SAGUENAY – Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les dix Zones d’Exploitation Contrôlée (ZEC) génèrent plus de 200 millions de dollars en retombée économique annuellement. Administrées en tant qu’organisme à but non lucratif (OBNL), les ZEC sont indépendantes dans la gestion de leur territoire. Toutefois, elles composent avec des défis communs comme la rentabilité et la cohabitation avec d’autres industries.
« La rentabilité c’est le nerf de la guerre pour les ZEC. Celles-ci ont la responsabilité d’aménager leur territoire afin de faciliter son accès à des activités comme la chasse, la pêche et le plein air. Il ne faut pas oublier que les ZEC sont majoritairement contenues sur les terres publiques, la mission de ces organismes est donc de permettre aux Québécois d’utiliser la forêt puisque c’est un bien commun. Pour ce faire, elles doivent bâtirent certaines infrastructures et promouvoir des secteurs économiques comme le récréotourisme », explique François Garon, directeur général de Réseau ZEC, l’organisme qui fédère les 63 ZEC du Québec.
L’équipe de M. Garon, composée d’agents administratifs, de biologistes et d’ingénieurs forestiers, a le mandat de promouvoir et d’accompagner les OBNL gestionnaires de ZEC dans leurs opérations. « Nous sommes la courroie de transmission entre les besoins de nos membres et l’État. Nous assurons aussi de transmettre les informations nécessaires concernant les subventions gouvernementales. L’accompagnement figure également parmi nos nombreux services. Dernièrement, nous avons aidé plusieurs membres à mettre en place des solutions d’hébergement et l’intégration de nouvelles pratiques comme la pêche blanche et la chasse à l’ours. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos adhérents afin de les amener vers l’autofinancement. Pour ce qui est du Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ), les choses vont plutôt bien. Vous avez de grands espaces et l’endroit est réputé excellent pour la chasse et la pêche.
Une dualité au sein du ministère
Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a la particularité de regrouper sous ses fonctions à la fois la gestion des ZEC et celle de l’industrie forestière. Une particularité qui est problématique à certains égards puisque les deux secteurs d’activités ont des missions opposées. « L’un de nos mandats forts est la conservation de la faune. Peu importe la manière dont les arbres de la forêt sont récoltés, cela a un impact inévitable sur les animaux qui y vivent. Notre tâche de protéger les populations de cerfs, d’orignaux, d’ours, etc. est donc compromise par les activités de la coupe. De plus, le transport du bois représente aussi des enjeux concernant l’accessibilité au territoire. Les véhicules lourds qui manutentionnent la matière ligneuse peuvent endommager des infrastructures comme les ponceaux et les chemins », précise M. Garon.
Toutefois, le directeur général ne s’oppose pas aux travaux forestiers. Conscients qu’il s’agit d’une industrie essentielle dans plusieurs régions du Québec, son équipe et lui travaillent à trouver des solutions afin de mieux cohabiter. « Nous aimerions plus de transparence sur les opérations en forêt effectuées par les entreprises. Il y a des tables de concertation qui existent, mais il y a plusieurs acteurs impliqués et peut-être que la communication pourrait se faire mieux. »
Développer le réseau
Les 63 ZEC recouvrent 48 000 km2 du territoire et en font le plus grand réseau faunique au Québec. Annuellement, ces zones contrôlées génèrent 1,3 milliard de dollars et uniquement pour ce qui est du SLSJ, on calcule près 200 M$ en retombée économique. En 2019, le Réseau ZEC en collaboration avec différents partenaires comme l’Université de Laval, l’Université de Sherbrooke et le MFFP ont brossé un portrait économique de leur activité.
« Cela a permis de révéler qu’au SLSJ nos membres couvraient une superficie de 8650 km2 et rapportaient pour l’industrie récréotouristique plus de 2,3 M$ et pour le secteur de la restauration ainsi que de l’hôtellerie 1,2 M$. Le mot d’ordre pour ma fédération est de poursuivre le développement de notre réseau. »
D’ailleurs de plus en plus de ZEC proposent maintenant des services d’hébergement et quelques-unes sont maintenant ouvertes à l’année. « La forêt n’est pas uniquement réservée à la chasse. Une centaine d’activités y sont possibles et nous devons les mettre en valeur. De plus, les jeunes générations veulent faire du vélo dans les sentiers, faire de la planche à pagaie sur les lacs et parcourir les rivières en kayak. Il faut promouvoir ces sports et en récolter des bénéfices. Une ZEC qui réussit à s’autofinancer devient un organisme capable d’engager des salariés et ainsi mieux protéger son territoire », conclut François Garon.