Auteur

Carol Néron

Au cours de la prochaine décennie, 90 000 entreprises québécoises seront à la recherche d'un repreneur. Cette réalité dont vient de faire état Marie-Hélène Nolet, cheffe de l'exploitation chez Desjardins Capital lors de son récent passage dans la région, est inquiétante même si tous, à l'exception du chiffre effarant évoqué, s'y attendaient un peu.

Le Québec inc. de la décennie 90 n'échappe pas au vieillissement de la population. Présentement, 50 % des propriétaires de PME du Québec ont 55 ans et plus. Selon Desjardins Capital, seulement 10 % d'entre eux disposent d'un plan de relève. Le phénomène est généralisé. Cette nouvelle réalité a fait l'objet, ces dernières années, de nombreuses études. L'Institut de recherche sur les PME de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est particulièrement actif dans ce domaine. Divers organismes passent également à l'action dans le cadre d'actions communes. C'est le cas du Centre de transfert d'entreprise du Québec (CTEQ) et de la Commission de développement économique des Premières nations du Québec (CDEPNL). Tous deux viennent de créer un partenariat destiné à faciliter le repreneuriat auprès des jeunes entrepreneurs intéressés par le transfert d'entreprises (nos lecteurs pourront prendre connaissance d'un article traitant de ce sujet dans la présente édition).

Une réflexion nécessaire

Selon Desjardins Capital, si l'on considère qu'un plan de relève peut prendre jusqu'à cinq années avant d'être effectif, il est important de sensibiliser un entrepreneur qui songe à se retirer des affaires à se lancer dès à présent. Cette précaution prend d'ailleurs tout son sens s'il veut maintenir en région la propriété de son entreprise et encore plus faire en sorte qu'elle reste dans le giron familial ou celui de ses proches associés. Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, suggère l'adage populaire. L'une des règles de base régissant nos différents écosystèmes économiques peut se définir de la façon la plus simple qui soit, à savoir que le propriétaire d'une petite épicerie est aussi important dans son milieu que le PDG d'une PME de 100 ou de 1000 employés ; tout est affaire de perspective. Le premier joue un rôle aussi déterminant dans sa modeste municipalité que le second, par exemple, qui connaît du succès à l'échelle régionale ou au-delà. Autre caractéristique commune, les deux font face à la même nécessité qui consiste à bien préparer leur départ à la retraite pour que survive l'entreprise à laquelle ils ont consacré toute leur vie. Sinon, celle-ci pourrait voir son avenir dangereusement compromis ainsi, d'ailleurs, que l'économie de la collectivité dans laquelle elle s'est développée.

Dévitalisation

Dans notre région, le nombre de municipalités rurales aux prises avec la fermeture de leurs commerces de proximité, faute d'un repreneur, est en augmentation. Ainsi privées des outils essentiels à leur développement économique, des communautés rurales se dévitalisent lentement mais sûrement. Le gouvernement québécois vient d'annoncer qu'il consacrera plus de 400 millions $ afin de faciliter le transfert d'entreprises dans des municipalités rurales confrontées à cet enjeu.

Aucun entrepreneur n'est à l'abri

Le fait d'être établi dans une ville de moyenne ou de plus grande importance ne met pas le propriétaire d'une PME comptant plus de 10 ou 20 employés à l'abri des dangers imputables à un départ à la retraite qu'il aura mal planifié. C'est que, dans l'état actuel de l'économie, la plus petite des erreurs ou le moindre oubli se paye très cher. " Au cours des trois dernières années, rappelle avec justesse Desjardins Capital, les entreprises ont eu à traverser une pandémie, une reprise économique effrénée, des difficultés avec les chaînes d'approvisionnement, une pénurie de main d'oeuvre et un contexte géopolitique incertain. C'est difficile dans un tel contexte de turbulences de prendre un pas de recul pour réfléchir au futur de son entreprise. La période actuelle est plus propice pour avoir ce genre de réflexion ".

Un conseil, forcément, qu'il serait fort sage de suivre…

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