SAGUENAY – Le secteur agricole, crucial pour l'économie et la sécurité alimentaire du Québec, se retrouve à un carrefour décisif. Malgré les affirmations des gouvernements quant à son importance, les programmes de subventions actuels ne suffisent plus à répondre aux défis croissants des agriculteurs. Entre endettement accru, coût élevé des intrants et nécessité d'investissements massifs pour rester compétitifs, l'appel à une aide gouvernementale renforcée se fait de plus en plus pressant.

Le budget de l'agriculture au niveau provincial n'a pas évolué en vingt ans, stagnant à environ un pour cent du budget global, selon Joanie V Tremblay, Directrice des communications et vie syndicale, rapportant les propos véhiculés par les agriculteurs que représentent l'Union des producteurs agricoles.. Cette stagnation survient malgré les besoins grandissants et les défis multiples auxquels font face les agriculteurs. Les programmes de subventions fédéraux et provinciaux, eux, ont subi des coupes significatives ces dernières années, réduisant l'accès à des fonds essentiels pour les producteurs agricoles.

Un appel à transformer certains programmes

Certaines initiatives ont été abandonnées ou sont en voie de disparition, tandis que celles qui persistent ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques des agriculteurs, comme l'explique Pierre-Olivier Dallaire, Directeur du service de comptabilité et fiscalité UPA (SCF Conseils). En effet, bien que des programmes spéciaux existent pour inciter à l'investissement, notamment via le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) et la Financière agricole, ceux-ci présentent des risques importants de surendettement. Les subventions couvrent partiellement les investissements, mais elles sont souvent accompagnées de prêts, augmentant ainsi le fardeau financier des agriculteurs. "Il y a un réel danger que cette dette supplémentaire mette en péril la viabilité des exploitations agricoles ", rappelle-t-il.

L'importance de l'agriculture ne se limite pas à la production alimentaire; elle soutient un écosystème économique régional vital. La fermeture de fermes entraîne des répercussions directes sur les taxes locales, les programmes publics et les fournisseurs de services. La fragilisation de cet écosystème pourrait avoir des conséquences de grande envergure sur l'économie régionale, rappelle Joanie V Tremblay. "Si des fermes cessent leurs activités, cela a un impact direct sur les taxes locales, les programmes publics et les fournisseurs de services tels que les vendeurs de machinerie, les comptables et les agronomes, notamment. C'est tout un écosystème qui est fragilisé" explique-t-elle.

Encourager davantage l'innovation

Mentionnons également que les agriculteurs ne bénéficient pas directement de nombreuses subventions, celles-ci étant souvent dirigées vers les fournisseurs de services. Pierre-Olivier Dallaire croit qu'il serait nécessaire que les mesures soient bien ciblées pour que le producteur lui-même puisse utiliser ces fonds pour ses investissements. Cette réorientation des fonds permettrait aux producteurs d'avoir une marge de manœuvre plus grande pour leurs investissements et d'assurer la pérennité de leurs exploitations.

Un autre problème soulevé est la stagnation des programmes de soutien au développement et à l'investissement. Bien que des efforts soient faits pour maintenir les prix plancher, peu d'initiatives encouragent le développement et l'innovation au sein des entreprises agricoles. Les agriculteurs doivent également faire face à des normes de production de plus en plus strictes, nécessitant des investissements constants en technologie et en infrastructures. Cela crée une pression supplémentaire sur les producteurs, qui doivent continuellement adapter leurs pratiques pour répondre aux exigences réglementaires.

"Nous voyons beaucoup de soutien pour maintenir les prix plancher, mais peu pour encourager le développement et l'innovation au sein des entreprises agricoles," note la directrice des communications et de la vie syndicale.