SAGUENAY – Même si le Saguenay–Lac-Saint-Jean n’est pas reconnu comme un grand joueur à ce chapitre, la production avicole régionale s’appuie sur le rendement de huit exploitations qui produisent des œufs. Si on fait un décompte rapide, on constate que le groupe Nutrinor possède deux installations, Les poules à Meggy en exploitent deux également alors que quatre autres familles de producteurs sont aussi propriétaires d’un permis avicole. En 2019, il y avait 214 513 volailles dans ces pondoirs pour une production évaluée approximativement à 10,5 M$ par année. Régie par la gestion de l’offre, le marché des œufs se porte bien. Portrait de cette industrie.
Au Québec, on dénombrait en 2018 quelque 980 producteurs pour un total de plus de cinq millions de poules et des recettes évaluées à 216 M$. Notre région pèse pour seulement 4 % dans ce volume alors que nous comptons pour 3,3 % de la population québécoise. Il s’agit donc d’un ratio habitant/production relativement élevé. La consommation d’œuf est en croissance au Canada. Selon Nicholas Tremblay, copropriétaire de Les Poules à Meggy un producteur avicole de premières générations, cette augmentation aurait débuté en 2008 lors de la dernière crise économique.
Un produit abordable
En effet, les œufs représentent une excellente source de protéine de qualité et la douzaine est relativement peu cher se situant autour de 3,50 $. « En temps de crise financière, je pense qu’il est normal de se tourner vers ce type de produit. On peut lever le nez sur une pièce de viande qu’on juge chère, mais les œufs reviennent à environ 25 cents l’unité et sont très nutritifs. Le producteur explique par ailleurs que l’une des raisons qui pourraient expliquer une hausse de la demande serait l’immigration. En effet, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les Français, les Mexicains et les Chinois sont de grands consommateurs d’œuf. Il est fort à parier qu’ils ne perdent pas leurs bonnes habitudes en s’installant chez nous.
Fonctionnement de la production
Au Québec, si vous possédez plus de 99 poules, vous devez détenir un quota de la Fédération des producteurs d’œufs du Québec. Pour cela vous devez passer par un Système centralisé de vente de quota (SCVQ) « La seule façon pour moi d’augmenter ma production est d’acheter des quotas, explique Nicholas Tremblay. Un quota, c’est une unité et une unité c’est ni plus ni moins qu’une poule. Donc selon la consommation globale estimée pour la prochaine année, l’État émet des quotas et nous pouvons en acheter. Les prix sont plafonnés et le nombre de poules disponibles est vendu équitablement aux producteurs ayant signifié leur intérêt. »
Pour ce qui est de la mise en marché et de la vente, c’est un poste de classification situé à Saint-Bruno qui s’en charge. « Je m’occupe seulement de mes pondeuses. Je veille à ce qu’elles ne manquent de rien et c’est le classificateur qui récupère les œufs, les nettoie, les mire et me paye. »
Une saine gestion
La gestion de l’offre est un privilège pour les producteurs, rappelle Nicholas Tremblay. C’est l’assurance que l’État va exiger un prix plus élevé sur les produits importés afin de favoriser l’achat local et de protéger le marché. Ce fonctionnement évite la compétition et également la surproduction. « Nous produisons que s’y qui est consommé ». Cela a pour conséquence de limiter la fluctuation des prix. Outre les dangers comme la maladie et les prédateurs qui peuvent affecter un poulailler, les menaces qui se dressent sur la route des producteurs avicoles sont davantage de nature politique. « Les brèches que le gouvernement fait lorsqu’il renégocie avec nos voisins du sud sur l’ACEUM. Lorsqu’il décide volontairement de délaisser un secteur pour en favoriser un autre. C’est ça, l’envers de la médaille lorsqu’on est dans un système de gestion de l’offre, nous sommes à la merci d’un jeu de pouvoir », conclut Nicholas Tremblay.