N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Économie autochtone : une force à découvrir publié dans notre édition du mois de janvier.
SAGUENAY — Si l’entrepreneuriat féminin bénéficie déjà de nombreux leviers, il en est autre chose pour les femmes entrepreneures autochtones. À partir d’une réflexion stratégique de son programme dons et commandites, Hydro-Québec convertira certaines enveloppes pour permettre de soutenir directement l’entrepreneuriat féminin autochtone via la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL) grâce à une enveloppe totale de cinq millions de dollars répartis sur cinq ans.
Au-delà du volet dons et commandites, la société d’État possède une directive d’engagement social depuis plusieurs années. À partir de son département de relation avec les communautés autochtones, des démarches ont été entreprises autour de 2020 pour sonder les différentes communautés autochtones du Québec (sauf celles du Nunavik) pour connaître les différents enjeux prioritaires dans le développement de ces peuples. Rapidement, Kathia Lavoie et Sonia Burgess, respectivement conseillère aux affaires publiques et conseillère relation avec les autochtones, ont identifié le soutien économique des femmes entrepreneures comme un besoin criant.
Un fonds géré par la CDEPNQL
En raison de différentes dispositions de la Loi sur les Indiens, les peuples n’ont pas la même égalité des chances lorsque vient le temps d’avoir accès à du crédit entrepreneurial. C’est pourquoi Hydro-Québec se prépare à injecter plus de 5 M$ sur cinq ans afin de permettre l’essor de l’entrepreneuriat féminin à l’intérieur des communautés. « Avant d’arriver à cette résultante pour appuyer des femmes entrepreneures autochtones, on a fait une démarche de consultation. On ne voulait pas avoir un projet qui ne réponde pas à des besoins. On a consulté 25 intervenants. Des agents gouvernementaux, des femmes entrepreneures. On a cherché à comprendre leur réalité », explique Kathia Lavoie.
Sa collègue, Sonia Burgess, explique de son côté que le programme sera administré par la CDEPNQL puisqu’Hydro-Québec n’a pas la volonté de se substituer à des organismes clés déjà présents au sein des localités autochtones. « Nous avons constaté que l’accès au financement était plus difficile pour les plus petits projets, soit ceux nécessitant un financement de moins de 20 000 $. Quelqu’un qui veut ouvrir un salon de coiffure, c’est plus difficile considérant l’enjeu des maisons en réserve qui ne peuvent être placées en garantie de finance en raison de la loi fédérale. On s’est dit qu’avec la CDEPNQL pour accorder du financement, du mentorat et développement du réseautage, ça permettrait de contribuer à l’essor économique des collectivités. Et qui sait, d’agir comme levier dans la construction d’infrastructures à vocation commerciale, car il s’agit aussi d’un besoin dans les localités autochtones », indique celle qui est en relation avec eux depuis plusieurs années.
Le financement, le nerf de la guerre
Pour les autochtones qui se trouvent bien souvent en milieu éloigné, le financement se veut souvent l’opportunité unique de se démarquer sur le territoire. Sans levier financier, il serait plus difficile pour eux d’aller de l’avant dans certains projets. « Nous avons constaté que nous avions affaire à des femmes qui sont en milieu généralement éloigné. Avoir accès à un site web pour développer leurs affaires peut être un outil important, mais coûteux. La CDEPNQL travaillait déjà avec elles à ce chapitre. Notre fonds leur apporte donc plus de possibilités et surtout, l’opportunité de faire grandir leur équipe pour accompagner les entrepreneures. En marge de tout cela, la CDEPNQL travaillait sur l’initiative de l’ours, une idée que nous avons décidé de soutenir puisqu’il s’agit d’une façon concrète de faire la promotion de l’économie des Premières Nations », concluent les deux collègues.
Pour lors, le nouveau fonds en entrepreneuriat féminin autochtone doit recevoir l’aval du gouvernement du Québec, ce qui devrait être fait d’ici les prochains mois. À partir de ce moment, les entrepreneures intéressées, qu’elles se trouvent à l’intérieur ou l’extérieur d’une réserve, pourront obtenir l’aide de la CDEPNQL dans le développement de leurs projets entrepreneuriaux.