SAGUENAY – La norme SFI est implantée au Québec depuis 2002 et vise à promouvoir une gestion responsable de la forêt par ceux qui l’aménagent comme les entreprises forestières, les acériculteurs et les pourvoyeurs. Établie par des organismes américains, mais adaptée à nos réalités, cette norme, appartenant à la même famille que la Forest Stewardship Council (FSC), est gérée par un comité au Québec composé d’acteurs de l’industrie, dont le groupe Forestra.
Chez nous, l’adoption de la norme s’est faite sur une base volontaire. Initialement, le comité d’implantation a été fondé par la multinationale Louisiana-Pacifique, entreprise bien connue par les chambordais pour avoir exploité pendant plusieurs années une usine de panneaux de bois dans leur municipalité. La motivation des entreprises à se doter d’un tel outil s’appuie sur le besoin d’une plus grande transparence dans la gestion des forêts. En effet, depuis plusieurs années, les citoyens manifestent une plus grande conscience environnementale en ce qui concerne l’exploitation de la ressource forestière.
Une norme populaire au Canada
Bien qu’il s’agisse d’un programme américain, sur les 120 millions d’hectares certifiés en Amérique du Nord, plus de 99 millions se trouvent en sol canadien. Chaque province a le devoir de constituer un comité composé de membres vivant de l’activité forestière et de faire appliquer dans leurs différentes activités les grandes lignes dictées par la norme. « Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, nous sommes deux entreprises à siéger sur le comité québécois : nous, Forestra, et Arbec. Pour notre part, nous nous assurons de la bonne tenue des normes sur le plan de l’aménagement et Arbec est au niveau de l’approvisionnement », explique Julie Deschênes, représentante pour le Groupe Forestra au sein du comité de la norme SFI Québec.
Les grands principes et ses objectifs
La norme prend en considération le fait que plusieurs usages vivent ou profitent de la forêt et qu’il est primordial que ceux-ci puissent l’exploiter ou en jouir sans se nuire. Cette approche de cohabitation est implicitement inscrite dans les 14 principes qui régissent le programme SFI. Les entreprises qui évoluent sur un territoire certifié doivent se soumettre, entre autres, à la protection de l’eau, à la conservation de la biodiversité et à la protection des sites d’intérêt particulier, notamment pour le potentiel touristique.
Concrètement, lorsque le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) détermine les zones où il y aura de l’éducation de peuplement (aménagement) ou encore de la récolte, les fonctionnaires doivent notamment s’assurer que ses activités ne nuiront pas, à titre d’exemple, à une pourvoirie ou encore à une communauté autochtone. « En siégeant sur le comité, nous sommes également tenus de traiter les plaintes que nous pourrions recevoir, advenant le cas où un acte contrevenant aux normes serait aperçu sur le territoire. Toutefois, notre rôle n’est pas de faire la “police”, mais de diriger les constats vers les bons intervenants. Cela étant dit, les plaintes sont très rares. »
Une nation distincte, une façon de faire différente
« Je ne peux pas parler pour les autres provinces, puisque je ne connais pas leur réalité, mais, au Québec, la gestion de la forêt est très différente de celle des États-Unis. Ici, 90 % de la forêt est publique alors que 10 % sont privées. Chez nos voisins du sud, c’est l’inverse. Puisque la norme vient des États-Unis, nous avons dû l’adapter puisque nous n’avons pas les mêmes intervenants autour de la table », précise Mme Deschênes.
Elle précise qu’au sein du comité, un des principaux acteurs est le MFFP. Ce poids important de l’organisme public est unique au Québec, contrairement aux États-Unis où les acteurs principaux sont des entreprises privées. Puisque le MFFP a la responsabilité de déterminer l’emplacement des chantiers, les volumes de bois à abattre et la valeur de la ressource, son action est intimement liée à l’accomplissement des objectifs poursuivis par la norme. Pour sa part, le comité a le rôle de promouvoir la norme, de développer la formation en ligne pour la qualification des producteurs, d’améliorer le site Internet et, par-dessus tout, d’informer les citoyens du Québec sur le programme SFI.