense que nous sommes les leaders au Canada en matière de financement des compagnies minières », estime Mario Drolet, président de MI3 Communications, une firme de Montréal spécialisée dans la communication financière.
En effet, plusieurs organisations proposent des fonds d’investissement pour soutenir les entreprises d’exploration sur le territoire, notamment la Caisse de dépôt et placement (Fonds Sodémex), SIDEX (partenariat Gouvernement du Québec et Fonds de solidarité FTQ), la Société de développement de la Baie-James, etc. Plusieurs autres fonds seraient aussi en voie d’être créés par différents organismes. « Il y a un engouement », assure M. Drolet.
Des sources diverses
Les activités d’exploration sont onéreuses, mais nécessaires pour réaliser des découvertes pouvant mener à l’établissement d’une mine et démontrer le potentiel d’un projet. « Si tu veux mettre en valeur ton projet, tu as besoin de sous. »
Les fonds d’institutions jettent donc une base solide pour financer l’exploration minière dans la province. Par la suite, les minières juniors peuvent se tourner vers certaines maisons de courtage, qui effectuent des opérations boursières sur les valeurs mobilières pour le compte de tiers. « Chaque compagnie a son réseau », précise le président de MI3 Communications, qui organise des tournées de 15 villes du Québec neuf mois par année pour mettre en contact les entreprises minières et des investisseurs, des gens d’affaires et des personnes intéressées par le domaine.
La plupart des minières juniors sont également cotées en bourse. « Il y a des compagnies d’exploration privées et qui le demeurent, mais la plupart vont aller dans un marché boursier public. Le fait d’évoluer dans ces marchés permet de lever des capitaux plus facilement qu’avec une société privée », mentionne Mario Drolet.
Actions accréditives
Selon M. Drolet, le Québec offre un programme intéressant (abri fiscal) pour les investisseurs (particuliers et accrédités) des sociétés minières qui achètent des actions accréditives. Ces dernières permettent aux investisseurs de financer des entreprises d’exploration minières, qui elles, renoncent aux déductions auxquelles donnent droit certaines de leurs activités, au profit de leurs investisseurs.
Ceux-ci obtiennent alors une déduction de 100 % du coût des actions accréditives, plus un crédit d’impôt à l’investissement de 15 à 30 %, ce qui ramène le coût net a un niveau fortement réduit. Au Québec, ces actions donnent droit à une déduction supplémentaire lorsque les frais d’exploration sont engagés dans la province. Suivant certaines conditions, le gain en capital réalisé lors de la vente des actions détenues par l’investisseur peut aussi être exempté d’impôts jusqu’à concurrence du prix d’achat des actions. « Ça donne un double avantage aux investisseurs », résume le président de MI3 Communications.
Vendre un projet
La majorité des minières juniors qui font de l’exploration vont choisir de vendre leur projet à une entreprise majeure lorsqu’il sera à une phase plus avancée. « Le but d’un explorateur, c’est de trouver et de vendre un projet. […] C’est certain que les temps ont changé. Une société d’exploration qui a quelques bons coups va avoir plus de facilité à trouver du financement et pourra travailler à mettre en valeur le projet. Après, il y aura des pourparlers avec des minières majeures », affirme Mario Drolet.
Les compagnies majeures vont surtout chercher à avoir une bonne compréhension du modèle géologique des projets. « Elles n’achèteront jamais de modèle qu’elles ne comprennent pas, parce que ce sont elles qui vont faire la production. Ensuite, ça va dépendre de leurs priorités. Les majeures aiment disposer de cinq à huit ans de production en réserve en avant d’elles », mentionne-t-il.
Des minières pourraient également prendre le modèle d’affaires de générateur de projets, en poursuivant l’exploration et le développement d’un projet en partenariat avec une majeure, qui assure le financement. Celles qui choisissent de vendre obtiennent alors des montants importants et peuvent les investir sur de nouveaux projets.