Pour cette septième édition de notre cahier annuel sur les ressources humaines, nous avons, pour une deuxième année consécutive, l’opportunité d’avoir comme partenaire le Conseil du patronat du Québec (CPQ). Bien sûr nous sommes fiers de collaborer à cette prestigieuse organisation, mais surtout rassurés de pouvoir compter sur l’expertise de l’équipe du CPQ pour guider nos lecteurs dans ce contexte plein de défi de l’après-COVID dans nos entreprises.
Il faut bien l’avouer, le thème La main-d’œuvre, plus que jamais, clé de notre prospérité est presque devenu un cliché, tellement la rareté des ressources humaines et les nouveaux défis liés à la gestion des RH, notamment dans le contexte du télétravail, sont devenus des enjeux sans précédent, auxquels font face les entrepreneurs et gestionnaires. Notre contenu n’apportera certes pas toutes les réponses à ces immenses défis, mais nous espérons vous offrir quelques pistes de solutions pour le retour des vacances qui s’annonce occupé!
MONTRÉAL – Les enjeux de main-d’œuvre dépassent la situation démographique, estime le PDG du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn. Selon lui, « le capital humain est important. Sans eux, rien ne peut aller », indique-t-il d’entrée de jeu pour souligner l’importance pour les gouvernements de mettre en œuvre des stratégies pour s’attaquer au problème de rareté d’employés.
Selon les calculs du CPQ, plus de 1,4 million de salariés quitteront le marché du travail pour la retraite d’ici 2026. Dans un contexte où une forte pression se fait déjà sentir, M. Blackburn suggère trois profils qui peuvent venir pallier ces départs massifs. « Pour nous, le capital humain, dans la pénurie importante de main-d’œuvre, c’est un énorme enjeu et ce l’était même avant la pandémie. La courbe démographique démontre un départ massif à la retraite d’ici cinq ans et pour réduire ces contrecoups, il y a trois catégories de profils à rejoindre : premièrement, les étudiants qui souhaitent rehausser leurs compétences ; deuxièmement, les gens plus éloignés du milieu de l’emploi comme les personnes judiciarisées, les personnes en situation de handicap, les mères monoparentales, etc. ; et troisièmement, les immigrants », détaille-t-il.
10 solutions concrètes
À la tête du CPQ depuis maintenant un an, Karl Blackburn confie qu’il se sent privilégié de représenter plus de 70 000 entreprises québécoises et d’apporter des recommandations constructives aux décideurs. Selon lui, il y aurait 10 solutions concrètes qu’Ottawa et Québec devraient mettre en application sans tarder pour réduire la pression sur les entreprises et employés dans un contexte de redémarrage de l’économie et d’une pénurie d’employés. L’organisation qu’il représente a élaboré un document officiel où se trouvent les différentes suggestions « simples et qui doivent être appliquées en entier pour s’assurer que les entreprises puissent s’en sortir et se concentrer sur leurs opérations plutôt que de se casser la tête constamment dans le recrutement », indique-t-il, précisant que les gouvernements y ont accordé une oreille attentive.
Le CPQ propose ainsi de :
- Valoriser l’excellence en innovation et virage technologique ;
- Augmenter le niveau de littératie et de numératie des travailleurs ;
- Miser sur l’entreprise comme milieu de formation ;
- Attirer et retenir les travailleurs expérimentés ;
- Faire de l’assurance-emploi un outil de formation ;
- Adapter les programmes pour les jeunes éloignés du marché du travail ;
- Accélérer le virage vers la diversité ;
- S’attaquer aux reconnaissances d’acquis et compétences (RAC) ;
- Adapter le programme de travailleurs étrangers temporaires ;
- Ajuster le seuil d’immigration aux besoins de main-d’œuvre.
Le temps d’agir
Selon M. Blackburn, le temps est à la mise en application. « Les différentes actions à prendre proviennent de priorités identifiées par nos gouvernements. Nous les avons colligés pour rappeler à Québec et Ottawa de rapidement mettre en application les 10 actions. Si ça peut permettre de freiner les difficultés de recrutement et accélérer la reprise économique, on vient régler un gros problème », explique Karl Blackburn.
La fonction publique ressent aussi les contrecoups
En date du 31 mars, il y avait plus de 181 000 postes de disponibles dans toutes les régions du Québec, un chiffre appelé à augmenter si aucune mesure n’est mise à place. « On ne parle pas ici uniquement d’emplois en agriculture comme veulent le croire plusieurs personnes. On parle du domaine de la santé, de l’éducation, des milieux industriels, financiers, manufacturiers et juridiques. Aussi bien dire que la majorité des corps de métiers ont besoin de bras, énumère-t-il. Pour réussir à se sortir la tête de l’eau, on recommande une action immédiate des élus, parce que n’oublions pas que même le gouvernement ressent les contrecoups de ce problème de société », conclut le PDG, précisant du même coup que son organisation et lui continueront de tendre la main aux deux paliers gouvernementaux pour que les 10 mesures soient appliquées le plus rapidement possible.