N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Agriculture et agroalimentaire : cultiver l'avenir de la région, publié dans notre édition du mois de juillet.

SAGUENAY – La mise en marché collective est devenue une stratégie essentielle, voire incontournable, dans certains secteurs de la production agricole. Étienne Barrette, éleveur de bovins, mentionne que collaborer est toujours plus bénéfique que de travailler seul. C’est pourquoi selon lui, ce modèle ne peut pas être considéré comme un désavantage. 

« Fondamentalement, nous sommes des producteurs ! Nous adorons travailler la terre, mais nous ne sommes pas toujours ceux qui disposent du temps, de l’intérêt et des compétences nécessaires pour gérer la commercialisation. La mise en marché collective nous permet de travailler en équipe et offre de nombreux autres avantages pour le secteur agricole », affirme M. Barette.

À propos

La mise en marché se base sur deux modèles principaux : les plans conjoints et les agences de ventes. Les plans conjoints sont des outils réglementaires qui interviennent, par exemple, sur les volumes, le financement pour la promotion ou la recherche.

En parallèle, les agences de ventes permettent aux producteurs de déléguer la commercialisation de leurs produits aux syndicats de production, les déchargeant ainsi de cette responsabilité.

« Chaque fois qu’un producteur laitier met en marché un litre de lait, une organisation a travaillé en arrière-plan pour s’occuper de la mise en marché. Concernant l’industrie du sirop d’érable, elle fonctionnait en libre marché jusqu’au début des années 2000, ce qui l’a conduit à des surplus de marchandises considérables sans rentabilité. Les producteurs ont donc décidé d’ajouter à leur stratégie un plan conjoint et une agence de vente pour mieux se structurer et éviter les grandes variations de mise en marché et de prix », ajoute-t-il.

Avantage d’un modèle collectif

Selon l’éleveur de bovins, le modèle collectif offre de nombreux avantages, notamment la stabilité financière et le temps gagné, qui permet aux agriculteurs de se concentrer davantage sur leurs terres.

De plus, les producteurs qui souhaitent étendre leur offre à travers le pays, voire à l’international, ont besoin de personnes qualifiées en commercialisation pour soutenir leur vision.

« La mise en marché collective évite l’oligopole et permet une diversification des produits sur les tablettes. Si le marché fonctionnait en libre marché, nos terres seraient plus vides et les retombées économiques iraient dans les mêmes poches. Ce qui est également intéressant dans cette méthode, c’est la notion de développement et de coordination des productions. Être une bonne voie de transmission dans un écosystème est crucial, sinon cela devient rapidement chaotique. »

Régie par la loi

Cette stratégie est encadrée par la loi sur la mise en marché des produits agricoles, qui joue un rôle d’arbitre au sein de l’agriculture. Étienne Barette souligne toutefois que la réglementation sur la mise en marché collective mérite d’être réexaminée, bien que la plupart des informations restent encore pertinentes aujourd’hui.

« Évidemment, tout ce qui perdure nécessite d’être revisité et rafraîchi après un certain moment. En même temps, il faut être prudent. Aujourd’hui, les réseaux sociaux offrent une plateforme où tout le monde peut s’exprimer, mais cela ne signifie pas que toutes les opinions sont uniformes. Il est essentiel de mettre à jour certains règlements, en y mettant du temps et de la réflexion », déclare-t-il.

Monsieur Barette prévoit que la mise en marché collective gagnera en importance dans les prochaines années au sein du milieu agricole, bénéficiant tant aux producteurs qu’aux consommateurs.

« Je constate que la plupart des mises en marché collectives ont favorisé la progression des entreprises, ce qui conduit à croire que ce modèle va se développer davantage dans les années à venir. Nous observons que d’autres pays envient nos modèles, nos terres, nos infrastructures et notre expertise, ce qui renforce notre volonté d’être des pionniers et un exemple pour les autres. »