Dans cette édition, que je me permets de qualifier de remarquable, alors que je réalise un projet que je caressais depuis plusieurs années. Celui d’offrir à la Nation Pekuakamiulnuatsh l’occasion de se présenter à la région sous l’angle de son potentiel économique, qui est probablement un des aspects les moins connus par le milieu allochtone de la région.
À ma connaissance, il s’agit de la première fois que la communauté Ilnu de Mashteuiatsh se prête à un tel exercice. Je remercie donc grandement le Conseil de bande, ainsi que Mme Caroline Bouchard, directrice générale de la Société de développement économique Ilnu (SDEI) de nous avoir accordé leur confiance pour réaliser ce dossier unique. Je vous invite à lire attentivement le contenu de ce cahier pour comprendre les enjeux complexes de l’entrepreneuriat chez les Premières Nations, mais surtout pour découvrir le potentiel économique de la communauté de Mashteuiatsh, le seul territoire autochtone au Québec à posséder deux Centres collégiaux de transfert de technologie.
Au cours des dernières années, j’ai eu l’opportunité de travailler en collaboration avec plusieurs des membres de l’équipe socioéconomique de la communauté, dans le cadre de l’organisation d’événements de réseautage d’affaires (notamment Naturallia 2017 et Regard vers le Nord). J’ai ainsi pu prendre la mesure de l’unicité de leur approche du développement, mais également, et surtout, des valeurs qu’ils préconisent. J’ai aussi pu constater qu’ils constituent lentement, mais sûrement des acteurs incontournables du développement du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Il faut mentionner que le Groupe de travail Premières Nations, issu du Sommet économique régional de 2015, avait mis la table avec la publication de son Guide des bonnes pratiques pour la mise en place de partenariats d’affaires durables entre la communauté innue et le milieu régional, publié en grande pompe en 2017 en présence de décideurs et d’entrepreneurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ce document unique décrit de façon exhaustive l’approche et la stratégie à adopter pour conclure de véritables partenariats autochtone-allochtone. Et ça commence à donner des résultats intéressants.
Mentionnons également l’initiative heureuse du regroupement des chambres de commerce de la région, qui ont présenté avant les Fêtes deux conférences fort populaires auprès des membres et des décideurs régionaux. Intitulées Enjeux et réalités autochtones : Perspectives de Mashteuiatsh, ainsi que Partenariats d’affaires durables entre la communauté ilnu et le milieu régional. Ces deux présentations ont été livrées avec brio par différents intervenants de la communauté, dont Mme Hélène Boivin, coordonnatrice depuis 2017 d’un comité de projets de recherche sur les Pekuakamiulnuatsh, et un aîné de la communauté, M. Alain Nepton, bien connu partout dans la région pour son parcours et ses nombreuses implications.
D’ailleurs j’ai bien aimé la façon de M. Nepton de présenter les défis du rapprochement socioéconomique des deux nations, particulièrement dans le contexte des partenariats autochtone-allochtone. Dans un langage simple et imagé, le sage compare ceux-ci au mariage. Je le cite : « Comme un mariage, un partenariat doit se faire par étape. Il faut chercher à se connaître et à s’apprécier. On doit ensuite s’assurer d’être complémentaires. Il faut déterminer des cibles et des objectifs communs. Mais surtout, y aller par étape et prendre le temps de se connaître et s’apprécier. »
L’homme insiste également sur le fait que « pour devenir de vrais partenaires », les vis-à-vis doivent faire preuve d’un grand respect, de transparence, de clarté et d’honnêteté… et encore une fois, prendre leur temps.
J’ai souligné sommairement, plus haut, la présence croissante et active de membres de la communauté sur de nombreuses tables et comités économiques régionaux. À mon avis, l’objectif du Conseil de bande dans le déploiement de cette stratégie est de se rapprocher de ses voisins allochtones et d’aplanir les préjugés mutuels des deux nations, mais surtout de promouvoir le développement de l’entrepreneuriat autochtone. Cette approche gagnante recèle certes un potentiel important pour les Ilnu, mais aussi, et beaucoup, pour la région. Et pourquoi ne pas nous y investir à fond ? Les deux nations ont définitivement beaucoup à partager et à gagner ! Niaut !