MASHTEUIATSH – Mélanie Paul, co-présidente et directrice générale d’Akua Nature et présidente d’Inukshuk Synergie, a vécu une expérience d’échange et de collaboration au récent concours Pow Wow Pitch, mettant en lumière des entrepreneurs autochtones. Ces deux notions font d’ailleurs partie intégrante de la vision de la femme d’affaires de Mashteuiatsh, qui souhaite créer des ponts entre les communautés.
Le parcours du Pow Wow Pitch, lors duquel Akua Nature a remporté la 1re position au Québec et la 8e en Amérique du Nord, a offert une belle visibilité à l’entreprise. Il a surtout permis à Mme Paul de tisser des liens et de développer des partenariats avec d’autres entrepreneurs autochtones.
« Dans les entreprises autochtones, la mentalité n’est pas axée sur le capitalisme, mais plutôt sur la communauté, les retombées sociales. Je n’ai pas senti de compétition. Il s’agissait plutôt de créer un levier, un partage, des relations d’affaires. […] Ça m’a permis de voir ce qui se fait ailleurs, de développer des partenariats. C’est une porte ouverte vers d’autres régions », raconte la femme d’affaires, qui œuvre aussi au sein de l’entreprise familiale, Groupe ADL, depuis une vingtaine d’années.
Mélanie Paul explique qu’Akua Nature, qui se spécialise dans la fabrication et le développement de produits cosmétiques et de santé utilisant les propriétés médicinales de la pharmacopée traditionnelle des Premières Nations, possède sa propre usine pour la conception de ses produits. Elle aimerait faire bénéficier d’autres entreprises autochtones de ses installations, en fabriquant par exemple leurs produits en sous-traitance.
Mocassins et Talons hauts
Cette vision de partage et de collaboration, qui est derrière le modèle de ses entreprises, habite la dynamique entrepreneure au quotidien. C’est ainsi qu’elle travaille, avec la femme d’affaires bien connue Danièle Henkel, au lancement du cercle Mocassins et Talons hauts. « Nous voulons rassembler des femmes entrepreneures autochtones et allochtones de partout au Québec afin de leur permettre de créer des partenariats qui aideront à les propulser », mentionne Mme Paul.
Cette dernière précise que plusieurs enjeux touchent les femmes entrepreneures autochtones, dont le manque de modèles et de financement. « Le mentorat, c’est quelque chose d’assez récent à cause de l’histoire des Premières Nations. Il y a aussi tout le contexte social autour de ces femmes. Les femmes sont beaucoup des artistes ou dans les services. Ce sont de petites entreprises et le contexte de la pandémie a beaucoup touché le tourisme et l’artisanat. »
Redonner au suivant
Mélanie Paul souhaite donc aussi que le Cercle puisse accompagner la mise en place de ces entreprises et la mise en marché de leurs produits, entre autres par le biais de conférences et de formations. « J’ai eu la chance de faire partie d’une famille d’entrepreneurs. […] C’est une chose importante pour moi de redonner au suivant, de redonner du pouvoir aux femmes, qu’elles puissent prendre leur vie en main. Elles façonnent les jeunes, les leaders de demain. Elles sont le pilier de leur famille. »
Elle explique que le nom Mocassins et Talons hauts viennent représenter sa dualité intérieure, en tant qu’entrepreneure, alors qu’elle ne s’y est pas toujours sentie à sa place. Maintenant, elle se dit fière d’être autochtone, de ses racines et aussi de son éducation québécoise.
Créer des ponts
Un autre point qui anime l’entrepreneure, à travers toutes ses entreprises et projets, est celui de créer des ponts, notamment avec les allochtones. Avec Akua Nature, par exemple, elle fait découvrir les herbes médicinales des Premières Nations et offre des coffrets de découverte culturelle.
Inukshuk Synergie, qui œuvre dans les énergies renouvelables, propose un modèle d’affaires collaboratif avec les communautés Inuit du nord, qui favorise la création d’emplois et l’autonomie des communautés. « Le fonctionnement de mes trois modèles d’affaires est de créer des ponts, une alliance, des partenariats pour nous élever ensemble », précise-t-elle.
La femme d’affaires croit qu’après les événements malheureux ayant fait surface dans l’actualité depuis un an et demi, un sentiment d’ouverture existe des deux côtés. « Il y a eu un éveil des consciences. Ça a changé la perception des gens. […] On ne peut pas se sentir coupables des événements qui ont eu lieu dans le passé. Là où on peut se sentir coupables, c’est de perpétrer des préjugés, de ne pas s’informer. Il faut s’ouvrir à l’autre, travailler ensemble ; un pas à la fois, aller vers les autres. Il faut recréer le lien de confiance, créer des activités de réseautage, de rapprochement. C’est par des projets concrets, comme celui du Cercle Mocassins et Talons hauts, qu’on va y arriver », conclut-elle.