SAGUENAY – Il y a quelques jours, la classe économique et politique régionale a accusé avec stupeur le choc du changement de cap du milliardaire Warren Buffet de Berkshire Hathaway, qui analysait la possibilité d’investir 4 G$ dans le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel de GNL Québec (Énergie Saguenay).
On ne connaîtra probablement jamais les raisons de ce revirement surprise de la part de l’icône internationale de la bourse. Toutefois, l’homme a toujours démontré une très grande prudence en regard de la sécurité de ses investissements. Si bien que de nombreux observateurs ont attribué ce tête-à-queue, à la crise entre le gouvernement canadien et certains groupes autochtones de l’Ouest.
À mon avis, ils n’ont pas tort. Le conflit impliquant les chefs héréditaires Wet’suwet’en n’est peut-être pas l’unique raison de la volte-face du conseil d’administration de Berkshire Hathaway, mais elle pourrait bien avoir emporté la décision d’affaires. Il est indéniable que cette situation, historique et sans précédent, a fortement secoué l’économie canadienne et la réputation du pays, qui mettra des mois voire des années à s’en remettre.
D’ailleurs, de nombreux experts sur les questions des enjeux autochtones et des économistes d’un bout à l’autre du pays se sont exprimés sur la question en disant que la réputation du Canada comme un excellent endroit pour investir en avait pris pour son rhume. Certains sont même allés jusqu’à dire que notre pays n’était plus un endroit sécuritaire pour les investisseurs.
Un fait demeure que, dorénavant, les ententes signées avec les autorités de certains de ces conseils de bande pourraient ne plus avoir la même valeur. En effet, ces événements ont clairement démontré que de petits groupes d’opposants, issus de ces mêmes communautés, en utilisant des moyens illégaux mettent en péril d’importants projets, tout en prenant en otage l’économie de tout un pays. Avouons qu’il y a de quoi remettre en question l’autorité des représentants dûment élus de ces conseils de bandes.
Le Québec ce n’est pas l’Ouest canadien
Mais il ne faut surtout pas baisser les bras, parce qu’à ce chapitre, le Québec, ce n’est pas l’Ouest canadien, loin de là. Hormis la crise d’Oka en 1990, nous avons depuis des décennies, de bonnes relations avec l’ensemble de nos communautés autochtones, notamment dans les régions. Soulignons simplement deux dossiers récents qui démontrent que le dialogue entre les ces nations, le gouvernement et les entreprises, est souvent profitable pour toutes les parties prenantes.
Il s’agit notamment de l’entente signée le 17 février dernier entre le premier ministre Legault et le chef du Grand conseil des Cris, Abel Bosum. Celle-ci permettra le développement économique à long terme de la région d’Eeyou Istchee Baie-James. Sans compter l’entente entre les promoteurs du projet Rose Lithium Tantale, qui ont paraphé en juillet 2019 une entente de partenariat sur les retombées économiques du projet minier, avec la nation précitée.
Plus près de nous, le cas du projet de l’entreprise Gazoduq, l’entreprise dont le projet de conduite de 780_km est directement lié à l’approvisionnement de l’usine de liquéfaction d’Énergie Saguenay, est révélateur. Il appert que la communauté de Mashteuiatsh et sept autres conseils de bandes autochtones du Québec et de l’Ontario font actuellement front commun pour prendre position sur ce projet. Ils ont créé la société Mamo Aki, qui sera ainsi leur seul interlocuteur avec l’entreprise.
Je ne dis pas que nous sommes à l’abri de ces problèmes de relation avec nos communautés autochtones locales, qui ont des revendications légitimes, notamment territoriales. Toutefois, force est de constater que nos relations avec celles-ci sont généralement positives et constructives. Par ailleurs, selon une source fiable que j’ai pu consulter récemment, les négociations avec l’entreprise Gazoduq avec plusieurs de ces communautés, sans être faciles, se dérouleraient bien.
L’importance de continuer
Dans ce contexte particulier, je vous rappelle l’importance de continuer, plus que jamais, de supporter les initiatives des groupes qui appuient le développement des grands projets au Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec au premier chef, le mouvement Je crois en ma région. Sans compter les initiatives citoyennes qui sont légitimes comme celle de M. Yvon Laprise, qui a mis en ligne une page Facebook d’appui au projet GNL Québec. Mais aussi et surtout celle très importante de l’ingénieur Pierre Charbonneau qui organise une marche citoyenne à Chicoutimi le 28 mars prochain, en appui à tous les grands projets.
Berkshire Hathaway est loin d’être le seul fonds d’investissement susceptible d’investir dans le projet d’Énergie Saguenay. D’ailleurs, le fait que ses administrateurs s’y soient intéressés constitue une excellente référence pour les promoteurs. Soyons clairs, le projet est loin d’être compromis. Ne baissons surtout pas les bras et mobilisons-nous pour dire haut et fort ce message à tous les Warren Buffet de ce monde : Que la population et les décideurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean disent un OUI conditionnel, à tous les grands projets susceptibles remettre notre région sur la voie de la croissance !