Le décès récent d’Yvon Pedneault, analyste influent au Journal de Montréal et à TVA Sports, a été l’occasion de revenir brièvement sur la grande époque du « Blueberry Power » alors que la diaspora des Bleuets, de la fin des années 60 au début de la décennie 90, signalait régulièrement sa présence à partir de sa principale place forte de Montréal.
Si le phénomène était surtout visible dans l’actualité sportive et l’industrie du spectacle, il se faisait plus discret dans le monde des affaires et de la politique, toutefois, sa présence comme son influence y demeuraient tout aussi remarquables. C’est seulement vers le début de la décennie 90, avec l’arrivé de Charles Sirois (Telesystem–National Pagette–Bell Cellulaire), Serge Godin (CGI) et Alain Bouchard (Alimentation Couche-Tard), dont les fortunes personnelles se chiffrent aujourd’hui en milliards de dollars, que le « Blueberry Power » a vraiment commencé à faire parler de lui dans la presse québécoise et internationale. Charles Sirois est né à Chicoutimi ; son père, Simon, a fondé Sitelco dans les années 70. Alain Bouchard a ses racines également à Chicoutimi. Serge Godin est originaire de Shipshaw et sa multinationale, CGI, a toujours une place d’affaires à Saguenay.
Spectacle, Sport, Politique
Réjean Tremblay (La Presse), Bertrand Raymond (Montréal-Matin) et Yvon Pedneault, ont débuté leur carrière au Progrès-Dimanche. Réjean Tremblay a même ajouté de la valeur à la sienne en devenant le co-auteur, avec Fabienne Larouche (native de Saint-André, au Lac-Saint-Jean) d’une télésérie parmi les plus regardées de l’histoire de la télévision québécoise, « Lance et Compte ».
Le « Blueberry Power » était omniprésent dans le monde du spectacle montréalais et il l’est toujours. Il aura fallu, malheureusement, un autre décès, celui du comédien et acteur Michel Côté, originaire d’Alma, pour nous le rappeler. Michel Barrette et Dany Turcotte, le premier né à Chicoutimi, le second à Jonquière, sont encore actifs dans la grande industrie québécoise du spectacle et de la musique avec, d’ailleurs, les chanteurs Pierre Lapointe (Alma) et Mario Pelchat (Roberval), pour ne nommer que ceux-là.
Sur le plan politique, le Bleuet de la diaspora le plus célèbre est sans aucun doute Lucien Bouchard, natif de Saint-Cœur-de-Marie, au Lac-Saint-Jean. De ministre dans le cabinet de Brian Mulroney à fondateur du Bloc Québécois et premier ministre du Québec à l’issue du référendum de 1995, l’avocat, autrefois membre du cabinet Cain, Lamarre, Wells, de Chicoutimi, est lui aussi toujours actif.
Il faut à présent parler au passé du « Blueberry Power » et de la grande influence qu’il a exercé jusqu’à une période récente au bénéfice du Saguenay–Lac-Saint-Jean dans tous les domaines de l’économie. Sans sa présence à certains moments cruciaux de notre histoire régionale, de grands projets comme la construction de la route 175 entre Saguenay et Québec n’auraient sans doute pu être réalisés.
La fin d’une épopée
La diaspora des Bleuets est encore tout aussi importante dans tous les secteurs de l’économie québécoise. Elle rayonne même dans le domaine de la finance internationale. Ses réussites sont spectaculaires mais son influence au profit de la région semble s’être fortement diluée avec le temps. Il faut croire que trop peu de ses membres sont sollicités parce que devenus inaccessibles pour toutes sortes de raisons. Il ne faut pas leur en vouloir. Dans tous les cas, ça tombe cependant plutôt mal, car la région aurait bien besoin d’un coup de pouce ces temps-ci, autre que politique, afin d’assurer ses entrées dans des lieux difficiles à atteindre et porteurs de grands investissements privés. Le « Blueberry Power », tel qu’il était dans sa première mouture, s’est d’ores et déjà taillé une place dans le grand livre de notre histoire régionale. Or, il se trouve que cette présence est seulement mentionnée dans les notes de bas de page, alors qu’au moins un chapitre entier, sinon davantage, devraient lui être consacré.